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NEW WAVE / COLD ELECTRO  |  STUDIO

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1978 Tubeway Army
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1981 Living Ornaments 81

Gary NUMAN - The Pleasure Principle (1979)
Par PSYCHODIVER le 6 Juin 2024          Consultée 640 fois

On ne le dira jamais assez : succéder à un chef-d'œuvre n'est pas tâche aisée. Gary NUMAN en sait quelque chose. Quelques mois seulement après la réussite artistique majeure de son immense Replicas, la TUBEWAY ARMY n'existe plus. Jess Lidyard a pris sa retraite anticipée et seul le fidèle camarade Paul Gardiner reste à son poste. De nouveaux musiciens se sont ajoutés. À la batterie, arrive le vétéran sud-africain Cedric Sharpley, apparu lors des performances télévisées de la TUBEWAY ARMY. Il ignorait encore qu'il allait seconder Gary dans ses aventures jusque dans les années 90. Le copain/rival Billy Currie apporte sa contribution temporaire entre sa gestion d'un ULTRAVOX décapité et sa présence régulière au Blitz Club de Steve Strange avec qui il assoit la réputation de VISAGE. Et puisque l'on parle de VISAGE, le multi- instrumentiste Chris Payne, l'homme bientôt à l'origine de l'intemporel "Fade To Grey", s'ajoute à la défunte milice. Gary s'impose officiellement comme le seul décideur. Ce qui l'arrange, lui qui l'était dès l'origine du groupe. Et sa première décision en tant que leader incontesté (mais sans doute sous influence, comme nous le verrons un peu plus bas) sera des plus audacieuses : zéro guitare sur l'album suivant.

Certains me reprocheront sans doute mes propos au vitriol contre Blade Runner, tenus précédemment lors de l'étude de Replicas. Primo, je les assume pleinement, ma cinéphilie n'obéissant pas aux diktats du 'milieu'. Secundo, si je m'en suis pris au long-métrage dans son fond, je me suis abstenu de commenter sa bande originale. N'en demeure pas moins que le choix de VANGELIS, professionnel des mélodies éthérées et souvent lumineuses, relevait de l'imbécilité cosmique et que son association aux visuels sales, glauques et putréfiés de Scott demeure une faute de goût intégrale. Me concernant, la purge du frangin Scott aurait obtenu ma satisfaction partielle si l'enrobage musical avait emprunté à l'électronique dense, mécanique, en apparence respirable (en réalité hautement radioactive, même si l'Oberheim de Jaz Coleman n'y est pour rien) telle que déployée sur The Pleasure Principle. Sans doute parce qu'elle correspond en tout point au monde aride, gris et en voie de déshumanisation (extinction) tel que dépeint par Philip K DICK dans ses écrits les plus réputés, Les Androïdes Rêvent-Ils De Moutons Électriques en premier. La légende de la critique US Pauline Kael qualifiait à juste titre Blade Runner de film n'ayant pas été pensé en termes humains. Je pourrais dire à peu près la même chose de cette suite directe à Replicas, sorte de "Fallout" transposé à La Défense où plutôt à La City (musique rosbif oblige). Là où le chef-d'œuvre précédent évoquait le futur robotique du monde du point de vue d'un narrateur humain, il sera question ici du point de vue de l'être mécanique.

Gary est un interprète complet. Il n'est jamais aussi doué que lorsqu'il se met dans la peau d'un paranoïaque comme dans celle d'une machine. Et sur The Pleasure Principle, elles sont reines. Dès la rigidité obsédante et l'aura glaciale de "Metal", c'en est fini du genre humain. Et le clip demeure sans équivoque. Si Gary s'adresse à vous tout en vous pointant du doigt, ce n'est pas pour vous inciter à remuer votre carcasse sur "One Step Beyond". Le message traduit à l'emporte-pièce donne ceci : "À tous les organiques, c'est nous k'on a débarqué ici, c'est vous k'on va mettre dehors." Un processus de nettoyage du vivant qui trouve son apogée au fil d'une "Conversation" que je n'ai jamais su apprécier en raison du mixage de la voix de Gary limite anarchique/noisy et la longueur du titre qui s'essouffle dès la moitié de sa durée. Clairement le défaut dans la cuirasse du disque.
Vous l'avez compris, ma préférence va vers les pistes les plus aériennes et intimistes. Chez l'ami NUMAN, il y a un cœur qui bat en chaque androïdes. La brève mais captivante montée en puissance de la trop sous-estimée "Tracks" et la mélancolie de "Complex" sont autant de grands moments de romantisme électroniques où les moog rencontrent les cordes. Mon coup de coeur se porte sans hésiter sur la superbe et désabusée "M.E", dernières volontés d'un androïde errant sur une Terre décimée et vitrifiée par Oppenheimer et sa clique.

Mais si la musique de Mister NUMAN respire toujours l'avant-gardisme, elle semble cette fois-ci ne pas chercher à dissimuler ses modèles. Le fait est que The Pleasure Principle m'a toujours paru bien moins personnel que les deux volets estampillés TUBEWAY ARMY et les opus à venir jusqu'au milieu des 80's. Aussi, la présence de Billy Currie donne du grain à moudre aux détracteurs du robot, en général dévoués corps et âme à ULTRAVOX et pour qui NUMAN est un plagiaire de première. L'empreinte du krautrock est plutôt profonde sur cet album qui lorgne inévitablement sur KRAFTWERK (là où Replicas faisait mieux que les quatre de Düsseldorf) et laisse même suggérer l'influence de NEU!, notamment sur la non moins irréprochable et entraînante ouverture "Airlane", petite sœur cachée d'un certain "Isi" (énième preuve que la formule batterie motorik + claviers est hors-du-temps). Enfin, la présence du duo Currie/Payne achève d'ancrer The Pleasure Principle dans la galaxie Blitz Club. Ajoutons à cela la composition mouvementée de "Fade To Grey" (selon certaines sources, initialement destinée à Gary qui n'en aurait pas voulu) sur laquelle officient Currie, Payne et Sharpley, on comprend pourquoi certains, dont votre serviteur, ont l'impression d'écouter un album de VISAGE plus que de l'ex-leader de la TUBEWAY ARMY. Est-ce d'ailleurs un hasard si Gary, à défaut de cracher sur les néo-romantiques, sera assassin concernant Steve Strange (qualifiant l'intéressé de fausse valeur et de petit businessman qui ne joue pas d'instrument et relègue l'écriture des chansons à son armée de nègres) ?

Je n'ai toujours pas parlé de "Cars" ? Son importance dans le paysage new-wave est pourtant des plus considérables. Inspiré à Gary par des scènes de chaos urbains auxquelles il a assisté depuis sa voiture et par une lecture (on suppose enrichissante) du Crash de J-J BALLARD (c'est fou le nombre de tubes conçus à partir de ce qui reste l'un des romans les plus trash de sa génération*), ce titre peut se targuer d'avoir inauguré une lignée entière de hits artificiels conçus autour d'un riff au synthé si mémorable qu'il se transforme instantanément en gimmick. "Seconds" de THE HUMAN LEAGUE, "Don't Go" de YAZOO, "Everything Counts" du MODE, même "Take On Me" de A HA. Tous ont "Cars" (et "Electricity" d'O.M.D) comme ancêtres communs.

Disons le tout net : l'album fait un véritable carton. Numéro 1 des ventes en Angleterre. Les clips de "Metal" et "Cars" passent en boucle. Gary peine à réaliser qu'il entre ici de plein fouet dans le showbiz. Tournées monstrueuses (immortalisées par les fameux Living Ornaments), assauts réguliers des charognards et autres nuisibles de la presse. L'année 79 ne fut pas de tout repos pour les rescapés de la TUBEWAY ARMY. Entre annexion à des modes, direction artistique incertaine et conflits existentiels sur fond de spirales de succès, The Pleasure Principle demeure l'album le plus iconique de son concepteur, à défaut d'en être le plus accompli. Des quatres excellents albums parus entre 1978-1980 et correspondant à l'âge d'or de Gary, c'est ce disque à l'effigie du costard-cravate à la pyramide rouge qui revient le moins souvent dans les écoutes de votre serviteur. Le 33-tours suivant, moins estimé car justement très personnel, célébre le véritable triomphe solo de Gary.

* D'autant qu'il n'y a pas que Crash dans la vie. "La Forêt De Cristal", "IGH", "L'Île De Béton" et "Vermilion Sands" sont tellement plus marquants et cruciaux.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan (chant, claviers)
- Paul Gardiner (basse)
- Chris Payne (claviers)
- Billy Currie (violon)
- Cedric Sharpley (batterie)


1. Airlane
2. Metal
3. Complex
4. Films
5. M.e
6. Tracks
7. Observer
8. Conversation
9. Cars
10. Engineers



             



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