Manuel MERLOT a évolué dans les années 90 et 2000 comme chanteur du groupe de reggae BAOBAB avec lequel il a enregistré quatre albums, avant de se lancer dans une carrière solo.
Son premier album, Chansons d'amour... et de haine, paru en 2008 est un petit bijou de chansons françaises matinées de colorations Reggae et World Music. Un écrin qui comporte de très belles perles : "Mon flingue", "Ca va, ça vient".
Il a alors alterné des disques pour enfants avec des albums 'plus classiques'. Mais cela faisait de nombreuses années que nous n’avions plus eu de ses nouvelles.

C’est dire si l’annonce de La Marseillaise m’a réjouit (d’autant plus que, comme s’il était pris d’une fringale discographique, il nous revient en avril 2024 avec un autre projet : Nouveaux voisins)
dont le titre fait référence au fait que celui-ci a été en grande partie réalisé à Marseille et Port de Bouc.
Si l’artiste s’est entouré de personnes de talents, notamment The HANDCART, un backing-band orienté Reggae et les excellents BOOBOOZZZALLSTARS, un groupe de reprise de standards à la sauce Reggae, il possède toujours cette belle voix, tout en finesse et en charme comme le démontre "Mourir", avec une diction qui rend la compréhension de ses textes très facile et agréable.
Il en résulte une rondeur et un charme omniprésent comme en témoigne "Nous dormirons ensemble", une reprise tout en douceur et en délicatesse, du poème d’ARAGON popularisé par Jean FERRAT. C’est sirupeux, juste ce qu’il faut pour ne pas sombrer dans la vulgarité ou la mièvrerie, et pour nous charmer totalement. Même avec "Si j’te manque", qui possède un petit côté qui fait penser au groupe IL ETAIT UNE FOIS, MERLOT parvient à se montrer intéressant et séduisant. On le voit, le bonhomme possède vraiment le don de se montrer tout à la fois accessible et très intéressant et charmeur.
Les arrangements et l’orchestration s’apparentent à de l’orfèvrerie. Il suffit de se pencher sur "Tic Tac" pour s’en convaincre. L’osmose entre le chant, les instruments et les chœurs est de tout premier ordre, aucune piste n’empiétant sur les autres, et chaque intervenant supportant et valorisant les autres musiciens.
Même si nous sommes ici majoritairement dans des styles qui oscillent entre variété et Chanson française, les origines Reggae de MERLOT restent bien présentes, notamment au niveau des rythmiques. Mais ces racines surgissent parfois de manière plus prégnante au détour de "Mister Danger" ou de "Chez moi". Ce dernier morceau lorgnant également vers des ambiances caribéennes.
La qualité des compositions et de l’interprétation est telle que l’écoute de cet album se fait avec une fluidité et un plaisir sans faille, la variété des styles proposés, ou plutôt visités, Cajun, Reggae, Piano bar, Chanson française…, ne faisant que rendre l’ensemble encore plus attrayant et captivant.

Vraiment, un très beau retour dans le monde des adultes avec cet excellent disque à même de plaire à un très large public.