Max WEINBERG, dit 'Mighty Max' ; qu'il ait porté ce surnom avant ou après la création du jouet-phénomène des années 90 n'a pas d'importance puisqu'il était là bien avant et lui a survécu ! Ce batteur parmi les plus grands du rock, ainsi honoré depuis qu'il a mis le pied au sein du E STREET BAND, voit le jour à Newark, métropole collée à New York sur le côté ouest, où s'arrête le train 'pendulaire' (dans les virages il s'incline) qui descend de Nouvelle-Angleterre. Un Jersey boy donc, comme la plupart de ses compères. Fils d'une prof de sport en études secondaires et d'un avocat spécialisé dans les colonies de vacances - milieu dans lequel il a d'ailleurs côtoyé le célèbre auteur Philip Roth, lui aussi natif du New Jersey, au début des années 50 - Max WEINBERG débute sa vie de musicien professionnel à 7 ans. À Millburn, ville voisine de Newark, il joue un soir "When the Saints Go Marching In" avec un groupe adulte de bal, dont le leader décide ensuite de l'embaucher pour les concerts suivants et une paie symbolique de 50 cents ou 1 dollar. Plus tard, après le lycée où il a continué de se faire des sous (plus d'une centaine de dollars par semaine cette fois), il intègre le groupe hard-rock BLACKSTONE dont il est encore le plus jeune (19 ans), avec un album à la clé l'année suivante en 71. Retourné à l'université par la suite, il répond fin 1974 à une annonce pour recherche de batteur 'qui ne cherche pas à être le nouveau Ginger Baker' et le premier coup de téléphone qu'il reçoit d'un certain Bruce SPRINGSTEEN, c'est pour entrer au sein du E STREET BAND. Il fait donc suite à Vini 'Mad Dog' Lopez, membre fondateur, et au plus épisodique Ernest 'Boom' Carter. Sur l'album à paraître, Born to Run, seule la chanson-titre n'est pas jouée par Max.

Notre batteur au nom germanophone est ainsi propulsé au firmament du rock comme tous ceux de la bande à laquelle il restera fidèle, du même amour que lui rendra le public. Posté derrière les autres, le son de ses coups semblent n'en être que plus gigantesque. 'Mighty Max' est le pilier central du E STREET BAND, pour le meilleur et pour le encore meilleur, formant un duo efficace avec le faussement discret bassiste Garry Tallent. En studio, cela se savoure depuis "Thunder Road" (une sacrée chanson d'entrée, tout comme pour le pianiste Roy Bittan arrivé en même temps) jusqu'à "Burnin' Train" en passant par "Born in the U.S.A.", et Bruce n'a qu'à lever un doigt sur scène pour lui faire comprendre ce qu'il veut entendre, en plus de ce qu'il fait déjà. De plus, pour faire un anachronisme, l'après (et avant) E STREET BAND (en sommeil alors) au début des années 90 et pour sept ans, va le faire devenir une star des plateaux-télé bien à l'américaine. Et chez les WEINBERG, on a la frappe dans le sang : son fils Jay le remplace pour partie de la tournée 2009 de la bande reformée depuis dix ans, avant d'intégrer le groupe nu-metal SLIPKNOT pour quelques années, suivi d'INFECTIOUS GROOVES plus récemment. Mais nous n'en sommes pas encore là.

En 1991, Max WEINBERG a fait un bref retour dans les études avant de revenir aux sessions musicales. En plus du Boss, dans son CV il a tout de même plusieurs opus de MEAT LOAF (idem pour Roy Bittan d'ailleurs) dont Bat Out of Hell (1977), cinquième plus grosse vente disques de l'histoire, et des albums pour SOUTHSIDE JOHNNY, Barbra STREISAND, Bonnie TYLER, Carole KING... Sans oublier Darlene LOVE qui, pour la B.O de Maman J'ai Raté l'Avion 2, réunit presque tout l'ex/futur E STREET BAND le temps d'une chanson de Noël ("All Alone for Christmas"), dont notre Max. En cette année 91, il intègre le groupe KILLER JOE dont la durée de vie n'excède pas un album, Scene of the Crime, fait de reprises swing et rhythm'n'blues en grande partie et avec un style hétéroclite. Il est d'ailleurs précédé d'un 45-tours dont la face B est "Busted", une chanson blues des ISLEY BROTHERS, interprétée par le guitariste Jimmy Vivino, un des futurs accompagnateurs de WEINBERG à la télé et ailleurs à l'instar d'autres musiciens de KILLER JOE, mais nous y reviendrons. Le single, sans doute pour booster les ventes de l'album en attente, est signé MIGHTY MAX & FRIENDS, mais seule la face A permet, sur le plan musical, de vraiment justifier cela. Face A qui, d'ailleurs, a aussi pour elle seule ses propres sorties en cassette et CD.

Il s'agit de "Signal on Summer Hill", un morceau dont vous avez déjà croisé le nom si vous avez lu la chronique de Rescue (1983), premier album solo du saxophoniste du E STREET BAND, Clarence Clemons, avec son propre groupe les RED BANK ROCKERS, dont elle constitue un bonus CD, sachant qu'elle était déjà parue en face B de 45-tours là par contre. Cette composition inachevée de Bruce 'The Boss' SPRINGSTEEN (qui est également à l'origine du morceau "Scene of the Crime" sur l'album de KILLER JOE), laissée de côté en 1983 au moment de l'album Born in the U.S.A. donc 'perdue', a donc connu le privilège de deux reprises par deux membres différents du E STREET BAND. On se souvient de celle de Clemons, jolie et pas si axée sur le sax, avec un orgue et une basse très présents dès le départ, une fin avec des sons cristallins. Notons que la durée atteignait déjà facilement les cinq minutes.

Celle de MIGHTY MAX & FRIENDS est un peu différente et meilleure, pas seulement pour son effectif de dingue. Joe Delia, pianiste-organiste de KILLER JOE (et futur compositeur de BO's de films), signe les arrangements de cordes tandis que Jerry Vivino, frère de Jimmy et saxophoniste, s'occupe des cuivres. L'orchestre de chambre St Luke's enrichit la palette sonore, mené par Liz Mann à la flûte. Maintenant, tenez-vous bien et visez un peu les 'friends' de WEINBERG pour ce seul morceau dans l'album de KILLER JOE, ou presque : Benmont Tench (claviériste de Tom PETTY & THE HEARTBREAKERS), Branford Marsalis pour un saxophone moins rugueux et voyant que celui du 'Big Man' Clemons, Jon BON JOVI à la guitare acoustique audible dès le début élégant avec ses beaux arpèges sur fond de cordes, Steve Van Zandt/LITTLE STEVEN (plus vieil ami du Boss, ex et futur E STREET BAND lui aussi) pour des parties de guitare baryton quand Might Max rentre, ensuite pour un solo de 'normale' suivant le sax. Et, last but not least, sur cette ballade toujours sans paroles mais cette fois pas sans voix : ce pont-surprise qui introduit messieurs les BEACH BOYS !
Le résultat au son clair (mixé par Bob Clearmountain, habitué du Boss là encore), tout à fait digne d'une grande B.O léchée de film puisqu'on en parlait, est à la hauteur de ce beau monde. Un 'all-star' instrumental et discret qui sonne comme un single caritatif et pour cause, il devait servir à récolter des bénéfices au profit de l'association Big Brothers Big Sisters qui, en Amérique, aide les jeunes en difficulté dès l'âge de cinq ans et les ados/jeunes adultes à construire leur avenir. Notez tout de même que le CD du single n'est qu'un objet promo, interdit à la vente !