L’Arbre Verre est le premier album du guitariste Didier BONIN, représentant de la frange obscure du rock progressif français. Ce musicien de talent reste par trop méconnu encore aujourd’hui, et son premier album n’a même jamais bénéficié d’une réédition.

Cette suite d’une demi-heure, centrée sur les guitares, exsude une atmosphère champêtre qu’illustre bien la superbe pochette. L’Arbre Verre est construit en thèmes successifs. La face A est marquée par quatre thèmes principaux, assez riches en contrastes, pouvant faire penser à du GENESIS – le jeu de guitare de Didier BONIN rappelle celui d’Anthony PHILLIPS à la guitare acoustique sur Nursery Cryme (1971). Les guitares, nettement partagées entre parties rythmiques et mélodiques, sont égayées de chœurs planants sans paroles, parfois de batterie sur les passages les plus vifs. Les mélodies sont vraiment réussies, qu’elles soient rythmiques ou contemplatives. Le premier thème est une ballade combinant habilement des nomenclatures en 4 et 5 temps, avec une unique accélération, hélas trop brève. Le deuxième thème continue sur cette lancée, avec une mélodie plus simple. Le troisième change d’ambiance au profit d’une instrumentation plus rythmée et le quatrième conclut la face A sur une touche planante. Le tout reste plutôt cohérent.

La face B est problématique. Elle est constituée de nombreux thèmes courts et disparates, l’ensemble s’enchainant plus ou moins tout en voguant du coq à l’âne, malgré une brève résurgence du premier thème de la face A. Les compositions en elles-mêmes sont sympathiques, en particulier un petit thème façon musique hawaïenne, un autre avec chœurs ou le tout dernier mettant en valeur les harmoniques de la guitare, mais tout cela sent les idées laissées en friche. Par ailleurs, le long de l’album, quelques passages, tels que le troisième mouvement de la face A et plusieurs moments de la face B, présentent une spatialisation moindre, comme si l’album avait été enregistré successivement avec plusieurs matériels d’enregistrement différents.

Homogène dans son style mais déséquilibré dans sa structure, L’Arbre Verre n’en est pas moins une œuvre charmante et apaisante, à tout le moins intéressante pour l’amateur de rock progressif.