Noir Silence. Voilà bien un groupe peu connu chez nous autres maudits Français. Et pourtant au Québec ce groupe est une institution, auteur de quelques albums à succès dans les années 90. ‘Immortellement Célèbre’ est le septième album de cette formation rock (on ne peut pas parler ici de metal ni même de hard rock) et, autant le dire tout de suite, n’est pas distribué en France, le seul moyen de se le procurer étant de passer par les plates-formes d’achat québécoises.

Quel intérêt de parler d’un album qui ne sera sans doute jamais trouvable dans les bacs de notre pays me direz-vous ? Eh bien l’intérêt est tout simplement dans la possibilité de vous faire découvrir un groupe injustement ignoré chez nous, et pourtant bourré de talent !

‘Immortellement Célèbre’ est le premier concept album de Noir Silence. Débutant par les paroles « Quoi qu’il advienne maintenant un jour, je serai célèbre », les paroles sont inspirées par les drames et les assassinats perpétrés ces dernières années sur les campus américains et traitent de ce nouveau cas de société, le mal-être de ces jeunes trouvant dans le fait de devenir serial-killers le moyen d’atteindre une certaine célébrité. Noir Silence se glisse ici dans la peau d’un des ces ados instables à l’aube de la réalisation de crimes irréparables. L’intro, ‘M’entends-tu crier’, sombre, tourmentée, pose d’ailleurs les bases de cette immersion dans la folie meurtrière. ‘Oublier’, ‘Inspirez’ et ‘Assassin’, des titres musicalement à la fois tubesques et sombres, parviennent facilement à nous captiver grâce à des paroles intelligentes (car intelligibles) et des mélodies tantôt catchy, tantôt plus torturées, et des mélodies bien senties, hargneuses, que ne renieraient pas les amateurs de hard rock moderne et de groupes comme Pure Inc.

Comme pour laisser un suspense et une pesanteur s’installer sur la suite des évènements tragiques à venir, ‘Immortellement Célèbre’ est entrecoupé de nombreux intermèdes musicaux (les ‘M’entends-tu crier’) et parlés (‘Entrée n°…’), durant lesquelles le vocaliste narre les états-d’âme de son personnage, assassin en devenir (« Une autre nuit seul à rêver de les descendre tous. Ma vie est vide, mon cœur est vide, mon âme est vide »). Vers le milieu de l’album, des morceaux plus ‘radio-friendly’ font leur apparition par le biais de titres comme ‘Jusqu’à hier’, ‘Appelle-moi’, avant que le rageur et vraiment inspiré ‘Trop froid pour pleuvoir’ ne fasse son apparition. Introduit par des lignes de piano, le refrain de ce morceau est fonceur, hargneux, réellement convaincant. De toute manière, cet album ne souffre d’aucun titre faible. L’inspiration est présente du début à la fin, avec en apothéose deux morceaux de très haute volée, sans doute les plus optimistes de l’album (sans vouloir en raconter l’issue) : ‘Enlacez-moi en paix’ et ‘On ferait quoi’. Le chanteur Jean-François Dubé transcende l’album grâce à sa superbe voix un peu rauque mais également très puissante. Au niveau musical, le mélange des riffs acérés et des parties plus calmes au piano font merveille sans faillir.

Avec le cours de l’Euro et du Dollar canadien actuellement, pourquoi ne pas soutenir un groupe qui en vaut réellement la peine alors que chez nous la médiocrité musicale de la scène rock semble être la règle générale ? Le rock québécois est quant à lui au mieux de sa forme, et Noir Silence en est la preuve. Reste maintenant à espérer que ce groupe deviendra ‘Immortellement Célèbre’ !