Recherche avancée       Liste groupes



      
CHANSON FRANÇAISE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Il Y Avait Une Ville (1958)
Par RAMON PEREZ le 31 Août 2025          Consultée 229 fois

Claude NOUGARO s’est installé à Paris au début des années 50. Pile le bon moment pour se lancer dans la chanson. Il y a des cabarets partout, mais difficile de se faire une place tant il y a de monde qui joue des coudes. Il réussit néanmoins à monter sur scène de temps en temps à partir de 1954 ; toutefois il essaye surtout de faire son beurre en plaçant quelques textes dans d’autres bouches. Bon an mal an, il finit par se faire des relations. Important ça, surtout à cette époque : vient un jour où un producteur est prêt à lui donner sa chance. C’est le label Président que le destin élit pour enregistrer en premier l’un des plus grands chanteurs de la fin du siècle ; pas franchement la première division mais qu’importe. Ils entourent le débutant par deux compositeurs ainsi qu’un parrain pour que cela se passe du mieux possible.

Le premier des compositeurs, c’est déjà Michel LEGRAND. Si on a retenu leur collaboration des années 60 (voir Le Cinéma, disque qui a véritablement lancé le Toulousain), les deux s’étaient pourtant rencontrés quelques années auparavant. Séduit par la maturité d’écriture de cet "acrobate du verbe", Legrand s’amuse à mettre quelques textes en musique. Claude en choisit trois pour cet enregistrement. Mais celui-ci est surtout l’ouvrage d’un autre fameux compositeur du moment : Jimmy Walter. Ce dernier s’était fait remarquer en épaulant l’un des grands artistes de l’époque, à savoir Boris VIAN ("On n’est pas là pour se faire engueuler" ainsi que beaucoup d’autres, c’est lui). Mais il ne souhaite pas s’attacher au personnage et va bientôt se trouver un destin d’arrangeur pour jeunes pousses, devenant l’homme de main de Jacques Canetti (celui qui a découvert à peu près tout le monde en ce temps).

Pour l’heure, il se fait donc cette main avec cet inconnu de NOUGARO. Il lui compose la moitié des chansons de l’album, dont il est surtout l’orchestrateur (il en existe d’ailleurs une version qui s’appelle Claude Nougaro accompagné par Jimmy Walter). Le léger swing d’une contrebasse nous accueille, groove épuré aux accents angoissants fonctionnant parfaitement avec ce texte inquiétant. Mais, plus loin, Walter dégaine les cuivres chauds ou le piano de bon aloi. Couleurs jazz fifties parfaitement reconnaissables. Les ambiances varient fréquemment, ce qui est un bon point ; dommage que cela soit aussi mal produit ! Le son est vraiment trop écrasé, au point que l’on pense plutôt avoir à faire à un enregistrement des années 40. On devine malheureusement presque davantage qu’on écoute ces accompagnements, ce qui n’empêche pas d’apprécier quelques tentatives intéressantes comme la musique d’inspiration russe de "Serge et Nathalie".

Je parlais d’un parrain, c’était pour annoncer Henri SALVADOR. Lui, il marche fort à cette époque. Quelques années avant on l’avait connu faisant un premier trait d’union entre le jazz et la chanson (dès lors filiation évidente avec NOUGARO), mais à ce moment il est plutôt passé au rock’n roll. Il en compose un sur les mots de Claude ("Les anges"), puis il écrit un texte publicitaire qui figure en bonne place sur la pochette du vinyle. "Faîtes-moi confiance, voici un futur grand" pour la teneur. Pour en rajouter, il dit que personne n’a fait un aussi bon premier album depuis celui de BRASSENS. Diantre. Sauf que bon… il s’est tout de même un peu laissé emporter par son enthousiasme ! Évidemment, il a raison : c’est un futur grand. Mais, si le potentiel est là, il y a quand même un problème de taille : Claude n’est pas prêt.

On sait d’après Michel Legrand qu’il avait fallu "le pousser à la baïonnette" pour qu’il monte sur scène. Sans doute a-t-il aussi fallu bien le pousser pour faire ces premiers enregistrements. Alors, même s’il assure, on sent bien que ce n’est pas encore tout à fait ça, qu’il n’a pas encore vraiment trouvé sa voix. C’est juste et appliqué, on devine bien ses extraordinaires capacités vocales. Mais, en exagérant à peine, on a plus souvent l’impression d’écouter AZNAVOUR que NOUGARO, en particulier dans ses modulations et ses vibratos. Il y a tout de même de belles démonstrations de chant nougarien, comme "Tiens-toi bien mon cœur", mais c’est encore difficile de dire quel chanteur est notre homme. En revanche l’auteur est déjà là. Ce fut chronologiquement son premier talent, celui-ci s’affirme singulièrement avec ce recueil. Là on le reconnait bien. Cependant Claude regrettera par la suite d’avoir repris des textes auparavant offerts à d’autres, qui n’étaient dès lors plus vraiment à lui (la moitié de l’album). Ce qui n’empêche pas de reconnaitre leur qualité, la précision d’une écriture déjà en avance sur une large part de la concurrence.

Alors, pour un premier disque (qui est un 25 cm, il dure à peine plus de vingt minutes), on peut quand même dire que c’est pas mal. Rien de honteux, ça s’écoute avec une belle curiosité. Ce n’est juste pas au niveau de la suite, malgré de belles bases. Loin du premier album de BRASSENS, n’en déplaise au parrain. Malgré l’enthousiasme de ce dernier, cette première sortie connaitra un rayonnement tout à fait confidentiel. NOUGARO, en grand complexé, y perd alors de nombreux points de confiance. Il lui faudra près de quatre ans pour digérer cet épisode, le temps de répondre aux questions essentielles que ces morceaux ont laissé en suspens. Quel artiste est-il ? La réponse sera bien plus claire ensuite et ce premier enregistrement classé au rang des mauvais souvenirs. Seuls deux morceaux referont surface plus tard, avec de nouvelles orchestrations. Il y avait une ville reste néanmoins un témoignage de l’époque des vaches enragées, c’est son principal intérêt car on ne retrouve pas toujours cette étape chez les autres.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par RAMON PEREZ :


Jacques HIGELIN
Follow The Live (1990)
Kitsch mais solide.




Pierre PERRET
La Tribu De Pierre Perret (2017)
Un immense cadeau


Marquez et partagez





 
   RAMON PEREZ

 
  N/A



Non disponible


1. Il Y Avait Une Ville
2. Marguerite
3. Vachement Décontracté
4. Les Anges
5. Le Piano De Mauvaise Vie
6. Maman M'la Dit
7. Tiens Toi Bien Mon Cœur
8. Serge Et Nathalie
9. Toutes Les Musiques


             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod