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- Style : Joni Mitchell

Jackson BROWNE - Lawyers In Love (1983)
Par MARCO STIVELL le 8 Septembre 2025          Consultée 291 fois

Drôle d'année que 1983 pour Jackson Browne, sur le plan sentimental du moins et comme il n'en a point connu jusqu'alors. En 1981, il épouse Lynne Sweeney avec qui il a un deuxième fils et dernier enfant, Ryan. Moins de deux ans plus tard, Browne croise le chemin de l'actrice blonde Daryl Hannah, révélée par Brian De Palma dans l'excellent Fury (1978) puis Ridley Scott dans Blade Runner (1982). Un drame car cela constitue un motif de divorce avec Sweeney d'une part pour ouvrir sur une relation nouvelle, sans cérémonial cette fois mais qui se révèlera plus durable (pratiquement une décennie), d'autant que les deux partenaires sont aussi engagés l'un que l'autre en faveur de l'environnement. Sacré séducteur, notre Jackson, miss Hannah étant une des sex-symboles de son époque - comme quoi le fait de rabâcher le négatif (en musique) n'empêche pas tout !

Toujours est-il que Lawyers in Love, ironie du sort et en sachant que plus de trois ans ont passé depuis le disque précédent (peu ou prou son rythme de croisière productif désormais), aborde beaucoup moins le registre personnel qu'avant. Il y a pas mal de critiques envers ce que sont en train de devenir les U.S.A., économiquement voire politiquement parlant, même si cela reste encore 'frais', moins développé que sur l'album suivant. Et puis d'abord, il y a cette pochette splendide et spectaculaire, l'une des meilleures de l'artiste – merci à Tommy Steele/Steele Works – avec celles de Late for the Sky et Running on Empty, comme pour contrebalancer justement l'univers maladif/contestataire de BROWNE. En tout cas, c'est le seul disque vinyle de l'artiste que j'ai acheté et les yeux fermés, avec la belle image collée sur la rétine.

Si l'on y voit des 'skylines', autrement dit les gratte-ciels typiques des centre-villes américains dédiés aux professions hautes et marchés financiers, ce n'est pas pour rien. Toute la critique est non seulement là, mais en plus, Jackson BROWNE n'étant pas en mal de créativité, il décide tout simplement d'emmener ses musiciens dans un simple entrepôt du 'downtown' (centre-ville) de Los Angeles, créer à partir de ce qu'il entend et capte des bruits alentour, enregistrer sur le vif à partir d'idées jaillies, sans trop en rajouter. Ce qui donne un des albums les plus spontanés de la décennie 80, avec une sacrée ambiance quand bien même il n'est pas si connu que cela. Il ne comporte même pas le plus grand hit de BROWNE (septième du top US), "Somebody's Baby" sorti en 1982 pour la BO de la comédie lycéenne Fast Times at Ridgemont High d'Amy Heckerling (parmi les tous premiers rôles de Sean Penn et Jennifer Jason Leigh).

Musicalement, on est pourtant dans le même ton mais en mieux, et cela n'empêche heureusement pas Lawyers in Love de grimper à la huitième place du top albums US, bien placé également dans plusieurs pays européens et anglophones. Puisqu'on parlait de musiciens, il s'agit toujours des mêmes pour la plupart, avec l'effectif réuni pour Hold Out (1980), exception très notable faite du vétéran David Lindley, remplacé à la guitare par un certain Rick Vito. Celui-ci sera mieux connu quelques années plus tard au sein de FLEETWOOD MAC, où il retrouvera d'ailleurs Greg Ladanyi, présent co-producteur avec Browne, qui avait déjà officié pour Hold Out et vient de connaître un certain couronnement de carrière en tant qu'ingénieur son de l'album IV, best-seller de TOTO.

L'album est donc une petite merveille méconnue qui s'adapte au son Pop-Rock soft de l'époque, garni de synthétiseurs mais sans excès, et tout en gardant encore une fois cette approche directe fort plaisante. On relève celle-ci en particulier dans le jeu de batterie qu'adopte Russ Kunkel, constitué de faux départs et de ruptures inattendues parfois au sein d'un même couplet ou d'un même refrain. C'est d'ailleurs Kunkel qui dynamise grandement la fin du morceau-titre, "Lawyers in Love", une introduction meilleure que celle de l'album précédent, avec de superbes claviers et guitares (dont un vibrato 'twang' très 50s par Vito), beaucoup de voix de tête dans le chant de Browne et quelques effets kitschounets tout aussi bienvenus. Le single atteint la treizième place du top et le clip, entre reprise animée de l'image de la pochette de l'album et chorégraphie d'hommes/femmes d'affaires devant l'église rouge de Moscou, offre quelques heures de gloire à Jackson sur MTV.

Il y a ensuite "On the Day", bonne Pop assez léchée au riff mordant, efficace dans son genre, mais ma préférée sur cet opus, c'est "Cut It Away", au synthé rythmique programmé par Craig Doerge pour une belle ambiance planante et ouverte par des accords clinquants, toujours donc entre le Folk expressif et la Pop massive de l'époque. Encore un peu de voix de tête pour ce qui a tout de paroles désabusées - chose dont notre artiste est spécialiste depuis ses débuts - un solo de guitare très chouette et puis tout simplement ce que la softitude de la côte ouest, même avec un sens aigu de la contestation, peut donner alors de mieux en termes sonores.

On mentionnait le 'downtown' et sur la chanson consacrée, sautillante au départ mais jouant bien la carte des changements rythmiques, BROWNE, comme on pouvait s'y attendre, ne peut se priver d'envoyer un clin d'oeil à Petula CLARK. L'ambiance est brumeuse, les synthés de Doerge, mélodiques à souhait, sont vraiment trop sous-estimés. "Knock on Any Door" reprend la même texture, basse en avant, guitare héroïque et ligne de chant éclatante. Les autres titres, "Tender is the Night" et "Say It Isn't Time" font preuve de qualités similaires et pas si évidentes, la seconde surtout où le séducteur Browne apparaît mieux que jamais en musique, mêlant chant doux en fond avec murmures sensuels au premier plan sur le pont. Et si on pense que tout est trop contenu malgré cette liberté artistique qui fait chaud au cœur, on peut à la rigueur se tourner vers le conclusif et vigoureux "For a Rocker", avec un Jackson tout aussi bon meneur et Rick Vito qui se fait un plaisir d'imiter l'harmonica à la guitare ! Un disque précieux autant que méconnu.

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   MARCO STIVELL

 
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- Jackson Browne (chant, guitare)
- Russ Kunkel (batterie)
- Danny Kortchmar (guitare, etc.)
- Craig Doerge (piano, synth?tiseur)
- Rick Vito (guitare lead, choeurs)
- Bob Glaub (basse, guitare, orgue)
- Doug Haywood (orgue, choeurs, basse)
- Bill Payne (orgue)


1. Lawyers In Love
2. On The Day
3. Cut It Away
4. Downtown
5. Tender Is The Night
6. Knock On Any Door
7. For A Rocker


             



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