Même s'il n'est pas exempt de tout reproche, Stereo Crush est et reste un signe de bonne santé de la part des Suisses de GOTTHARD. Porté par une science du riff et une inspiration retrouvée du côté de chez Leo Leoni et ses camarades, cet album a mis fin à la plus longue période de silence de la formation de Lugano. Comme pour s'en excuser, et pour profiter encore de ce vent dans le dos qui pousse le groupe vers un horizon dégagé, GOTTHARD nous propose, près de six mois après la sortie de son dernier bébé, un single hors album. Si la pratique est de plus en plus fréquente, le single redevenant un format plébiscité par les artistes (car permettant une diffusion facile sur les plateformes), c'est une première pour le groupe suisse, dont les singles ont jusqu'à présent toujours été un moyen de promouvoir un album studio.

Une démarche inédite, mais qui n'est pas incongrue, car il aurait été dommage que "Ride the Wave" reste enfermé dans quelque placard de studio. Subside des sessions d'enregistrement de Stereo Crush, ce morceau est le fruit d'une collaboration à huit mains entre les guitaristes Freddy Scherer et Leo Leoni, le chanteur Nic Maeder, et le compositeur Danny Lee, qui gravite dans l'entourage de GOTTHARD depuis l'album Lipservice (2005) et a participé à l'écriture de plusieurs morceaux du groupe, dont "Master of Illusion", plus récemment "AI and I", ainsi qu'à quelques titres du side-project de Leo Leoni, CORELEONI (le morceau "Walk on Water" notamment).

La première écoute séduit sans nous éblouir. "Ride the Wave" se présente comme un mid-tempo aux influences blues, agrémenté de guitares plombées et omniprésentes, qui soutiennent la voix gorgée de feeling de Nic Maeder. Le genre de morceau à la fois mordant et laid-back, qui n'aurait pas dépareillé sur un album tel que Silver. Mais, dans sa deuxième moitié, le morceau s'envole, porté par une accélération du rythme qui donne à nos quinquas helvétiques une audace et une énergie de jeunes loups. Une fois le solo passé, le morceau se voit ainsi transfiguré, et passe de l'état de gros blues à envolée hard rock évoquant les jeunes années du groupe. Nic Maeder s'investit comme jamais, proposant ici une prestation vocale en résonance avec le travail de Leo Leoni dont la guitare se fait à la fois espiègle et irrévérencieuse, portant avec elle une saveur unique que peu de groupes savent diffuser avec autant de conviction et de subtilité.


En 2025, et malgré quelques soubresauts, GOTTHARD est toujours en vie, et bien en vie. Une opinion confortée par la qualité de ce single hors album qui, s'il aurait mérité d'être intégré à Stereo Crush, bénéficie ici d'un petit côté 'poire pour la soif' qui nous permet de prolonger le plaisir de cette nouvelle période de faste (que l'on espère durable) pour la formation suisse. Modestement, de manière authentique, voici que le groupe 'surfe sur la vague', pour notre plus grand plaisir.


3,5/5