Alors qu'un coffret célébrant les 50 ans de l'album Wish You Were Here est prévu dans les bacs pour décembre 2025 au prix conseillé de 200 euros, il est utile de se replonger dans le coffret Immersion de 2011 qui, surprise de ma part quand j'ai regardé tout ce qui avait déjà été chroniqué sur ce site au sujet de PINK FLOYD, n'avait pas fait l'objet d'un intérêt quelconque par mes petits camarades depuis cette date. Aussi, je m'empresse de corriger cet oubli, avant de m'attaquer aux coffrets Immersion de The Wall et Dark Side Of The Moon, ce qui me permettra de faire la comparaison avec la future livraison opportunément livrée pour les fêtes de Noël. Notons déjà que, au regard de ce que j'en ai lu, ce prochain coffret me paraît déjà plus intéressant que celui-ci, fera quelque peu redondance, mais enverra son grand frère aux oubliettes aussitôt paru alors que, en 2011, WYWH Immersion apparaissait (presque) comme le graal pour cet album.
Pour quelle raison? Tout simplement parce qu'il n'y a pas grand-chose, finalement, à se mettre sous la dent, ou l'oreille, dans ce coffret. Certes, vous bénéficiez d'une remasterisation assez fantastique de James Guthrie et Joël Plante, les ingénieurs responsables du son du groupe depuis The Wall, notamment pour le premier. Ainsi pouvez-vous disposer de l'album avec un Mix 5.1 Surround de 2009 en résolution audio standard (448kbps) et haute résolution (640kbps), du Mix original de 1975 en LPCM, du Mix quadraphonique (4.0) du vinyle en résolution audio standard (448kbps) et haute résolution (640kbps) tant sur le DVD que le Blu-ray. La qualité sonore globale a été largement améliorée, notamment dans les dynamiques et cette remasterisation se ressent même à travers le CD de l'album original, album qui, soit dit en passant, mérite largement le 5/5 pour ma pomme, laquelle considère qu'il s'agit du meilleur du groupe, même s'il ne s'agit pas de son préféré.
Si l'on poursuit sur la partie DVD ou blu-ray, qu'avons-nous en plus? Eh bien, pas grand-chose : un court métrage de Storm Thorgerson d'environ 5 minutes de faible qualité artistique et visuelle, dont le mérite n'est que de n'être qu'un morceau d'Histoire, les parties filmées pour les concerts de "Shine On You Crazy, Diamond" et de "Welcome To The Machine" et, sur la partie Blu-Ray, un bonus caché plutôt 'humoristique' intitulé Riding the Gravy Train : Roger Waters' Favourite Luxury Hotels, inédit et présenté comme une blague de l'éditeur à partir de "Have A Cigar". E Basta. Sachant que les films sont de qualité assez moyenne, basés essentiellement sur des images figées, ce n'est pas vraiment enthousiasmant. Et si on y ajoute les goodies présents dans le coffret, on pourrait qualifier celui-ci de cheap, quand bien même vous avez un livret richement illustré par Storm Thorgerson et Jill Furmanovsky, des cartes postales, des billes (?) et une écharpe. En bref, pas terrible.

L'intérêt résider donc dans le second disque CD intitulé sobrement Previously Unreleased Tracks, lequel présente du matériel inédit pour l'époque mais qui rejoint le bémol que j'avais soulevé dans ma chronique de l'album The Dark Side Of The Moon - Live At Wembley 1974. En effet, vous n'avez que trois titres joués ce soir-là (16 novembre 1974) alors que la setlist comprenait, outre "Shine On You Crazy Diamond" (part.1 à 9), "Raving And Drooling" (futur "Sheep") et "(You've) Gotta Be Crazy" (futur "Dogs") présents sur ce disque, l'intégrale de Dark Side Of The Moon et, en rappel, "Echoes". Vous pourrez me rétorquer que ces titres ne faisaient pas partie de la période WYWH. Certes, mais quand même.
"Shine On You Crazy Diamond" rassemble les 9 parties du titre, mais concentrées puisque le titre a été rallongé plus tard de plus de 5 minutes. L'entrée en matière est quelque peu bâclée, prend moins son temps, et surprise, la voix n'est pas celle de David GILMOUR appuyée par Richard WRIGHT mais celle de Roger WATERS. Or, déjà à l'époque, on se rend compte des limites vocales de l'intéressé. A noter que ce sera corrigé pour le futur album studio qui sortira 9 mois plus tard, le 12 septembre 1975, GILMOUR chantant plus juste que son compère et ayant une tessiture pouvant aller plus haut en tonalité.
"Raving And Drooling" et "(You've) Gotta Be Crazy" sont les ébauches de travail du futur Animals qui sortira deux ans plus tard. Cependant, au moment du concert, ils sont encore prévus pour intégrer WYWH avant que WATERS ne change radicalement d'orientation et attribue à l'album la thématique de l'absence. Quand on connaît les titres sortis en 1977, l'amélioration est très nette, notamment au niveau des paroles et du placement des mots sur la mélodie. Ceci est d'autant plus notable sur "Raving And Drooling" qui paraît particulièrement déséquilibré. "(You've) Gotta Be Crazy" quant à lui est un titre logorrhéique dans sa partie chantée qui n'a rien à voir avec la version finale*. L'intérêt historique est donc indéniable et permet d'entendre un groupe expérimentant en concert avec un son extraordinairement clair mettant en valeur chacun de ses membres. Rien à voir avec les bootlegs sortis à partir d'enregistrements plus ou moins pourris à cette époque.

En sus de ces titres qui prennent quand même plus de 50 minutes sur les 1H07 du disque, trois autres présentent un intérêt majeur, tant pour nos oreilles que, également, pour leur valeur historique : "Wine Glasses" est un extrait du projet inédit "Household Objects", abandonné en raison du fait qu'il ne pouvait tenir sur la durée d'un album de 40'. Ce projet était une expérimentation musicale menée par PINK FLOYD après leur sommet D.S.O.T.M. Il s'agissait de créer un album sans utiliser d'instruments de musique traditionnels, en produisant sons et rythmes uniquement avec des objets ménagers du quotidien. Ce titre composé à partir des sons produits à l'aide des doigts courant sur les rebords de verres à vin a cependant été intégré et modifié pour servir d'introduction à "Shine On You Crazy, Diamond".
La version d' "Have A Cigar" est celle que Roger WATERS estimait meilleure que celle de Roy HARPER, alors que tout le monde s'accordait pour affirmer le contraire. Plus longue que celle que l'on connaît, elle apparaît encore bien expérimentale avec une gamme de sons différents qui seront abandonnés par la suite. Je soupçonne le père WATERS d'avoir ce point de vue en raison du fait que HARPER était un super pote de GILMOUR, lequel avait participé à son magnifique album HQ en jouant dessus et en le produisant durant la même période. A noter aussi le mixage qui permet d'apprécier les licks de guitare de GILMOUR en mode funky. Le solo de guitare est moins brut dans une coda allongée, GILMOUR utilisant vraisemblablement une talk-box qu'il abandonnera avec bonheur dans le mix final. Enfin, la version de "Wish You Were Here", avec Stéphane Grappelli et sans les bruitages radiophoniques du début, vaut son pesant en raison de, non seulement la présence du violoniste de jazz, mais aussi parce qu'elle lui apporte une couleur totalement différente. Plus acoustique, elle voit l'introduction du piano et de la batterie décalée par rapport à la version connue, tandis que l'intégration du violon jazz se fait à la place de la guitare acoustique. Cependant, ne correspondant pas vraiment à l'atmosphère sombre et mélancolique voulue par le groupe et parce que, selon Nick MASON, les arrangements finaux avec la batterie et la guitare acoustique dans la version officielle étaient plus soignés et collaient mieux à l'esprit du morceau, cette partie fut abandonnée avant d'être retrouvée beaucoup plus tard et y être proposée dans ce coffret.


Alors, quel est l'intérêt de WYWH Immersion que l'on peut trouver dès 75 euros sur certains sites? Assez limité, à vrai dire. D'autant plus que le CD2 est disponible sur la version double CD WYWH Experience. Sauf pour les compulsifs qui collectionnent, je vous conseille d'attendre plutôt décembre 2025, même si, de ce que j'ai entraperçu du prochain coffret, celui-ci présente aussi quelques défauts que je vous révèlerai lors de la chronique annoncée. En attendant, et sans juger l'album auquel, vous avez compris, je mets la note maximale, ce coffret n'aura pas les faveurs du jury, le double WYWH Experience pouvant être noté, quant à lui, 4/5. 2,5/5 que j'arrondis à la note inférieure.


* À noter que l'on y entend une seconde guitare sur ce titre. Or, à cette époque, GILMOUR était seul sur scène avant que Snowy WHITE ne soit embauché dès 1977 pour la tournée "In The Flesh". En fait, il semble que cette seconde guitare ait été également jouée par GILMOUR en overdub pour l'édition de ce coffret.