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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1999 Stupid Dream
2000 Lightbulb Sun
2001 Recordings
2002 In Absentia
2005 Deadwing
2007 Fear Of A Blank Plane...
2009 The Incident
 

- Membre : Blackfield, No-man, Steven Wilson , Japan, King Crimson, Storm Corrosion
- Style + Membre : Steve Hogarth & R. Barbieri

PORCUPINE TREE - In Absentia (2002)
Par ELK le 2 Novembre 2023          Consultée 1303 fois

Si Stupid Dreams, paru en 1999, et Lightbulb Sun en 2000, complétés par le fort recommandable Recordings, sont aujourd’hui considérés comme issus de la période la plus pop de PORCUPINE TREE, leur successeur In Absentia marque une franche rupture à plusieurs titres.
Un nouveau label : Lava Records, aux moyens accrus par rapport au précédent; un nouveau batteur : le prodigieux Gavin Harrisson à la place de l’excellent Chris Maitland moins disposé à s’impliquer comme l’exigeait le nouveau statut du groupe; et surtout un style musical qui évolue pour aborder les rivages tumultueux du Prog Metal.

Le leader du groupe, Steven Wilson, est persuadé que l’heure du groupe est venue et que le succès est à portée de main. Il est par ailleurs imprégné de ses travaux avec OPETH, dont il a notamment produit le superbe Blackwater Park, mais également par sa rencontre avec Aviv Geffen, chanteur pop israélien avec lequel il est en train de travailler sur les premiers titres de BLACKFIELD, projet qui va combler sa fibre pop.
Opportuniste, Steven constate également que la fan base du métal est plus importante que celle du Rock progressif, étiquette accolée au groupe depuis ses débuts, et va même jusqu’à proposer à ses partenaires un virage encore plus radical vers ce style musical, avant toutefois de faire un peu machine arrière devant la perplexité de Colin Edwin et de Richard Barbieri.
En revanche, Gavin Harrison, à qui beaucoup de fans de la première heure ont imputé ce durcissement de la musique des porcs-épics, n’y est strictement pour rien : il est à l’époque un batteur de session très demandé, notamment dans le R’n’B. Pour ceux qui ont encore des doutes, je vous recommande le visionnage de certains de ses tutos jazz sur Youtube, vous verrez combien le phénomène est à l’aise dans tous les styles. Néanmoins, il faut convenir que sa grosse frappe, son feeling et sa technique ahurissante vont faire beaucoup pour la réussite du disque, même s’il rejoint le projet alors que tous les titres sont déjà écrits.

Avant d’attaquer l’album, arrêtons-nous enfin sur les thèmes abordés : sans être un concept album, celui-ci est très orienté vers la psychologie des Serial Killers, sujet qui fascine à l’époque Steven intéressé par les racines psychologiques des monstruosités qu’ils commettent. Le titre "In Absentia" évoque cette absence psychologique, souvent mise en avant dans les analyses et études, de l’individu social lorsqu’il passe à l’acte. La pochette bien inquiétante ne va pas nous rassurer ni apporter la moindre légèreté à ces réflexions bien noires.

Dès le premier titre "Blackest Eye", le ton est donné : un puissant riff gorgé de métal, soutenu par l’énorme frappe de Gavin Harrison, avant un couplet aux chatoyants accents pop et un refrain splendide. Ce titre s’impose d’emblée comme un classique du groupe, tant l’équilibre entre les différents ingrédients de sa musique y est proche de la perfection.
Pour poursuivre dans cette veine musclée, citons le superbe instrumental "Wedding Nails", construit autour de la guitare de Steven qui brille de mille feux. Les développements parfaitement soutenus par une section rythmique implacable sont enjolivés par les accords du clavier de Richard Barbieri qui installe une ambiance étrange. Le solo de guitare est bien déjanté, et les 6’ du titre passent à toute vitesse.
Encore plus barré, "The Creator Has A Mastertape" lorgne franchement vers le metal indus à la NINE INCH NAILS. Ce titre est un coup de poing, inclassable et inimitable. A noter que Steven a le cran de le jouer sur scène lors de sa tournée solo de 2018 suivant l’album To The Bones.
"Strip The Soul" est construit un peu différemment, dans une veine plus progressive avant une montée en puissance drivée par la batterie et une explosion métal en fin de titre. C'est bon mais pas inoubliable.
Citons enfin ce qui est peut-être le meilleur titre de l’album "Gravity Eyelids" qui tout au long de ses presque 8’ développe une ambiance prodigieuse. D’abord très atmosphérique, ponctuée d’un chant évanescent de Steven (qui me fait beaucoup penser à Josh Homme sur les couplets), le morceau révèle un prodigieux et lent refrain ainsi que des effets sonores et arrangements d’une grande richesse. La seconde partie se muscle considérablement, avec l’apparition des guitares saturées et une superbe partie instrumentale bien heavy magnifiquement soutenue par la frappe de mule de Gavin Harrison. A noter que ce titre prodigieux est également celui qui colle le plus clairement au thème principal et à la pochette de l’album.

Mais le disque puise son inspiration à d’autres sources que le métal : "Trains" s’inscrit dans un registre beaucoup plus pop-folk, ouvert par une superbe guitare acoustique 12 cordes, avant des développements et un refrain marquants. Le passage de koto sur la reprise est délicieux, et le morceau est devenu un des grands classiques du groupe. Et que dire de "The Song Of Musak" qui dénonce la musique facile dont les ondes nous abreuvent : un arpège magique (qui m’évoque KING'S X) une ligne de batterie sublime, un refrain fantastique et un chouette solo de Steven pour un résultat immortel, un des plus grands titres des Anglais.
Et il n’y a pas grand-chose à jeter non plus dans les autres pièces : "Lips of Ashes" est une émouvante ballade très planante marquée par de superbes arrangements vocaux, alors que "Heartattack In A Layby" est carrément splendide, très lente et magnifiquement arrangée et produite. Le chant de Steven y est au top et les voix en canon sont bouleversantes. "Collapse The Light Into Earth", à peine moins réussie, révèle également de superbes arrangements de cordes autour du piano et de la voix de Steven (on y entend même du mellotron). C’est une parfaite conclusion pour l’album.
".3" se déploie comme un second instrumental beaucoup plus atmosphérique et magnifiquement produit, chaque instrument y étant parfaitement mis à l’honneur. "Prodigal", enfin, semble sorti de l’album précédent, dans une veine plus pop. Le morceau se révèle peu à peu après une entame légèrement paresseuse et un tantinet moins marquante.
Un dernier mot sur les bonus : avoir exclu du disque un titre fantastique comme "Draw With Me" dit tout du niveau incroyable de l’album. Steven s’en rendra compte et en fera un classique des hérissons sur scène (on le trouve notamment sur le live Anesthetize). "Futile" est également superbe, proche de "Blackest Eye", avec son alternance de gros riff et d’un couplet plus pop. "Chloroform" enfin s’étire sur plus de 7’ dans une veine planante évocatrice des premiers albums du groupe.

Pari réussi pour PORCUPINE TREE : In Absentia est une grande réussite et un incontestable pas en avant pour les Britanniques qui en vendent à peu près trois fois plus que des disques précédents. Steven Wilson parle d’un état de grâce artistique pour évoquer la gestation de ce qui reste aujourd’hui son enregistrement préféré parmi ceux qu’il a réalisés, toutes périodes et projets confondus. N’hésitez pas à vous y plonger, le son n’a pas pris une ride et l’inspiration y atteint des sommets toujours délectables.

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   (2 chroniques)



- Steven Wilson (chant, guitare)
- Richard Barbieri (claviers)
- Colin Edwin (basse)
- Gavin Harrison (batterie)


1. Blackest Eyes
2. Trains
3. Lips Of Ashes
4. The Sound Of Muzak
5. Gravity Eylids
6. Wedding Nails
7. Prodigal
8. 3
9. The Creator Has A Mastertape
10. Heartattack In A Layby
11. Strip The Soul
12. Collapse The Light Into Earth
13. Drown With Me
14. Chloroform
15. Strip The Soul (video Edit)



             



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