« Cet album, je le vois comme une reflet de ma carrière musicale. Ces morceaux ont fait ce que je suis, je me devais donc de leur rendre hommage ». Voici donc l’excuse officielle de Chris DE BURGH pour nous proposer, en guise de 17ème album, une galette remplie jusqu’à la gueule de reprises d’artistes folk et rock, ainsi que d’une nouvelle composition en guise de cerise sur le gâteau. Autant le dire tout de suite, ces albums de reprises ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Après tout, sortir un album sous son propre nom ne signifie-t-il pas avoir (ou tout du moins penser avoir) quelque chose de nouveau, de différent, de personnel à proposer ? Car si j’ai toujours apprécié les reprises jouées pour le fun en concert, prétendre captiver l’auditeur avec des relectures de morceaux que l’on a écoutés en boucle dans sa jeunesse et que l’on aime jouer me semble quelque peu présomptueux. Mais ce bon vieux Chris a la parade : « Sans ces morceaux, je ne serais rien. J’ai commencé par jouer certains d’entre eux dans les bars de Dublin dans les années 70, et c’est grâce à eux que ma carrière a pu prendre une tournure favorable. Cet album est à part, c’est certain, mais je me rapproche peu à peu de ma fin de carrière, et je devais donc penser à boucler la boucle… ».
Soit. Ok Chris, s’il faut considérer cet album comme un au revoir (ce qui n’est pas certain, le bonhomme portant très bien ses 61 ans), alors écoutons-le, cet album.

Composé de 16 morceaux, Footsteps débute avec une reprise très (trop ?) fidèle de « Turn, Turn, Turn » des YARDBIRDS. On a l’impression d’entendre une version remasterisée du morceau original, l’intérêt est donc ici très limité. Tout cela est bien joli mais, comme un écolier ayant bien appris ses leçons, Chris DE BURGH semble avoir décidé de recracher ces morceaux de la façon la plus fidèle possible, ne déviant surtout pas d’un pouce des versions originales. « Africa » (TOTO), identique tant au niveau musical qu’au niveau des intonations vocales de Chris, est l’exemple le plus flagrant de ce manque irritant de prise de risque. Car si la version de ce morceau proposée par Chris DE BURGH est tout à fait convaincante, le charme de l’original manque à l’appel.

Le reste de l’album est à l’avenant. « The Long and Winding Road » (The BEATLES), sur lequel Chris laisse s’exprimer son côté pompeux et grandiloquent, est anecdotique, tout comme « We Can Work it Out » (toujours les BEATLES) auquel Chris a malheureusement oublié d’insuffler l’énergie originelle. Pantouflard, sans doute très convaincu, mais malheureusement pas très convaincant, Chris DE BURGH déçoit jusqu’à « All Along the Watchtower » (Bob DYLAN), que le bonhomme, comme dans un dernier sursaut d’orgueil, vient transcender avec une reprise piano/voix apportant un éclairage nouveau à ce monument musical. Pourquoi s’être enfermé dans des reprises calquées alors que ce bon vieux Chris sait, quand il veut, proposer des relectures personnelles fort convaincantes ?

Et si la fin de l’album voit Chris retourner à ses recopiages d’écolier, notons tout de même des versions fidèles mais très réussies du « Where Have All the Flowers Gone » (Pete SEEGER, mais rendu célèbre par Joan BAEZ) et « Polly Von » (Peter, Paul & Mary). Et Chris d’achever cet album avec une nouvelle composition, la très réussie ballade « Footsteps », qui ne fait que renforcer le sentiment de déception lié à cet album qui, s’il avait été composé d’une douzaine de morceaux de cette qualité, aurait été convaincant et aurait marqué un retour fracassant de Chris DE BURGH. Si ce n’est pour 4 morceaux, cet album est à oublier. Une bien drôle de manière de boucler la boucle…