En 1981, GENESIS est une affaire entendue. Alors que son chanteur rencontre un succès inattendu en solo, le groupe poursuit sa route vers la reconnaissance de masse. Cette évolution implacable, GENESIS l’exporte aussi à la scène. Les shows sont réglés au millimètre et donnent au public ce qu’il est venu chercher : une pop synthétique sophistiquée, souvent inspirée mais tristement proprette.

Three Sides Live est enregistré durant les tournées de Duke et d'Abacab dont il sélectionne la substantifique moëlle. On peut regretter l’absence de la suite "Duke’s Travel" / "Duke’s End" qui aurait avantageusement remplacé un medley 70's sans grande utilité. On peut aussi juger prématurée la sortie d’un tel disque alors que le groupe vient juste d’entamer sa période vertigo. Du coup, l’objet ressemble plus à un compte-rendu de tournée(s) qu’à un solide best of en public.

Une évidence s’impose malgré tout ; le GENESIS 80's est meilleur sur scène qu’en studio. Collins tient la route au chant, plus agressif, plus assuré, et surtout plus convaincant dans ce répertoire taillé sur mesure. Constat qui s’applique aussi à Daryl Stuermer, enfin libéré de la comparaison avec HACKETT. Sa vélocité sur manche est un atout indéniable et donne un coup de fouet à des versions studios parfois trop rigides ; dommage qu’il soit sous-mixé, lui aussi.

Les extraits d’Abacab, plus organiques que leurs versions studios, y gagnent au change. L’enchaînement "Dodo" / "Abacab" réconcilierait presque les allergiques avec l’album. Les extraits de Duke en revanche s’écartent peu des originaux et sont donc d’un intérêt limité. La grande aisance des musiciens permet de petites variations sympathiques, même si elles sentent trop le pro. Mention spéciale à Collins qui apporte un peu de folie dans ses interprétations et sauve le disque de la copie carbone ("Turn it on Again", "Misunderstanding"). On n’échappe pas à la mièvrerie de circonstance, "Follow You Follow Me", morceau aussi efficace pour couler la respectabilité d’un groupe qu’une torpille lancée à vive allure sur une embarcation cambodgienne. A part cette faute de goût prévisible, la sélection opérée rend l’ensemble plutôt correct. Ce live enfin inaugure une pratique que GENESIS reproduira à chaque tournée, le "Old-medley". Hommage sincère à son âge d’or ou vile stratégie destinée à lâcher le moins d'anciens fans possible, chacun se fera son opinion.

A sa sortie en 1982, Three Sides Live fut publié en deux versions, différentes par leur quatrième face. La version US proposait des chutes de studio de Duke et Abacab, plutôt médiocres à l’exception du très beau "Evidence of Autumn". La version UK proposait de très bons extraits live enregistrés en 1978 et 1980, ainsi que deux chutes du fameux concert à Glasgow de 1976. Ce concert filmé et enregistré intégralement reste le saint Graal du GENESIS à quatre, et ces extraits, s'ils ont le mérite de rehausser le niveau du disque, nous allèchent plus qu'ils nous rassasient.