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ROCK PROGRESSIF BRETON  |  STUDIO

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Alan STIVELL - Before Landing (1977)
Par MARCO STIVELL le 15 Mai 2010          Consultée 7131 fois

Pendant que la musique d'Alan est boycottée par les radios et (parfois) par certains fans de la première heure, s'ouvre une période plus discrète contenant des albums acoustiques magnifiques (Trema'n Inis en 76, le futur Journée à la Maison), mais dont la principale curiosité, du moins dans ce qui est sorti avant la Symphonie Celtique, reste cet album rock, très rock même. Il est sorti en deux éditions en l'espace de quelques mois, ce qui fait qu'il porte un titre en breton, Raok Dilestra, et un en anglais, Before Landing, ce qui dans les deux cas signifie "avant d'accoster". Mais lors de la réédition CD par la maison de disques Dreyfus au début des années 90, c'est l'édition anglaise qui a été choisie, et c'est elle qui sera prise en compte dans cette chronique.

Before Landing, c'est un peu le diamant noir des années 70 d'Alan, l'album méconnu mais qui regorge de bonnes choses, et qui se présente comme un must-have du moins pour une certaine forme de public. En fait, il faut reconnaître qu'il ne s'adresse pas à tout le monde. Car il faut arriver à apprécier le moindre exercice musical réalisé par Alan d'un côté, mais il faut être aussi attiré par un genre bien particulier. Before Landing est un album-concept, les chansons sont plus ou moins liées par une seule et même trame, textuelle ou musicale. Il se trouve qu'ici c'est textuel, puisque Alan, continuant sur le chemin de l'interactivité, a tout simplement choisi de raconter l'histoire de la Bretagne. Il le fait sur une musique qui n'est pas des plus aisées à suivre : le rock progressif. Courant musical propre aux années 70, lancé au début de la décennie par des groupes tels que YES et GENESIS ou plus underground comme KING CRIMSON et VAN DER GRAAF GENERATOR, il s'agit d'une volonté de produire un rock non pas forcément difficile d'accès, mais qui s'émancipe des limites imposées par son contraire, le pop-rock, où les chansons sont courtes, les mélodies facilement mémorisables... Il n'y a pas eu que le rock d'ailleurs, mais aussi le jazz avec par exemple SOFT MACHINE, la musique électronique avec Klaus SCHULZE, la zeuhl du groupe français MAGMA, le courant world-music naissant avec Mike OLDFIELD et d'autres... On parle alors plus globalement de "musiques progressives".

Il y a beaucoup d'éléments dans la musique d'Alan produite jusqu'alors qui lui permettent d'appartenir à ce style, autant les morceaux eux-mêmes ("Pop-Plinn" en tête, ou la "Suite des Montagnes") que certains détails présents dans les arrangements (le mellotron dans "Kimiad" et la "Suite des Montagnes", la fin très originale de "An Hani a Garan"...). Mais Before Landing est le premier véritable album de rock progressif d'Alan et peut-être le seul parmi les disques moins connus que l'Olympia Concert, Chemins de Terre ou la Symphonie Celtique. On remarquera la présence (pour la dernière fois) de Dan AR BRAZ avec sa guitare au son "mordant", mais aussi d'autres invités de marque, venus de différents horizons "progressifs", comme les frères Mikael et Andrew HERVE (MAGMA), Lyn DOBSON (ex-SOFT MACHINE), Richard HARVEY (GRYPHON)... Il convient de dire aussi qu'assez souvent, des auditeurs (qu'ils apprécient ou non ce genre musical) critiquent la tendance des chroniqueurs à vouloir faire en sorte que telle oeuvre ou telle autre soit classée dans ce genre même si le détail qui le justifie est minime. Bien sûr, un morceau où l'on rencontre des guitares, basse, batterie et claviers, et qui fait dix minutes n'est pas forcément un morceau de rock progressif.

Mais c'est pourtant le cas de "Our Past", la suite qui englobe les dix premiers titres de l'album (ceux de l'ancienne première face du vinyle) qui sont tous enchaînés pour ne former qu'une seule longue pièce de plus de vingt-cinq minutes, avec des thèmes mélodiques tous différents les uns des autres, des cassures et changements de rythmes parfois toutes les dix secondes (allez, j'exagère un peu)... Tout ceci n'est guère attractif pour l'amateur de musique "simple". Pourtant, il apparaît qu'au bout d'une poignée d'écoutes seulement (alors que tant d'albums "prog" nécessitent plus, beaucoup plus même parfois), on ne mémorise pas forcément tout, mais on arrive à s'y faire à cette oeuvre échevelée !

Ca commence d'abord avec le bourdon des cornemuses survolé par la mandola de Patrig KERRE, le sitar indien et le chant d'Alan qui nous raconte le temps des "anciens celtes". Cela dure près de cinq minutes, on remarque que le ton se fait de plus en plus insistant, et à la fin de cette longue intro, on se dit que c'est déjà vraiment excellent. "The Bretons in Britain" est introduit par une séquence bizarre, une sorte de déchirement nous entraînant dans un certain obscurantisme qui ne dénoterait pas en tant qu'illustration de la pochette (qui reste une des plus belles d'Alan pour moi). Le chant est grave, le son feutré, les percussions et tablas de Lyn DOBSON et Jean-Luc DANNA se noient dans les nappes de claviers, pendant que Patrig KERRE envoie quelques glissades de dulcimer. On entend aussi la belle harpe, qu'on aurait presque oublié et qui tente de se faire une petite place. Elle ressort mieux sur l'interlude "Britons Exile to Armorica", où la chanteuse Maria POPKIEWICZ (futur membre de MAGMA) raconte la suite de l'histoire. Un galop de chevaux suivi d'une remontée de cornemuse nous envoie en plein dans la figure le très rentre-dedans "The Breton Kingdom" aux accents limite jazz-rock et au chant guerrier d'Alan. En parlant de chevaux, c'est l'un des morceaux les plus susceptibles de désarçonner, alors prudence. Après un rapide fade-out (Dan a à peine eu du temps pour un mini-solo !), "The Breton Duchy" vient nous surprendre avec son esprit moyen-âgeux (surtout dû au cromorne), avec un refrain qui constitue l'un des sommets de cette première partie. Retour de l'obscurantisme avec un thème similiaire pour la suite "The Union Pact" / "Revolts", une fausse rythmique complexe et Alan qui se fait tour à tour narrateur et chanteur, accompagné du fiddle pour la partie "Revolts". D'un coup, tout s'interrompt au bout de quatre minutes, quelques arpèges de harpe bien sentis nous convient à un véritable bordel (pardonnez-moi le terme) où la tonalité est toujours sombre, où la guitare râle, les claviers s'emballent et la batterie mitraille avec, en plus, Maria POPKIEWICZ qui récite encore une fois. Puis Alan revient seul au piano pour introduire "20th Century - Part One" de manière très classique, avec une petite touche de danse virevoltante soutenue par le violon. D'un seul coup, tout devient noir, Alan arrête de chanter, on sent qu'il va se passer quelque chose et "boum" les instruments rock reviennent. La rythmique est renforcée par les batteries écossaises du bagad Bleimor, la longue suite "Our Past" se termine ainsi avec un puissant kan ha diskan (chant et déchant) auquel participe activement notre ami Dan AR BRAZ.

Pour une suite aussi passionnante, il était normal de décrire chaque moment, ce qui est important comme ce qui l'est moins, pour mieux rendre hommage au travail d'Alan. Ne pas le faire pour l'ancienne seconde face où les morceaux ne s'enchaînent pas n'est pas un manque de respect, c'est seulement parce que dans mon oreillette on me demande de respecter une certaine règle et qu'à choisir j'ai préféré donner plus de détails sur "Our Past" que sur "Our Present", aussi bonne soit cette seconde partie. Il y a juste un souci, un gros souci... Imaginons que vous écoutez Before Landing pour la première fois et que vous découvrez cette merveilleuse chanson d'ouverture qu'est "To Ewan my Son" (écrite pour le fils d'Alan), avec cette mélodie qui transporte au nirvana et que le côté très rock ne vient pas ébranler (la présence de cornemuses est fabuleuse). Imaginons maintenant que vous écoutez cette chanson pour la énième fois, qu'elle vous fait toujours le même effet, et que vous redoutez toujours autant ce qui arrive après... Car ce moment-là, je le redoutais comme la peste, avant même d'avoir écouté une seule note du disque, au moment même où j'ai posé les yeux sur la jaquette, où j'ai vu certains mots inscrits dans les credits... "Forbidden Roots" (tout comme "Nine Bretons in Jail", un très bon autre kan ha diskan) est issu d'un single paru quelques mois avant Before Landing avec des musiciens différents (parmi lesquels Dave SWARBRICK de FAIRPORT CONVENTION) de ceux du groupe d'Alan employé sur ce disque. Il s'agit d'une danse au son très rock, un peu à la manière d'un strathspey en trois temps, où le violon ressort beaucoup. Le problème c'est qu'il n'y a pas que le violon, la guitare et le chant "insistants"... Alan a trouvé bon d'ajouter un instrument que je déteste particulièrement de manière générale et qui n'a pas (du tout) sa place dans la conception que je me fais de la musique celtique, même très rock : le saxo ténor. Et en plus il est particulièrement rageur... Difficile à chaque fois de redescendre comme ça. Pfff... Surtout que c'est une vraie montagne russe parce qu'après on atteint de nouveau un sommet avec le magnifique "Dead For His People", d'une mélancolie qui prend au tripes avec la harpe, le violon et le violoncelle. On finit avec un morceau très important appelé "Plinn-Slogan", avec une intro guitare/basse folle, un thème répétitif, un texte direct qui tient en deux mots ("Bretagne libre" tour à tour en breton, français et anglais) et la fin au sitar de Lyn DOBSON qui aspire tous les instruments.

C'est vraiment dommage parce qu'à cause du fameux détail qui est justement pour moi tout le contraire de fameux, et aussi peut-être de quelques "liaisons" entre des morceaux quelque peu surprenantes (fondus bizarres), Before Landing est un superbe album qui méritait bien son 5/5. Au lieu de ça il n'obtiendra "que" 4, même si la note réelle est 4,5.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alan Stivell (chant, harpes celtiques, cornemuse, bombarde, flût)
- Dan Ar Braz (guitares, choeurs)
- Patrig Kerre (mandola, dulcimer, fiddle)
- Andrew Herve (claviers)
- Mikael Herve (basse)
- Jean-luc Danna (batterie, percussions)
- Yann-jakez Hassold (chant)
- Maria Popkiewicz (chant)
- Dave Swarbrick (fiddle)
- Clement Bailly (batterie)
- Dominique Luro (claviers)
- Patrick Kiffer (basse)
- Alain Hatot (saxophone ténor)
- Adam Skeaping (violoncelle)
- Lyn Dobson (flûtes, sitar, tablas, psalterion)
- Richard Harvey (cromorne, flûtes à bec)
- Le Bagad Bleimor (bombardes, cornemuses, batteries écossaises)


1. The Ancient Celts
2. The Bretons In Britain
3. Britons Exile To Armorica
4. The Breton Kingdom
5. The Breton Duchy
6. The Union Pact
7. Revolts
8. The French Revolution And The 19th Century
9. 20th Century - Part One
10. 20th Century - Part Two
11. To Ewan My Son
12. Forbidden Roots
13. Dead For His People
14. Nine Bretons In Jail
15. New Middle Part
16. Plinn-slogan



             



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