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2000 Skull And Bones
 

- Membre : Prophets Of Rage

CYPRESS HILL - Rise Up (2010)
Par STREETCLEANER le 4 Décembre 2010          Consultée 3657 fois

Je me dois de préciser au lecteur, et ce en toute sincérité, que je ne suis pas à la base particulièrement friand de rap/hip-hop. Je trouve même le style globalement assez répétitif et manquant trop souvent d’imagination. Pourtant, quelques groupes plus originaux ou singuliers ont attiré mon attention. C’est notamment le cas des BEASTIE BOYS et plus particulièrement de CYPRESS HILL. J’avoue que les inspirations reggae/funky de ce dernier (sur les deux premiers albums essentiellement) sont plutôt sympathiques, leurs atmosphères enfumées (« Hits From The Bong », « Cock The Hammer », « Legalize It », « When The Sh— Goes Down »…) de Marie-Jeanne délicieuses (1), tout comme le flow –exagérément- nasillard et unique de B-Real ou sa façon de laisser traîner sa voix comme si les cerveaux de nos latinos californiens tournaient au ralenti, piégés par les volutes de ganja (« Hits From The Bong » sur l’excellent album Black Sunday en est un parfait exemple). Et puis les quelques titres de rap/hip-hop rock/metal (la seconde partie de l'album Skull & Bones notamment) ou les apparitions de Tom Morello (Rage Against The Machine) ne sont pas non plus sans expliquer également l'intérêt que peut lui porter un public plus large, tout comme les ambiances dark de leur album III: Temples Of Boom.

Voilà donc six ans que nous n’avions plus de production estampillée CYPRESS HILL à nous mettre sous la dent (2). Il est donc évident qu’on y croyait plus beaucoup, même si les sorties précédentes, on doit le dire, n’étaient pas du niveau des premières, et cela pouvait quand même faire relativiser les choses. Vous comprendrez, avec ce que je disais en introduction de cette chronique, que ce n’est pas moi qui vais jouer les intégristes. Mais une chose est quand même frappante avec ce nouvel opus. Sans utiliser spécifiquement le terme « commercial » il faut dire que ce Rise Up est très accessible. On pourrait aussi dire « facile ». De ce fait, possède de nombreux atouts qui pourraient plaire, plus encore que les albums précédents, à un public qui n’a pas forcément d’affinités avec le rap/hip-hop. Et il me semble que Rise Up constitue justement une bonne porte d’entrée vers le hip-hop. On peut dire, au risque de prendre un grand raccourci, que Rise Up c’est un peu un pot-pourri très accessible, « easy listening », et hétérogène, de ce qu’a pu faire CYPRESS HILL jusqu’à présent, même si aucun de leurs précédents albums n’avait atteint un tel niveau de facilité. Toutefois cela reste globalement du CYPRESS HILL. C’est vrai qu’on aurait pu aussi en douter si on se réfère au nombre important d’invités ou autres guests…

B-Real (le frontman - à noter que DJ Muggs est pour sa part quasiment invisible sur cet opus) disait vouloir du dynamisme, de l’agressivité, du tempo plus élevé, et ce sans perdre le côté dark et raw des productions antérieures. Il voulait des chansons formatées pour le live. Et de ce côté c’est réussi je dois dire, si on se place bien entendu dans une volonté de titres dansants, groovy, ou à l’esprit plus ou moins « dance music » même si cette dernière référence est évidemment impropre. On constatera de manière générale, à la différence des derniers albums, que le rap ou le flow sont ici souvent plus accessibles –et rythmés- et ils partagent les chansons avec des boucles électroniques, des samples, ou riffs de guitare qui occupent fortement le devant de la scène. Chaque chanson cherche donc à concilier le flow avec des samples et des instruments qui prennent beaucoup d’assurance. Ainsi, « It Ain’t Nothin’ » voit le groupe mettre en évidence des riffs synthétiques et réintroduire en arrière-plan une guitare funky sur ce titre parfaitement formaté pour passer dans des séries du type CSI (ou Les Experts). Le combo renoue aussi, pour notre bonheur, avec ses boucles hypnotiques, quasi psychédéliques, et ses scratches « Get ‘Em Up ». Et puis on retrouvera toujours des chansons avec des refrains parfaitement identifiables, bien évidents, et structurées de manière rassurante, possédant de ce fait un aspect très pop/rock et abordable dans leur construction (« Get It Anyway », l'excellent « Pass The Dutch » par exemple qui renoue avec les atmosphères enfumées des débuts, la petite incursion soul/disco/funk sur « K.U.S.H », le « Light It Up » de très bonne facture...). Sur le titre éponyme, ainsi que « Shut ‘Em Down », Tom Morello nous revient, et ceux qui avaient aimé des titres comme « Rock Superstar » ou « Trouble » seront ici comblés avec le retour des bons gros riffs de guitare rock/metal. Le morceau « Trouble Seeker » avec Daron Malakian (System Of A Down), également dans une belle veine rock/metal, est lui aussi particulièrement accrocheur, enfin pour ceux qui aiment les enceintes qui crament. Certains titres sont toutefois décevants et dégoulinent encore plus nettement de facilité aguicheuse (l'horripilant « Bang Bang » notamment et ses voix trafiquées, ou « I Unlimited » et son refrain facile avec ses voix alternées). Les succès des BLACK EYED PEAS et autres groupes du genre -ultra formatés radio/clip- ne sont peut-être pas étrangers à cette tendance plus putassière où on mélange rap, hip-hop et electro de dance music qu'on mettra en clip sur MTV. Et des compositions comme la ballade guimauve « Carry Me Away » r’n’bisante, voire « Take My Pain » au goût de déjà-vu et ultra calibrée, ne feront sans doute pas l’unanimité non plus parmi les fans de la première heure.

Evidemment, CYPRESS HILL n'a jamais été un groupe underground, ses premières productions et singles se sont excellement bien vendus et le succès a été rapidement au rendez-vous (les premiers albums ont été plusieurs fois platine). Difficile donc, en toute honnêté, de reprocher d'être « commercial » à ce groupe qui surfe encore un peu sur une image flingues et ganja. Toutefois, on peut bien vendre sans se vendre. Et là, bien que la majorité des titres soit accrocheuse, il semblerait que le groupe n'ait pas voulu prendre le risque de réapparaître en plein contre-courant de la tendance actuelle, plus mainstream. Par ailleurs, les propos toujours rebelles, marque de fabrique du genre d'ailleurs, demeurent archis convenus. Et si ces titres sont indéniablement formatés pour le live, on pourra toujours rechercher le fameux côté dark et raw revendiqué par son frontman-producteur. Les titres sont faciles, ok me direz-vous, et alors ? Et bien je crois que cette facilité leur nuit car elle joue sur leur durée de vie. De toute manière sur un plan commercial elle ne semble pas payante. Et puis c'est toujours plus gratifiant de conquérir une chose plutôt qu'elle se livre à vous, impression qui se dégage nettement ici. Alors oui, ça balance mais le résultat est décevant. D'où ma note peut-être un peu dure de 2.5/5. Ceux qui ne se sentent pas gênés par ce côté facile pourront lui rajouter un bon point.

Pour ma part je m'en retourne aux premiers méfaits. Et « Pass the joint on the left hand side... » ... stp.


(1) à toutes fins utiles je précise que je n’incite pas à consommer ces drogues dites « douces », même si je soutiens ouvertement leur légalisation afin que toute cette hypocrisie qui les entoure cesse enfin
(2) à noter que l’écriture et l’enregistrement de ce Rise Up s’étend sur une durée de quatre années

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- B-real (rap, producteur)
- Sen Dog (rap)
- Dj Muggs (tables, producteur)
- Eric Bobo (batterie)
- Tom Morello (guitare, basse, producteur)
- Daron Malakian (guitare, producteur)
- + Nombreux Autres Guests


1. It Ain't Nothin' (feat. Young De)
2. Light It Up
3. Rise Up (feat. Tom Morello)
4. Get It Anyway
5. Pass The Dutch (feat. Evidence, The Alchemist)
6. Bang Bang
7. K.u.s.h.
8. Get 'em Up
9. Carry Me Away (feat. Mike Shinoda)
10. Trouble Seeker (feat. Daron Malakian)
11. Take My Pain (feat. Everlast)
12. I Unlimited
13. Armed & Dangerous
14. Shut 'em Down (feat. Tom Morello)
15. Armada Latina (feat. Pitbull, Marc Anthony)



             



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