Il m’est arrivé quelques problèmes quand j’ai voulu chroniquer cet album. Sachez que même après quarante ans, cette pochette plus qu’osée n’a toujours pas conquis les puritains, qui m’ont attaqué en justice dès l’instant où ils m’ont vu avec cet objet du diable entre les mains alors que je sortais de chez un disquaire. Ne me demandez pas ce qu’ils faisaient là, j’en sais rien... C’est donc en alternant les séances de garde à vue et celles aux tribunaux que j’essaie de vous concocter cette petite chronique.

Quelle idée aussi de mettre en guise de pochette une petite fille de 14 ans entièrement nue s’amusant avec la maquette d’un avion, sur un décor de verdure à perte de vue ! Quand j’ai expliqué aux avocats de la partie adverse (ils étaient quinze...) que les membres de ce super-groupe voulait certainement faire un petit coup du pub, un petit scandale, ou faire quelque chose d’original pour se démarquer des autres groupes de l’époque, ces gros coincés ne trouvaient rien de mieux à me dire que « c’est répugnant ! » ; ils ont ajouté que je devrais avoir honte de propager cet appel à la décadence. BLIND FAITH avait alors créé le concept de la « pochette controversée », qui sera repris par de nombreux groupes par la suite, et permet à un album d’être identifiable instantanément, même sans qu'y figurent le nom du groupe et de l’album ; mais je crois que c’est l’avion qu’ils n’ont pas aimé...

Bref, parlons un peu du contenu après cette mini-histoire qui n’avait pour but que de rappeler la polémique qui a eu lieu à la sortie de cet album, et qui, évidemment, est entièrement fictive.

« Blind Faith » est tout simplement un monument. Du haut de ses 42 minutes pour six titres, il est le témoignage de la mentalité des années 70. De la démonstration, du solo en pagaille, le tout ancré sur une mélodie solide. « Do What You Like » en est le meilleur exemple avec sa durée totale de 15 minutes dont quasiment 12 minutes de solo. Il régne ici une liberté qui n’existe plus aujourd’hui. Tous les musiciens sans exception font un solo, même la basse, pendant trois minutes ! "Had To Cry Today" et dans le même genre, avec un riff reconnaissable dès les premières notes.

Alors, il est vrai que la production date et a mal vieillie. Mais toutes ces chansons sont mythiques. Ceux qui ont assisté au concert de CLAPTON&WINWOOD à Bercy le 25 mai 2010 savent quelle puissance elles peuvent dégager. « Well All Right » a été reprise par le SANTANA de la grande époque... Mais cette production vieillotte pénalise énormément les compositions. « Blind Faith » n’en reste pas moins un album à avoir écouté au moins une fois dans sa vie, au même titre qu’un album d’HENDRIX, car il a révolutionné le Rock. Rien que ça.