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- Membre : John Hackett & Moodi Drury

John HACKETT - Checking Out Of London (2005)
Par MARCO STIVELL le 11 Février 2011          Consultée 3651 fois

Pour savoir qui est John HACKETT, il faut connaitre son frère Steve. Si vous êtes arrivé(s) sur cette page et que ce nom (HACKETT bien sûr) ne vous évoque rien, c’est que vous avez zappé tous les albums de Steve en dehors de Genesis, et j’ai envie de dire que ce n’est pas bien… Bon après vous faites ce que vous voulez, mais ça m’oblige à faire un speech encore, rooooh ! Quoique de toute façon je l’aurais fait, car c'est ici le premier album pop-rock de John et il convient de préciser certaines choses.

Comme il le dit dans la préface de son premier album (Velvet Afternoon, duo piano flûte), John, guitariste à la base comme son frère, a 14 ans, en 1969, lorsqu’il assiste à l’un des premiers concerts du King Crimson mark 1 à Londres, où il découvre le son merveilleux de la flûte traversière. Il garde la guitare, instrument dont il jouera aux côtés de Steve au sein de Quiet World dans le même temps, ainsi qu'au cours des futures tournées de son grand frère, mais va aussi très vite acquérir une flûte et s’y mettre à fond… Lorsque Steve est auditionné fin 70 pour intégrer Genesis, il joue de la guitare acoustique, et John l’accompagne à la flûte. Seulement au bout d’un an, on peut se dire que le niveau n’est pas équivalent à celui de Steve avec ses cordes (et puis ils avaient déjà Peter Gabriel qui tâtait de la flûte). Quoiqu’il en soit, c’est Steve seul qui est pris. Il faudra attendre 1975 et la parution du premier album solo de ce dernier, Voyage of the Acolyte, pour voir le grand lancement de la carrière de brother John - bien que dans l'ombre de son frère -, et avec des parties pour le moins époustouflantes de technique et d’émotion (se référer à la chronique correspondante), sans parler de son travail aux synthés et pédalier basse - "Clocks", c'est lui -. Dès lors, Steve restera aux devants de la scène, mais son groupe obtiendra aussi sa petite reconnaissance, notamment le claviériste Nick Magnus et John, dont chaque partie (notamment "Kim") sera sans cesse ovationnée. Ce n’est qu’à partir des années 80 que Steve commence à aller vers de nouveaux horizons et donc d’autres musiciens. Mais John continuera de l’accompagner en concert et, occasionnellement, sur quelques albums. Il participe également au concert de Nottingham en 90 (Time Lapse Live, 1992). Puis durant la première moitié des années 90, il se fait beaucoup plus discret, n’apparaissant en tout et pour tout que lors de la tournée Guitar Noir (1993), et uniquement sur "Kim". Il réapparait au moment de l’album Genesis Revisited (1997), et figurera en tant que guest sur tous les albums studios rock de Steve jusqu’à Out of the Tunnel's Mouth (2010) inclus. Il y a une quinzaine d’années, un accident de voiture lui a laissé des séquelles au niveau de la clavicule, ce qui l’handicape sérieusement pour jouer avec une flûte traversière normale. Il s’est alors fait construire un modèle de flûte "droit", un peu comme un sax soprano, mais courbée en angle à 90° après l’embouchure. Aujourd’hui, il accompagne son frère Steve essentiellement durant les tournées acoustiques avec le claviériste Roger King. Velvet afternoon a vu le jour en 2004. L’année d’après, c’est Checking out of London (2005).

J’ai choisi de mettre l'accent sur ce Checking out of London, car je l’estime, non seulement comme son meilleur album à ce jour, mais aussi comme son plus recommendable, et de loin, à une majeure partie du public. Faire un "petit" retour sur sa carrière n'était donc pas franchement inutile, et encore moins pour un album pop-rock que pour un disque classique. Les albums et tournées de Steve avaient généreusement démontré le talent de John en tant qu’instrumentiste, et ses autres albums solos nous régalent en plus déjà bien de sa faculté de composition. Mais Checking out of London c’est, comment dire… Un peu l’aboutissement de trente ans de carrière (et pas seulement aux côtés de Steve), c’est toute la révélation du talent de John en matière de songwriting (lui qui n’était que très peu crédité ainsi avant Velvet Afternoon) ou au moins de compositeur, ainsi que, cette fois, en tant que multi-instrumentiste. Un talent qui s’était révélé depuis bien longtemps, mais qui semble exploser littÈralement au cours de cette petite douzaine de chansons. Guitares (acoustiques et électriques) et basse sont tenues par lui-même, ainsi que les claviers parfois même si il y a Nick Magnus - le claviériste de l'ancien groupe de Steve, rappelez-vous - et donc il est difficile de savoir ce qu’il fait, mais on peut supposer qu’il se réserve les parties les plus simples comme sur le morceau-titre. Et puis surtout, il y a le chant. Je n’avais personnellement jamais entendu sa voix avant, et j’ai été littéralement ému par cette chaleur, cette sincérité, dès la première écoute. Après cela, même si je mets dès lors John et Steve sur un pied d’égalité d'un point de vue talent et musicalité, et ce malgré le fait que John reste dans un terrain accessible (contrairement à son frère qui expérimente), j’offre un léger avantage au petit frère quant au fait qu’il soit imméditement arrivé, contrairement à Steve sans vouloir être trop critique, à adapter ses compositions en fonction de ses possibilités vocales. Un autre point surprenant : pas un brin de flûte sur cet album ! Bon il faut dire que Velvet Afternoon était basé essentiellement sur cet instrument, mais si l’on tombe sur Checking out of London en premier - et sans connaitre l’œuvre de Steve, ce qui a peu de chances d'arriver -, on ne miserait pas un seul euro sur le fait que John joue de la flûte, et encore moins comme un dieu.

Le reste de l’instrumentation est dominé par les claviers et programmations de Nick Magnus. Ne vous y trompez pas, que Nick se charge de la batterie, c'est vrai, mais ce n’est pas tout à fait ce que l’on croit. A la première écoute, je croyais dur comme fer que Nick était devenu un as des baguettes… Puis finalement non, pour tant soit peu que l’on ait une oreille un brin musicale, les fûts programmés se reconnaissent assez facilement, mais ça reste quand même bien fait. Du côté guitaristique et tranche de "folie" musicale, Steve n’est pas oublié et offre une poignée de solos échevelés et vibrants dont il a le secret. Lorsqu’il ne joue pas, c’est John qui solote, et même si il n’égale pas son frère niveau technique, toute l’émotion y est également, on reconnait la sensibilité qui caractérise les frères HACKETT. Les paroles sont entièrement écrites par Nick Clabburn, et les musiques par John. Il y a juste un consensus, pour "DNA" qui a été composée par les deux, et les paroles de "Dust" qui sont de John seul. On finit avec les interventions de Tony Patterson (le même que celui de ReGenesis, et que du Hexameron de Nick Magnus), et là par contre ce n’est pas la voix qui me touche le plus. Légèrement éraillée, elle n'a de réel charme que sur les chansons douces. Mais bon, il ne participe qu'à quatre morceaux, qui restent tout aussi réussis que ce que pouvait l’être "Marduk" sur le Hexameron de Nick Magnus, musicalement parlant.

Ce qui ressort à chaque écoute de cet album c’est : Steve est un grand romantique, mais son frère l’est tout autant, et si ce dernier a été (et est toujours) une présence idéale aux côtés de l’ex-guitariste de Genesis, il méritait, trois ans ou trente ans après peu importe, de prendre son envol. Les amateurs de (gentil) pop-rock ne seront pas déçus, sachant que John y incorpore des éléments folk, blues (dans les ambiances), voire même jazz : le pont de "Whispers" qui n’a strictement rien à voir avec le reste du morceau, mais qui lui va comme un gant. Sans oublier les éléments "progressifs" ajoutés par la guitare de Steve et les claviers de Nick (avec des bidouillages électro). Tous les titres peuvent être aisément cités : "Late Trains", "Fantasy", "Headlights", "The Hallway and the Pram"… Maintenant que l’on connait le "Wild Orchids" de Steve (2006), on peut rester quelque peu perplexe (dans le sens souriant) par rapport à cette première version de "Ego & Id", non seulement pour la voix - même transformée, la voix de Steve passe beaucoup mieux que celle de Tony Patterson - mais aussi pour la batterie. Moins sophistiquée que la version de Steve, mais bien sympa quand même. Le seul réel "moins" de l’album, ça reste sur "Whispers", pas seulement par rapport au chant de Tony, c’est surtout cet effet graveleux posé sur cette même voix. Un effet certainement voulu et assumé, m’enfin... Il est amusant de remarquer le décalage entre la musique et le titre, le morceau étant plus élancé que murmuré. Et puis le début est un peu abrupt aussi, mais rien de bien méchant. John nous gratifie à côté de cela de quelques ballades acoustiques ("Dreamtown", "Winter") douces et rêveuses tellement réussies et débordant de romantisme, que j’en viens presque à regretter que le bonhomme n’ait jamais pu apporter sa contribution à Genesis. Non je ne veux pas changer l’histoire, elle est très bien comme elle est, mais ç'aurait été bien quant même… Le plus beau de l’album reste le final. "Dust", qui est, pour utiliser un raccourci facile (faut dire, le refrain est ce qu’il est), le "Dust in the Wind" de John, au moins aussi beau que le tube de Kansas. Et puis bien sûr le morceau-titre, encore un sommet de rêverie avec de superbes claviers, tout à fait dans les tons de cette magnifique pochette crépusculaire. Lorsque je l'écoute, je ne peux m’empêcher de regretter que l’album se termine.

Les Genesismen proches ou parents, sont décidément très forts. Même quand ils ne s’expriment pas ou peu, et que ce sont leurs musiciens qui le font, il nait une nouvelle branche sur le grand arbre généalogique, certes un peu éloignée des membres originaux, mais qui est automatiquement ou la plupart du temps classée "à découvrir absolument", et qui permet de faire perdurer la grandeur de la famille. Cet album en est une preuve supplémentaire.

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   MARCO STIVELL

 
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- John Hackett (chant, guitares, basse, claviers occasionnels)
- Nick Magnus (claviers, programmation batterie)
- Steve Hackett (guitare lead, harmonica)
- Tony Patterson (chant lead, chœurs)


1. Late Trains
2. The Hallway And The Pram
3. Ego & Id
4. Dna
5. Fantasy
6. Dreamtown
7. Headlights
8. Winter
9. Whispers
10. More
11. Dust
12. Checking Out Of London



             



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