L'insondabilité des profondeurs de l'âme humaine me fascinera toujours. La facilité qu'ont les bipèdes que nous sommes à traverser en un clin d'oeil la totalité de la palette des sentiments restera vraisemblablement à jamais un mystère insoluble. Allez, n'exagérons pas, il aura tout de même fallu trois années pleines à Roddy WOOMBLE pour transformer la mélancolie et la tristesse latentes qui transpiraient de son précédent opus en une sorte de sublimation hallucinée, d'hédonisme caractérisé que l'on ressent à l'écoute de ce "Roll Along", single précédant la sortie de son nouvel album, l'attendu The Impossible Songs & Other Songs.

Le choix de ce titre pour annoncer l'album n'est probablement pas anodin. Entendons-nous bien, il n'est pas ici question de retournement de veste, d'abandon pur et simple de ce folk celtique délicat qui sied si bien à l'artiste pour une quelconque mouvance "à la mode". Roddy WOOMBLE reste fidèle à ce qu'il a toujours été : un personnage fascinant, doté d'une vision à 180 degrés sur les pérégrinations de l'âme humaine qui rendent si complexes nos existences. Mais, une fois n'est pas coutume, le bonhomme a décidé de concentrer son inspiration sur ces petits à-cotés radieux de l'existence, qui la rendent plus supportable et forcent à l'optimisme.

"Roll along", c'est avant tout un saxophone surprenant, qui transpire la joie de vivre par tous les pores, et précède de peu un piano et une guitare acoustique tout autant enjoués. La voix sobre et envoûtante de l'artiste écossais vient se plaquer sur l'ensemble, entraînante et réconfortante. Le psy des grands espaces se fait ici conseiller en bonheur. "Tu n'arrêtes pas de poser ces questions sur la nature du temps qui passe, mais il me faudrait trop de temps pour y répondre, pourquoi n'irions nous simplement pas faire un tour dehors", nous chante l'artiste, visiblement bien décidé à choper ce temps que l'on croit inatteignable mais qu'il parvient presque à rendre accessible.

A la fois intimiste et grandiloquent, "Roll along" est un "petit" morceau qui ne semble avoir d'autre prétention que de faire passer un bon moment à toutes les oreilles sensibles à ce folk à la fois mûr et spontané, riche du savoir-faire de WOOMBLE. S'achevant sur une dernière mélodie du saxo, qui n'est pas sans rappeler celle du "Love me do" des Beatles, le morceau semble préfigurer les aspirations plus légères de l'artiste écossais sur son nouvel album. Affaire à suivre...