Tiens Francis, tu tombes bien. Pourrais-tu prendre 5 minutes pour isoler tes 13 meilleurs morceaux afin que l'on sorte une compilation ?. Inutile d'imaginer le désarroi de tout artiste face à une telle sollicitation. En 1987, Francis CABREL peut se targuer d'une carrière longue de 10 années et riche d'une demi-douzaine d'albums studio (hébergeant autant de tubes) ainsi que d'un live. En bon artisan qu'il est, le moustachu se met donc au travail et compile harassement, agence difficilement les morceaux censés représenter cette première décennie.

Inutile de préciser que cet album se destine uniquement à ceux qui cherchent une porte d'entrée dans l'univers du natif d'Astaffort. Les autres n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent, à l'exception de l'inédit "Il faudra leur dire" qui vient clôturer l'album. Ce titre, écrit par l'artiste à la suite du baptême de sa première fille, Aurélie, met à l'honneur les enfants de la chorale d'Asnière qui œuvrent sur une bonne partie de ce morceau à la mélodie délicieusement candide et aux paroles simples. A la fois puissante et touchante, la voix de CABREL, bien que peu présente, transcende cette ballade porteuse d'amour. Constituant une plus-value sympathique pour cette compil, "Il faudra leur dire", dont le single restera de nombreuses semaines au sommet des charts, tranche avec les ballades habituellement plus fatalistes et désabusées du moustachu.

Pour le reste, 77-87 reprend la majorité des succès de CABREL, dans un ordre plus ou moins anarchique, et piochant des extraits de chacun des albums de l'artiste. Les puristes prendront plaisir à redécouvrir "Petite Marie", présentée ici dans sa version 'avec accent' (l'artiste avait été forcé d'atténuer son accent chantant lors de l'enregistrement de son premier album). Disséminés, les titres les plus pêchus de CABREL ("Les murs de poussière", "La dame de Haute-Savoie", "Encore et encore") côtoient les ballades acoustiques, tendres ou désespérées, qui ont fait le succès de l'artiste. Bien sûr, l'amateur averti regrette l'absence de petites perles moins connues ("Elle écoute pousser les fleurs", "Les chemins de traverse", "Les chevaliers cathares") qui n'ont pas connu un succès commercial suffisant pour figurer dans cette compil'.

10 ans plus tard, Francis CABREL fait l'impasse et ne publie pas de nouvelle compilation. Il faut attendre 2007 avant que le moustachu (cette fois rasé) se mette de nouveau à regrouper ses morceaux. Une compilation authentique et nécessaire, à l'image de son auteur.