On critique souvent le phénomène du revival qui semble devenir une caractéristique propre des années 2000, mais il faut avouer que l'on est parfois heureux que des groupe réactualisent la musique de nos groupes cultes. Même moi, qui pourtant commence à être profondément agacé par ce troupeau de copies sans âme, je ne crache pas sur un groupe capable de reprendre avec talent ce qui s’est fait auparavant.

THE HORRORS, c’est excellent, point. Ils n’ont pourtant rien inventé et font un simple melting-pot du meilleur des années 1980. Un premier album garage rock / psychobilly hallucinant, qui nous offre tout ce que j’aime dans le rock : une musique puissante, délirante et inspirée. Puis vient Primary Colours, leur plus grande réussite. Un mélange parfait entre cold wave et guitares noisy qu’on avait plus entendu depuis la première vague shoegaze du début des années 1990 (ah quoique non, ça revient à la mode depuis quelques temps aussi).

Faris Badwan, leader de ce quintet phénoménal, a donc décidé de se faire plaisir avec ce side-projet nommé CAT’S EYES (rien à voir avec le dessin animé du même nom) accompagné de Rachel Zeffira, chanteuse soprano Italo-Canadienne.
Cela ne s’annonçait pas extraordinaire mais pourtant plaisant, on sent que Faris veut décompresser entre deux albums de son groupe mais finalement, c’est peut être cela le problème de ce disque, puisqu’il ne se passe pas grand-chose dessus.

Ceux qui voulaient du post punk gothique comme à ce qu’il nous avait habitué jusqu’ici peuvent se passer de ce disque, il n’y a rien de tout cela. On nage en pleine dream pop sans imagination avec quelques arrangements classiques de pacotille. Quelques morceaux plus rock essayent de nous faire remuer tant bien que mal, mais on garde les pieds désespérément au sol tant la musique est molle et fade.

On ne va pas faire de procès d’intention à un genre qui cultive ce minimalisme et cette beauté qui fait justement son charme, mais pour rendre tout cela plaisant, encore faut-il avoir de l’inspiration. La voix de Zeffira est jolie mais manque cruellement de feeling tant elle ne semble pas concernée par ce qu’elle fait. C’est pareil pour Faris, empêtré dans une mollesse qui ne lui convient pas quand il ne met pas de cœur à l’ouvrage.

Le mélange entre dream pop vaporeuse et arrangements classiques inspiré de BO de films était une bonne idée, mais voilà, cela ne décolle jamais. L’inspiration mélodique y est complètement absente et la faible durée des morceaux ne permet pas aux quelques idées de s’y développer et quand c’est le cas, c’est soit très laborieux ou bien déjà vu.

Cet album de CAT’S EYES réussit à paraitre deux fois plus long qu’il est et pour un disque dont la durée n’atteint même pas la demie heure, je trouve cela très grave.
En définitive, cet amuse gueule n’arrivera même pas à nous faire patienter jusqu’au prochain album de la bande à Faris Badwan qui espérons-le, sera du même niveau que leurs disques précédents et pas aussi bons que cette récréation qui n’amuse que ses créateurs.