DARE est de la race de ces groupes rares, qui pointent de temps en temps le bout de leur nez avant de s'en retourner dans un anonymat créatif. Avec 6 albums au compteur en plus de 20 ans de carrière, on ne peut pas dire que le projet de l'ex-Thin Lizzy Darren Wharton soit des plus productifs. En contrepartie, le groupe aligne les réussites artistiques comme des perles, notamment depuis le début des années 2000. Quoi de plus naturel donc que les amateurs du combo réclament à corps et à cris la sortie d'un témoignage live ? Le groupe, qui fut dans son jeune temps la première partie de Jimmy Page, Europe ou Gary Moore, n'est pas une institution scénique, n'effectuant pas de tournée conséquente. Quelques têtes d'affiche en club, quelques festivals estivaux. C'est justement un festival, le Deep Impact (situé à Munich) qui permettra à DARE de mettre en boîte son premier album live.

L'attente en valait la peine, car si la setlist du concert est courte (DARE ne dispose pas malheureusement pas d'un statut suffisant pour lui permettre de jouer en tête d'affiche d'un festival), le son et surtout la prestation sont à la hauteur des espérances. Le quintet formé par Darren Wharton réussit parfaitement à restituer les ambiances délicates et les intonations celtiques qui se dégagent de la discographie du groupe. C'est fort judicieusement par quatre morceaux issus du petit dernier, Beneath the Shining Water, que débute ce concert donné devant un public allemand entièrement acquis à la cause du groupe. La tendresse mordante de "Sea of roses", les ambiances mélancoliques de "Stormwind" ou "Silent hills" embarquent le public dans une atmosphère bienveillante, à peine perturbée par une pluie battante de circonstance ("Invoquons le soleil !", lance à plusieurs reprises un Darren Wharton éminemment sympathique).

Après ces quatre extraits récents, DARE prend à partie d'effectuer un petit voyage dans le temps, interprétant tour à tour un extrait de Calm Before The Storm ("Someday"), de Belief ("Silent Thunder"), puis quatre extraits du premier opus du combo, Out of The Silence, plus rock que ses successeurs, et qui donne à la fin de concert une tournure très énergique. "Abandon", "Into the fire" et ses claviers imposants, surtout "King of Spades", dédié au regretté Phil Lynott, permettent de passer d'un rock mélodique classieux à un AOR nostalgique et imparable.

Bien trop court (une heure à peine), ce Power of Nature mêle la satisfaction d'entendre un témoignage live de ce groupe mésestimé et envie d'en avoir plus. Car si Darren Wharton a depuis longtemps renié le deuxième album de DARE, il reste dans la discographie du groupe (et notamment sur Calm Before the Storm et Belief) des pièces qui mériteraient avoir l'honneur d'une interprétation live. Indispensable pour les amateurs du groupe néanmoins.