Vous tenez entre vos mains la première oeuvre du légendaire combo de Sydney. Son petit nom est « The blue album » la couverture du pressage originel en 33 Tours était… Bleue… La genèse du groupe est longue. Tout d’abord prénommé FARM, l’alchimie est trouvée avec l’adjonction du charismatique batteur Rob Hirst – Une pointure de l’instrument – à l’ensemble précédemment formé par Jm Moginie et Martin Rotsey aux guitares et le géant déjà chauve qu’est Peter Garrett. Pétris d’idéaux, les jeunes gens refusent la moindre concession au système et vont voir leurs tentatives de décrocher un deal tomber à l’eau l’une après l’autre. Se rebaptisant MIDNIGHT OIL – comme « bruler l’huile de minuit » pour les laborieux qui aiment travailler tard à la lueur de ce qu’ils trouvent –, les jeunes écolos montent leur propre label pour sortir de l’impasse et c’est ainsi que sort ce premier essai en 78. Bien accueillis par la presse qui les compare volontiers à COLD CHISEL, les aussies sont dans un premier temps catalogués Hard Rock, nous allons voir pourquoi.

Tout simplement car ça dépote sec : « Powderworks » ouvre les hostilités avec une agressivité qui ne se démentira pas, même si le son des Oils va se transformer peu à peu. « Head over hells » est quasiment dans la même veine. Il y a du riff comme sur « Run by night », des solis comme s’il en pleuvait, le monde des guitaristes va d’ailleurs rester scotché par les interventions très métalisées de Rotsey et Moginie. Quand cela ne sonne par hard, c’est méchamment Punky, un punky à la sauce Kangourou cela va de soi, très raw, très roots comme sur « Used and abused ». Bref, nous sommes bien loin des standards qui feront la gloire du groupe. Enfin, un orgue psychédélique embraye sur « Surfing with a spoon », et pour la première fois, un peu de clarté transparaît dans les mélodies de nos aussies. C’est un premier pas vers la new Wave expérimentale qui fera du groupe une légende. Pour le moins l’appelation Rock alternatif ne gênera personne, mais il sera toujours ardu de définir le style de nos écolos favoris.

Bien sur, c’est un premier essai. Il n’est pas transformé car même si beaucoup de bruit et de fureur se dégagent de cet opus, il lui manque la sagesse nécessaire à canaliser cette masse de revendications et d’indignations. Assurément, les musiciens sont excellents, de fortes personnalités cohabitent ici : Garett, Hirst et Moginie sont autant de leaders naturels. Les ingrédients sont en place, nous sommes à la recherche de l’équilibre.