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The ENID - The Seed And The Sower (1988)
Par MARCO STIVELL le 25 Décembre 2012          Consultée 3179 fois

Cela devait finir par arriver à un moment ou à un autre. En 1988, bien que pris par leurs différentes activités respectives, Robert John Godfrey et Stephen Stewart arrivent à publier un album, The Seed and the Sower, mais sous leurs propres noms, et pas THE ENID. Il y aura bien sûr une tournée et même un album live, mais cette période marquera la fin de l'alliance des deux noms aussi bien musicale que personnelle. En effet, en plus d'être dans le même groupe, ils étaient ensemble à la ville. The Seed and the Sower et le futur live marquent ainsi la fin d'une époque. Bien que ce disque studio ait été publié à l'origine sous le nom Godfrey & Stewart, il fait aujourd'hui avec les rééditions pleinement partie de la discographie de THE ENID.

Il s'inspire jusque dans son titre du livre du même nom de Laurens Van Der Post qui, pour cette oeuvre, était allé puiser dans ses années de prisonnier de guerre dans le camp japonais. Rien de joyeux dans le sens où le livre traîte bien entendu de la dureté des agissements des Japonais qui tentent de briser l'âme des prisonniers, mais aussi, contre toute attente, de lien d'amitié entre ces derniers et leurs geôliers. De quoi nourrir allègrement l'inspiration aussi torturée que romantique, avant tout sensible, de Robert John Godfrey et Stephen Stewart. On remarque que certaines pièces de ce nouvel opus portent les noms de chapitres du livre, tel "A Bar of Shadow".

Un autre indice, sans parler du livre, nous est donné dès le titre : la graine et le semeur. On pourrait penser à une forme d'attachement à la terre de quelque manière que ce soit et, justement, ce disque sonne d'une certaine manière, plus 'world' que les autres. Sans vouloir dire que THE ENID suit un mouvement musical qui se révélait de plus en plus en cette fin d'années 80 (ils restent décidément toujours en marge de ce qui se fait ailleurs !), on pourrait penser que les expérimentations de Salome ont conduit à un projet plus réfléchi et plus évocateur encore des musiques traditionnelles dites 'du monde'. Par exemple, l'un des rares instruments à vent de l'histoire du groupe fait ici son apparition sous la forme du low whistle de Troy Donockley, dont c'est d'ailleurs le premier grand enregistrement connu avant une carrière à succès. Godfrey affirme d'ailleurs que la musique celtique reste l'une de ses plus grandes influences.

A part cela, "Chaldean Crossing" est le témoin introductif d'un propos réussi. Son ambiance est à la fois ethnique et éthérée, proche parfois de la new-age, rythmée par des percussions diverses et survolée par des guitares splendides, quand les voix modifiées ne s'en mêlent pas. Il s'agit d'ailleurs du disque où elles sont le mieux utilisées. On les retrouve surtout dans "Longhome", longue de quinze minutes, où elles offrent un discours plus suave que fou. On en reconnaît difficilement les paroles. Celles-ci sont écrites par Robert Perry et interprétées par Geraldine Connor sur ce "Earthborn" qui prend une dimension aussi soul que lyrique. La voix est modifiée au point de sonner comme celle de Robert John Godfrey, mais l'ensemble reste de très belle facture, conforté par un ensemble de claviers délicieusement spatial.

Sur la suite "A Bar of Shadow"/"La Rage", Godfrey et Stewart expérimentent une musique assez jusqu'au-boutiste, souvent loin des grandes envolées symphoniques auxquelles ils nous ont habitués. Le low whistle plane souvent au-dessus de passages sombres parfois plus bruitistes qu'autre chose, certaines nappes de "La Rage"sonnent de manière assez inquiétante. Mais c'est un aspect que Godfrey n'a pu s'empêcher de contrebalancer avec des douceurs sucrées (le passage printanier de "A Bar of Shadow") ou des superpositions d'effets d'orchestres (somptueux sur "La Rage"), sans oublier bien sûr les guitares diversifiées et inspirées de Stewart.
"Longhome" mêle à loisir ces mêmes aspects en ajoutant une partie un peu plus ancrée eighties ainsi qu'un final space-rock à la "Sheets of Blue" marquant l'arrivée du bassiste Niall Feldman et du batteur Damian Risdon.
La pièce de résistance de ce dernier disque reste néanmoins "Reverberations", longue de dix-huit minutes et entièrement imprégnée de la patte de Godfrey. La première partie est introduite par les nappes et le digital sound processor, pour bifurquer vers un développement romantique faussement rythmé par des cuivres, et aboutir au magnifique final au piano électrique. La seconde partie emploie exactement le même schéma, tout en rappelant le faux rythme pour rideau.

The Seed and the Sower est un disque assez difficile d'accès, peut-être plus que les précédents mais n'en est pas moins autant précieux.

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   MARCO STIVELL

 
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- Robert John Godfrey (claviers, voix)
- Stephen Stewart (guitares)
- Niall Feldman (basse)
- Damian Risdon (batterie)
- Troy Donockley (low whistles)
- Geraldine Connor (chant)
- Robert Perry (paroles)


1. Chaldean Crossing
2. A Bar Of Shadow
3. La Rage
4. Longhome
5. Earthborn
6. Reverberations



             



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