Ah, Noël ! Belle fête que celle-ci, non ? Pour les chrétiens, il s'agit de célébrer la naissance de Jésus, mais avec le temps, ce événement est devenu jour de fête pour tous, quelle que soit l'ethnie ou la religion. Après tout, c'est cool de se retrouver, à faire une fête conviviale, s'aimer, profiter de la joie environnante. Comme c'est grisant, n'est-ce pas ? Bien évidemment, il fallait que l'industrie de masse passe par là, et se dise Putain les mecs, voilà une nouvelle occase de nous faire du fric !. Et ce qui devait arriver arriva : Noël, comme tant d'autres fêtes, fut monétisée à l'extrême, au point que la première chose à laquelle pensent nos chiards à l'évocation de ce moment de l'année, c'est des cadeaux, des cadeaux !!!. Mais pas question de leur refourguer une orange comme à la vieille époque, oh non, il faudra forcément le super robot Optimus Prime ou bien la géniale maison Barbie (bah ouais, faut bien entretenir le schéma sexiste, pas question d'écouter les féministes !) qui coûtent bonbon; et n'oublions pas les accessoires sexy pour les couples qui veulent faire de leur chaumière une oasis de chaleur dans la froideur de l'hiver. Ah, et puisqu'il faut à tout prix acheter, autant le faire le plus tôt possible, non ? C'est ainsi qu'on se retrouve à acheter tout le matos de Noël – y compris les cadeaux – avec deux mois d'avance, mais quel délire! Franchement, c'est vrai qu'il faut prendre les devants, mais là il y a exagération.

Dans ce délire matérialiste relevant du portnawak, voilà que l'industrie du disque se met au diapason de ce comportement des plus honteux en proposant des albums de Noël dès le mois d'octobre, si ça c'est pas beau. Parmi ces skeuds censés être la B.O du réveillon, entre l'album country absolument cliché et le disque de rock chrétien (oh Seigneur, si ça c'est pas un genre horrible !), voilà que Christina PERRI, qui a osé vendre son âme, enfin son intégrité musicale, en composant deux chansons pour la série de films Twilight (j'utilise pas le mot 'saga', c'est trop haut pour ça), y va de son E.P spécial Noël intitulé A Very Merry Perri Christmas, censé respecter le cahier des charges d'un tel événement.

Pour le coup, il est difficile de dire qu'on est 'déçu' : en effet, tout y est, pas un pet de travers ou une fantaisie pouvant rendre le disque remarquable. La seule chanson originale, à savoir "Something About December", ne marque vraiment pas plus que ça : lignes de piano bateau, chant passable, arrangements téléphonés. A la rigueur, les paroles sont pas trop mal, et encore, faut être sacrément indulgent. Quant aux reprises qui remplissent le reste, c'est raté : il y a certes de l'émotion, mais elle est trop calculée pour être sincère. L'interprétation est tellement impersonnelle que même un type bourré qui chante de tout coeur dans un karaoké saurait montrer plus d'émotions, sans déconner. Mais dans ce marasme, Christina PERRI se permet carrément de mettre du relief dans la qualité de ses interprétations, c'est-à-dire de rendre des chansons plus mauvaises que d'autres, et c'est ainsi que "Happy Xmas (War Is Over)", une bonne chanson de John LENNON est tout simplement massacrée, c'est limite si ça fait pas de la peine.

Bref, cet E.P est clairement à l'image du spectacle mercantile dont il fait partie, à savoir futile, moche et sans émotions. Ce qui est d'autant plus dommage que Christina PERRI n'a pas une voix banale ou standardisée. Elle n'a donc plus qu'à espérer que la 'magie de Noël' (hahaha) fasse son effet et incite les gens à acheter son skeud.