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- Style : Bernard Benoit
- Membre : Genesis, Squackett, Gtr, Quiet World

Steve HACKETT - Genesis Revisited Ii (2012)
Par MARCO STIVELL le 9 Novembre 2012          Consultée 5822 fois

Steve HACKETT a beau être le musicien de Genesis le plus louable pour la régularité de son activité (tout comme Anthony Phillips, le grand oublié de l'histoire qui était d'ailleurs à son mariage) et pour son choix de perpétuer le mythe du groupe durant ses concerts, on peut toujours se poser des questions sur le choix d'une telle entreprise. Reprendre du Genesis sur album... encore ? Mike Rutherford a clairement dit qu'il aimerait voir Steve faire autre chose. Entreprise, c'est d'ailleurs le mot qui peut porter à confusion -saletés de préjugés-, car n'oublions pas que le guitariste a beau être un type adorable et entier -je ne manque pas d'exemples à ce sujet-, il a aussi sa carrière à faire tourner, surtout depuis ses déboires avec son ex-femme et le label Camino.

C'est un sentiment renforcé par cette volonté de faire cette fois des reprises de Genesis les plus proches possible des originales - on se rappelle de l'accueil plus que mitigé réservé à ses tentatives de «variations» sur le premier volume. De toute façon et surtout pour ces artistes sacrés, s'ils font la même chose au millimètre près, on leur reproche, et s'ils changent les chansons ne serait-ce que d'un iota, c'est pareil. Il y a en réalité un peu des deux idées ici, et il convient d'écouter ce disque, même s'il n'est guère original (ou si peu), comme celui de Genesis que l'on ne verra sûrement plus jamais paraître. Certes, il ne concerne qu'une période, celle où Steve appartenait au groupe, mais contrairement à certains qui ne savent toujours pas qu'il y a eu quelque chose après lui, il a une excuse. L'idée d'un potentiel album consacré à des reprises des périodes suivantes, avec arrangements hackettiens me caresse néanmoins l'esprit... Steve, si tu m'entends !

Le son est le premier argument du guitariste : le but est de faire sonner Genesis a notre époque moderne, sans rien dénaturer de l'esprit initial. On n'a donc pas un gros son contrairement aux derniers efforts solo de Steve, mais une puissance conjuguée à une clarté qui n'appartient qu'au groupe. Tout est respecté dans la réalisation, y compris la batterie. Musicalement, c'est du béton, comment pourrait-il en être autrement avec des musiciens comme HACKETT, Roger King (qui mérite d'être canonisé pour le travail titanesque sur la restitution des sons d'époque), Gary O'Toole, le petit nouveau Lee Pomeroy (Archive et It Bites, perpétuant la tradition des bassistes d'HACKETT aux cheveux longs), sans oublier ce cher brother John qui se voit un peu et enfin remis à l'honneur... Et bien sûr les guitares, ce point toujours glissant pour les détracteurs de Genesis qui demandent souvent où est l'instrument roi du rock dans leur musique. Qu'ils soient rassurés.

C'est néanmoins le chant qui va constituer la part d'originalité, particulièrement avec des gens comme Nad Sylvan de Unifaun, dont l'effet sur «The Chamber of 32 Doors» m'a donné au départ l'impression d'une fusion entre Gabriel et Collins façon DBZ et qui aurait endossé un costume de Slipperman... Très très déroutant, mais qui peut aussi joliment sonner sur certaines chansons, comme les harmonies du refrain de «Eleventh Earl of Mar». Les divers chanteurs de «Supper's Ready» (dont Mikael Akerfeldt d'Opeth et Simon, le fils Collins) jouent superbement leur rôle -malgré des effets un peu trop délirants sur «Willow Farm»-, tout comme Neal Morse sur le monstrueux «The Return of the Giant Hogweed», ainsi que John Wetton qui crée une surprise phénoménale sur «Afterglow». Steven Wilson ne copie pas la folie de Gabriel sur «Can-Utility and the Coastliners», il y rajoute sa propre part de classe. Et si j'ai souvent trouvé que la (grande) part de féminité de la musique de Genesis était bafouée, Steve lui rend justice grâce à la prestation fragile de Nik Kershaw sur «The Lamia» ainsi que bien évidemment Amanda Lehmann qui tient plus de Stevie Nicks que d'Annie Haslam mais parvient à nous convaincre sur «Ripples».

Steve a de plus contribué à accentuer le potentiel de cette musique, dans les morceaux seuls ou par de savants enchaînements. «Dancing With the Moonlit Knight» -auquel Steve n'a pu s'empêcher de rajouter une intro de guitare classique tout comme pour d'autres chansons-, enchaîné avec «Fly on a Windshield», c'est de l'or en barres. Tout comme l'intro boîte à musique de «The Musical Box» et des idées diverses comme le chant de Jakko Jakszyk qui se laisse porter au paradis sur la transition de «Entangled», ainsi que l'intrusion (au départ déroutante elle aussi) de la guitare dans le solo d'orgue de «Apocalypse in 9/8» ! Mais ces guitares restent reines, et d'ailleurs Steve fait durer la danse des Hogweed ainsi que le final de «The Lamia» où le rêve est décuplé par le duo avec Steve Rothery de Marillion. Avec tout cela, les reprises des chansons solo peuvent sembler superflues, mais c'est aussi l'occasion pour Steve de mêler son propre univers à celui de Genesis en démontrant qu'il lui est proche, surtout sachant que «Please Don't Touch» par exemple aurait pu être acceptée par le groupe. Et «Shadow of the Hierophant» (co-écrite avec Mike Rutherford) d'appuyer ma thèse sur la féminité d'une telle musique. Quant à «Camino Royale», on a l'impression que Steve ne sait plus vraiment quoi en faire depuis plus de quinze ans, la présente version avec le groupe hongrois Djabe, loin du génie de l'originale et du live de 90 n'apportant vraiment qu'un solo de trompette, tout en prenant le parti de ne ramener le superbe refrain final qu'à deux reprises au lieu de quatre...

Dans l'ensemble, si l'ambition du guitariste est aisément contestable, ne cherchons pas la petite bête et délectons-nous de cette réalisation classieuse, peaufinée et raffinée, avec de nombreux moments de grâce même si certains peuvent aussi faire grincer des dents. D'autres auraient mérité plus d'ampleur («Eleventh Earl of Mar»), ou un interprète différent. Mais arriver à redécouvrir à notre époque cette musique, ressentir le grand frisson pour l'oeuvre de Tony Banks, Steve Hackett, Peter Gabriel, Phil Collins et Mike Rutherford (et Anthony Phillips), ça n'a pas de prix. Au risque d'être consensuel (j'ai aussi une part de féminité), Steve a en plus de s'être fait plaisir, su bouleverser l'éternel amoureux de Genesis que je suis. Merci Steve, Genesis forever !

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   MARCO STIVELL

 
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- Steve Hackett (guitares, chant)
- Roger King (claviers, programmations)
- Lee Pomeroy (basses)
- Gary O'toole (batterie, chant)
- Rob Townsend (saxophones, flûtes)
- Christine Townsend (violon, alto)
- John Hackett (flûte traversière)
- Rachel Ford (violoncelle)
- Nad Sylvan (chant)
- Mikael Akerfeldt (chant)
- Simon Collins (chant)
- Conrad Keely (chant)
- Francis Dunnery (chant)
- Jeremy Stacy (batterie)
- Dave Kerzner (claviers, programmations)
- Nik Kershaw (chant)
- Steve Rothery (guitares)
- Steven Wilson (chant)
- Nick Beggs (basse)
- Dick Driver (contrebasse)
- Phil Mulford (basse)
- Neal Morse (chant)
- Roine Stolt (guitares)
- Jakko Jakszyk (chant)
- Amanda Lehmann (chant)
- John Wetton (chant)
- Attila Egerhazi (guitares)
- Szilard Banai (batterie)
- Tamas Barabas (basse)
- Zoltan Kovacs (piano)
- Ferenc Kovacs (trompette)
- Nick Magnus (claviers)


1. The Chamber Of 32 Doors
2. Horizons
3. Supper's Ready
4. The Lamia
5. Dancing With The Moonlit Knight
6. Fly On A Windshield
7. Broadway Melody Of '74
8. The Musical Box
9. Can-utility And The Coastliners
10. Please Don't Touch

1. Blood On The Rooftops
2. The Return Of The Giant Hogweed
3. Entangled
4. Eleventh Earl Of Mar
5. Ripples
6. Unquiet Slumber For The Sleepers...
7. ...in That Quiet Earth
8. Afterglow
9. A Tower Struck Down
10. Camino Royale
11. Shadow Of The Hierophant



             



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