Après le succès mondial de « O.G.Original Gangsta » Tracy –Ice T – Marrow est désormais un personnage essentiel de la scène Rap/Hip hop mondiale. Non content d’être devenu par la suite le trublion qui a lancé la diatribe du « Cop Killer » sur le premier album du groupe de Hard core BODY COUNT, voilà que Ice réinvestit avec bonheur les platines afin de légitimer encore davantage sa position de leader, d’autant qu’il nous refait le coup, sur « it’s on » en démarrant par des coups de feu. Dès cette époque cela va partir dans tous les sens, l’artiste va squatter les médias les plus divers et devenir le porte-parole des revendications minoritaires, en tout cas pour la musique. Du coup, c’est un vrai retour aux sources du rap, puisque aucun sample Rock ne vient troubler l’homogénéité de ce skeud bâti en long et en large pour les amateurs de casquette de base ball.

Et puisqu’il faut débuter, nous trouvons ici un titre autobiographique de grande qualité, il s’agit de l’emblématique « That’s how I’m livin », drivé par une pulsation maussade, sur laquelle Ice pose le flow le plus killer qui soit, c’est là qu’est sa grande force, il est probablement le meilleur MC de la scène Rap des nineties. La chansonnette cause de sa vie de ses déboires et des choix effectués. Absolument terrible, avec interdiction formelle de passer à côté, un vrai must malgré sa simplicité. « I ain’t knew this » est une vraie réussite, rythme entraînant, et sidérant d’entêtement, du vrai rap des 90’s comme on n’en fait plus aujourd’hui, avec quelques samples tirés de papy James BROWN « Funky drummer » ainsi que des collègues de PUBLIC ENNEMY pour le classique « bring the noise ».

Je suis beaucoup moins fan de « Home invasion » bâti sur les samples de « Get Up, Get into It, Get Involved » - à nouveau James BROWN - et du « Flashlight » des PARLIAMENT. « Gotta lotta love » est en revanche bien sympa. CLINTON est encore une fois passé à la moulinette sur « Funky gripsta », pour un résultat assez cool mais sur lequel n’apparaît même pas notre bon Tracy. La quasi stridence de « Addicted to danger » positionne le titre en étendard du stress made in LA… Avec un piano qui arrache la tête. Superbe performance du Microphone controller là encore. Certaines compos sont tout de même un brin daté tel ce « 99 problems », le « Depths of hell » ou même le titre éponyme bien mollasson « Home invasion ». Pour finir, l’autoproclamé « Ice Mutha fucka T », toute en modestie ne soulèvera certes pas votre enthousiasme, si ce n’est que le refrain vous marquera tous au fer rouge. Dans le même ordre d’idée le refrain de « G style » ode à l’autoglorification du Gangsta rap est assez sympa.

La pochette du skeud est éloquente : Effraction, viol, meurtre, tel est le lot de ce « home invasion » assorti d’un djeuns – déjà – plongé dans un monde virtuel drivé par le Mother-Fuckin-T, ce quelques années avant l’avènement d’internet. On remarquera en outre que Tracy a les cheveux longs sur le livret, prouvant malgré tout que ses préoccupations sont plus Rock que Rap en ces mid-nineties. Il n’en demeure pas moins que le petit frère d’Original Gangsta n’aura pas la même destinée ni le même succès que le légendaire opus fondateur du Gangsta rap, dont acte !