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- Membre : P. P. Arnold , Keith Emerson , Black Sabbath, Atomic Rooster, Asia, King Crimson
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EMERSON, LAKE & PALMER - Black Moon (1992)
Par MARCO STIVELL le 30 Mai 2013          Consultée 4325 fois

Après les errances de la fin des années 70 et de la seconde moitié des années 80, personne n'attend grand-chose d'EMERSON, LAKE & PALMER en ce début de nineties. Pourtant le trio mythique se reforme avec l'espérance d'une meilleure stabilité, même s'il ne tardera pas à être de nouveau sujet aux crises de "je t'aime, moi non plus", une autre famille cousine très forte à ce jeu-là étant celle de Yes. Black Moon a néanmoins la chance d'être crée et publié dans un contexte où tout semble aller encore bien, ou du moins pas trop mal. Peut-être déçus par le bide de 3 en 1988, PALMER et EMERSON n'abandonnent pas pour autant leurs tendances à l'AOR, bien au contraire. Le claviériste apporte même quelques morceaux initialement prévus pour son nouvel album solo, Changing States qui ne verra le jour qu'en 1995. Quant à LAKE, il réemploie également un titre de son projet avorté de supergroupe Ride the Tiger, qui avait pourtant l'air si prometteur avec un tel line-up (outre lui-même, Geoffrey Downes de Yes et Asia ainsi que... Michael Giles de King Crimson !).

Le chanteur-bassiste est décidément celui qui nous étonne le plus dans cette nouvelle reformation d'ELP, car sa voix n'est exactement la même : plus rauque, moins juvénile, plus crooneresque ! L'album résultant, Black Moon est produit par l'américain Mark Mancina, découvert par Trevor Rabin (de Yes) et qui s'illustrera quelques temps plus tard en tant que compositeur de musiques de films Disney, collaborant entre autres avec Phil Collins. Mancina insuffle à la musique de ELP un son brillant et moderne, mais pas aussi résolument américain que ce que le groupe révèlera sur In the Hot Seat en 1994.

D'ailleurs, Black Moon est un album brillant, rien de moins que l'expérience la plus heureuse publiée par Keith EMERSON et ses compères depuis Brain Salad Surgery. Le groupe officie donc toujours dans un style arena-rock, mais réussit à faire un melting pot de ses diverses influences, en plus condensé notamment pour certaines. Par exemple, en ce qui concerne les folies emersoniennes, elles sont toujours bien présentes mais sous une forme plus allégée, un propos mieux canalisé au point qu'en dépit parfois de changements de tons propres aux vétérans du courant progressif, tout semble plus fluide, élégant même. À une période où je n'avais pas encore écouté cet album, on me le citait souvent comme le We Can't Dance de ELP, sorti à la même époque en plus. C'est peut-être ce qui m'a influencé dans ma manière de l'aborder et de l'apprécier plus que les autres, en tout cas l'impression reste la même longtemps après : Black Moon n'est certainement pas un chef-d'oeuvre, mais un très très bon album, miraculeux par rapport à ce à quoi le groupe nous a habitués depuis sa période classique (bons albums certes, mais sans l'étincelle).

Le titre le plus long du disque reste celui qui lui donne son nom, du haut de ses sept minutes, quelques secondes de moins que "Desde la Vida" sur l'album précédent (et dédicace aux vieux fans, ça ne s'arrangera pas sur le suivant !). Néanmoins c'est un excellent titre, mêlant des vagues de synthé menaçantes et emphatiques -mais jamais superflues- à un rock mastoc, le tout revêtant des allures épiques grâce notamment au final avec faux fifre et caisse claire militaire, sans oublier bien sûr l'orgue Hammond qui nous avait tant manqué et que l'on retrouve sur tout le reste du disque. "Romeo and Juliet" et «Paper Blood» emploient le même style de rythme puissant, typiquement arena mais restent très différentes dans leurs influences. "Paper Blood" est d'inspiration bluesy, très efficace avec ses choeurs féminins. Dans un style plus dense et funky, on place le non moins excellent "Better Days". L'autre est la relecture (obligatoire) classique d'EMERSON, puisqu'il s'agit évidemment du thème bien connu de "La Danse des Chevaliers", extrait du ballet mythique de Serguei Prokofiev, Roméo et Juliette. EMERSON y verse sa sauce habituelle, mais conformément à ce qui a été dit ci-dessus, pas aussi pimentée qu'auparavant, au contraire nettement plus mesurée.

C'est aussi le cas de l'une des plus belles récréations modernes d'ELP, "Changing States" où LAKE et PALMER s'illustrent par leur rythmique intelligente et où EMERSON jongle entre cordes, piano, Hammond, Moog, fausses trompettes... Mais sans excès. Les autres morceaux sont également à l'avenant à leur manière, avec des accent héroïques comme le morceau écrit par Mancina, "Burning Bridges" (assez tribal), la superbe pièce de piano solo d'EMERSON, "Close to Home" (entre jazz, musique romantique et folk) et bien sûr les ballades acoustiques chères à LAKE qui nous avaient tant manqué. Trois merveilles, le très folk "Affairs of the Heart" (fameuse rescapée du projet Ride The Tiger) et le planant "Footprints in the Snow" sonnant encore plus modestes que «Farewell to Arms», où le Moog fait un peu plus rimer fantastique et celtique, comme en écho au lointain "Lucky Man". C'est sur ces morceaux que la voix de LAKE sonne le mieux, niveau distinction.

Musicalement, dans la composition comme la réalisation, Black Moon reste un album très solide, avec une pochette pour le moins inspirée.

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   MARCO STIVELL

 
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- Keith Emerson (claviers, piano)
- Greg Lake (basse, chant, guitares, harmonica)
- Carl Palmer (batterie, percussions)


1. Black Moon
2. Paper Blood
3. Affairs Of The Heart
4. Romeo And Juliet
5. Farewell To Arms
6. Changing States
7. Burning Bridges
8. Close To Home
9. Better Days
10. Footprints In The Snow



             



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