Tout amateur de Johnny Winter possède déjà dans sa discothèque le célèbre « And/Live", enregistré en 1970, brûlot incandescent de blues-rock, avec relecture de « Jumping Jack Flash » et de « Johnny B Good » quand avec son pote Rick Derringer il faisait une démonstration fabuleuse de son jeu de slide.

Les années ont passé, notre albinos a vieilli, sa santé est très fragile, pourtant il continue de donner des concerts aux USA et en Europe, jouant assis, mais conservant toujours ce super touché de guitare.
Et pour l’avoir vu et entendu en novembre 2012, je peux assurer que Johnny même diminué par tous ses excès et l’évolution d’une maladie liée à sa génétique est encore particulièrement bon.

Au niveau discographique, comme pour beaucoup d’artistes des seventies, les maisons de disques pressent le citron, ressortant des enregistrements de concert, plus ou moins bien mixés, d’ailleurs cela se nomme The Bootlegs Series (déjà neuf CD). Mais Mr Sony, ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire les amateurs de musique, mais surtout pour faire rentrer des billets verts, nous sort une nouvelle/autre/même version du show du Fillmore East complétée de morceaux joués en Floride.
Un doute subsiste sur la date de sortie, 20/10/2010?, 29/01/2013?, en tout cas il semble qu’il était déjà sorti en 2010 aux USA.
Mais pneu importe comme disait le bibemdum Michelin en faisant rouler son pneu, l’essentiel est de pouvoir écouter !

Il semble que certaines chansons de l’album sorti en 1971 avaient été éditées comme on dit poliment; car ici nous trouvons une version de plus de 22’ de "It’s My Own Fault" avec des échanges furieux de guitares. De même "Mean Town Blues", coupée dans l’album de 1971 est dans sa version intégrale de dix-huit minutes.
Deux inédits en live "Guess I'll Goe Away" et "Rock'n'Roll Hoochie Koo", ce dernier assez dispensable, mais la version de « Higway 61 Revisited » de Dylan à la slide remet les pendules à l’heure.

Il faut reconnaître que les avis sont partagés sur ce CD, certains jugent que Johnny Winter And Live de 1971, se suffit à lui-même et que les coupes effectuées donnent plus de punch à l’ensemble en supprimant des longueurs, d’autres sont comblés d’entendre l’intégralité des morceaux.
Pour ma part, je trouve logique que les morceaux soient proposés dans leur intégralité, même si sur "It’s My Own Fault" nous n’échappons pas à quelques longueurs bien que les joutes guitaristiques sont d’un haut niveau.
Une mention pour la section rythmique, si Randy Jo Hobbs fait le job correctement, le batteur Bobby Caldwell donne une pulsion qui pousse les deux guitaristes dans leurs retranchements.

Finalement, ce disque a le mérite de présenter un témoignage complet sur les shows de l’année 1970, avec des versions non tronquées et une bonne qualité de son (on ne peut pas en dire autant du Live Bootleg Series 9 sorti en avril 2013 par exemple).
Et le Johnny Winter And était un sacré bon groupe de blues-rock !