Dixiéme volume des Bootelgs Series, cette série permettant de compléter, d’éclairer le processus de création du meilleur song-writer de la musique des cinquante dernières années.
Quatre CD dans la version deluxe pour documenter la période New Morning/Self Portrait, pas vraiment la meilleure du Zim. On se souvient de la critique de Geil Marcus dans Rolling Stone qui commence par « What is this shit? » à la sortie de Self Portrait.

Le but de Dylan à cette période était de casser complètement son aura de porte-parole de la jeunesse, alors il choisit d’enregistrer à Nashville des chansons country (archétype de la musique plouc américaine pour les branchés de Greenwich Village), puis avec Self Portrait il propose un bric à brac anarchique de différents thèmes avec des chansons surtout pas engagées!
Cette stratégie, couplée à une absence totale de concerts, aura un succès relatif, certains traîneront Dylan dans la boue, quand d’autres y trouveront la preuve évidente de son génie et des motifs de croire encore et toujours en lui.

Le premier CD propose en majorité des inédits et des versions alternatives de Self Portrait et confirme que la créativité de Dylan est en basses eaux.
"House Carpenter" n’est pas mal, comme les versions sans overdub de “In Search of Little Sadie” et “All the Tired Horses”, mais le reste n’est pas vraiment indispensable excepté "Minstrel Boy", un inédit des Basement Tapes.
Le second disque reste dans les mêmes tons, on a encore droit à la version sans overdubs de « Wigwam », ce titre instrumental qui tourne en rond, et à l’inverse à une version avec cuivres de « New Morning » et puis en fin de CD, comme une madeleine de Proust une démo d’un des grands titres de Dylan « When I Paint My Masterpiece ».
Une bonne version alternative de « Country Pie » parue sur Nashville Skyline s’écoute avec plaisir.
Bizarrement deux titres du concert de l’Ile de Wight le 31/058/1969 figurent ici, plus ceux dans la version d’origine de Self Portrait dans le CD 3 font double emploi avec le CD 4 qui est consacré complètement à ce concert. Pas facile de s’y retrouver et des doublons inutiles pour les acheteurs du coffret de luxe.
Le troisième CD est la version remasterisée de Self Portrait mais un disque moyen reste un disque moyen et pour l’anecdote on mentionnera la cover « The Boxer » de Simon & Garfunkel.

Mais finalement, ce qui peut justifier l’achat de ce coffret (je parle ici de l’amateur moyen de Dylan pas du fan absolu), c’est le concert de l’ile de Wight le 31/08/1969 qui occupe la totalité du CD 4. Concert mythique qui existe depuis longtemps en bootleg, mais qui n’avait jamais fait l’objet d’une diffusion officielle. Le Band officie sur les titres électriques et c’est un vrai bonheur. Dylan qui n’a pas donné de concert depuis un sacré bout de temps est en pleine forme, sa voix est superbe et c’est tout simplement magnifique.

En synthèse, ce coffret est surtout destiné aux connaisseurs de Dylan, la période documentée n’étant pas la plus abordable, ni la meilleure, malgré l’excellent show de Wight avec The Band dont les membres n’ont pas joué sur les albums studios.
Peut-être aussi l’occasion de découvrir un aspect moins évident du Zim….