Si on s'arrête au jeu de mot douteux qui lui donne son nom, référence à un célèbre groupe américain que nous nous abstiendrons de nommer, l'ensemble écossais RED HOT CHILLI PIPERS ne donne pas forcément envie de s'intéresser à sa musique. Si l'on rajoute à ça le fait que le groupe, composé de 7 joueurs de cornemuse, s'amuse depuis 2002 à reprendre des standards du rock en version celtique, voici qui peut laisser circonspect. Sauf que, chaque membre du groupe est un virtuose de son instrument, diplômé universitaire ou champion du monde de sa catégorie, et le combo ne cesse de gagner en popularité, séduisant à chaque concert de nouveaux adeptes. Nom d'un biniou !

Le concept véhiculé par le groupe peut paraître simple : proposer une musique faite de compositions originales et de standards connus de tous, en les adaptant de manière à ce que l'ensemble des lignes mélodiques soient exécutées par les cornemuses écossaises, dites « Highland Pipes ». Pour tisser une toile et habiller l'ensemble, une section rythmique, une guitare électrique très présente et une section de cuivres viennent agrémenter cette musique inédite qui, malgré l'incongruité de son concept, parvient à séduire raisonnablement.

Intégralement instrumental ou presque (seul le dernier titre bénéficie de lignes de chant), Breathe, quatrième album du groupe, se fait donc l'avatar d'une formule qui n'a eu de cesse de s'améliorer au fil des années. Désormais composé d'une bonne vingtaine de musiciens, l'ensemble parvient, une fois de plus, à mêler reprises, adaptations de traditionnels et compositions originales avec une réussite presque insolente. Car la musique des RED HOT CHILLI PIPERS semble couler de source, comme si les titres interprétés avaient été taillés pour une version « bagrock », pour reprendre l'objectif choisi par le groupe pour se décrire. C'est particulièrement évident pour le « Don't Stop Believing » de Journey, depuis longtemps un des meilleurs arguments du combo en live, qui se prête parfaitement à l'exercice. Il en va de même pour le « Gimme all your lovin » de ZZ Top, « Hold The Line » de Toto ou «Sweet dreams », incontournable titre des Eurythmics sur lequel l'alchimie entre cornemuses, guitare électrique et cuivres fonctionne à merveille.

Si la formule trouve parfois ses limites (la reprise du « Fix You » de Coldplay peine à séduire), le groupe est suffisamment intelligent et inspiré pour parvenir à se renouveler et rendre sa formule intéressante sur la durée : « Cars », reprise de Gary Numan qui incorpore des éléments du « Smooth criminal » de Michael Jackson, invite à entrer dans la danse, alors que « Love Will Keep Us Alive », mélange bien senti entre ce tube des Eagles et le « Going home » de Mark Knopfler, joue pour sa part la carte de la sensibilité grâce à l'ajout d'un chant féminin qui apporte un plus bienvenu malgré quelques minauderies.

Entre ces reprises, les traditionnels et quelques compositions originales prennent donc des allures d'intermède de luxe, et rajoutent une dose supplémentaire de cornemuse pour ceux qui auraient peur de manquer. On ressort donc de l'écoute un peu abasourdi, en se disant que si l'album est sympa, très professionnel et parfaitement exécuté, il reste difficile d'en retirer de véritables avantages à l'écouter régulièrement. Les amoureux de ce noble instrument qu'est la cornemuse et les amateurs de virtuosité trouveront ainsi leur compte dans ce quatrième album sympathique. Pour les autres, il pourra constituer au choix une souffrance ou un bon moyen de faire fuir sa belle-mère.

Don't Stop Believing en studio : http://www.youtube.com/watch?v=QIvzPoA-Vq0