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- Membre : The Stooges , David Bowie , Blondie, Samhain
 

 Iggy Pop, The Rock Iguana (1527)

Iggy POP - The Idiot (1977)
Par MARCO STIVELL le 24 Janvier 2011          Consultée 10964 fois

The Idiot, dont le nom fait référence au roman de Dostoïevski, est à la fois un commencement et une fin, à plusieurs égards. Iggy POP est "libéré" de la machine STOOGES depuis trois ans, affranchi de son addiction à l'héroïne (bien qu'il n'ait pas complètement arrêté d'en prendre), et la Providence l'a mis sur le chemin du grand David BOWIE dont il s'est vite rapproché, celui-ci l'ayant fait chanter sur une tournée (Stations to Stations) et un album (Low).
The Idiot paraît en 1977, quasiment au même moment. S'il est le premier album solo de Iggy et donc la fin de sa longue période de galères, il sonne aussi le glas pour une autre personne, bien que ce fait ne soit arrivé que des années plus tard : c'est le dernier album que Ian Curtis de JOY DIVISION a écouté avant de se pendre. Autant dire que toute une symbolique tourne autour de cette galette.

Je vais me livrer à mon petit quart-d'heure personnel, tout en faisant court pour en arriver à l'analyse du disque. Je ne pensais pas m'intéresser à ce genre d'album (plus qu'à l'artiste) aussi facilement et encore moins de cette manière. The Idiot a été enregistré entre Berlin et Paris, et c'est vers la capitale française que nous nous tournons. Tout s'est fait au Château d'Hérouville, un lieu devenu culte pour des albums de certains grands artistes qui ne le sont pas moins. Et donc, y ont participé des musiciens français. Le plus remarquable et le plus important reste Michel Santangeli qui est mon batteur français préféré. Bien plus qu'un simple musicien de session (chose qu'il n'est jamais totalement, cqfd), ici il faut savoir que David BOWIE, qui avait une certaine idée de ce qu'il voulait faire, a fait jouer Michel sur les bandes préparatoires, en ne lui donnant qu'un minimum d'indications. Le travail de Michel a été réalisé avec tant de justesse et de spontanéité que l'iguane et le caméléon se sont limités à la première prise pour chaque chanson et que tout le reste s'est articulé autour de ces parties de batterie. On ne peut que s'incliner. Un grand bravo à Michel ne sera jamais de trop.

The Idiot est un disque assez sombre. L'essentiel de la réalisation est construit avec l'esprit de chacun des deux personnages-clés, bien que leur musique soit à la base aux antipodes. Mais si Iggy co-signe dignement chacune des compositions, BOWIE s'est quant à lui parfaitement adapté au "caractère" de l'autre tout en incorporant sa propre touche. Ce qui nous donne une sorte de mélange glam et rock pré-punk répétitif. Les chansons alternent le rock aux riffs mordants, les boucles de beats, riffs et synthés hypnotiques ainsi que quelques slows-glam plus soft ("Tiny Girls") mais tout aussi noirs que le reste. La voix chevrotante de Iggy demeure confinée à ce registre, sans jamais trop 'pousser', mis à part le refrain de "China Girl", et c'est d'ailleurs un cri d'une rage à vous en donner des frissons.

Pour ce qui est des morceaux, le constat est un brin mitigé. Ce rock bien dark a ses charmes, bien évidemment, et heureusement d'ailleurs. Allons, je n'allais pas descendre Sa Sainteté Iggy POP, rassurez-vous. Toutefois, je dois reconnaître que certains morceaux de The Idiot, bien qu'ils soient en minorité, dénotent un peu avec la qualité du reste. Le slow "Tiny Girls" par exemple, assez joli malgré tout, ne mène pas bien loin et semble n'avoir été écrit pour que BOWIE se lâche un peu au saxophone. Histoire de ne pas être trop injuste, on dira que c'est le principal véritable 'défaut' du disque, mais sur huit morceaux, longs ou non, c'est déjà important. En revanche, il convient de dire que la sauce 'répétition des effets à outrance' ne prend pas toujours non plus, en particulier sur certains morceaux de l'ancienne première face. "Mass Production" n'est donc pas inclus, c'est même carrément LE titre où cela fonctionne le mieux, et pourtant il fait huit minutes, sans trop de variation ! "Nightclubbing", c'est l'inverse, malgré un beat bien trouvé, cette chanson aux accents bluesy n'est pas des plus mémorables, elle ne s'intègre bien que grâce à son ambiance 'lourde'. Et en parlant de rythmique, le batteur que je vous ai décrit plus haut arrive à placer suffisamment de subtilités pour que cette répétition de thèmes pas toujours mélodiques ne soit pas trop indigeste. "Sister Midnight", par exemple, fonctionne à merveille. Notons encore les "Dum Dum Boys" et "Funtime" au rock acéré particulièrement savoureux.

Mais le clou de The Idiot, la vraie perle, c'est bien "China Girl". Lorsqu'on a connu la version de BOWIE seul (et sortie des années plus tard dans un autre contexte), on peut dire que ça change ! Iggy passe d'une voix de quasi-crooner (couplets) à celle d'un héros pré-punk (le même qu'il a été au sein des STOOGES) lors du fameux cri sur le refrain. Et c'est à ce moment-là que cette chanson, qui n'avait de réellement remarquable que sa partie de xylophone d'intro et quelques parties de guitares, prend tout son sens. Tout le passage qui suit, à dominante instrumentale jusqu'à la fin de la chanson, est d'une densité incroyable. Le saxophone vient s'y perdre, les cordes de l'ARP-Solina de BOWIE tissent une ambiance épique, les guitares sont monstrueuses. Bref, le pied. Quel morceau !

The Idiot, bien que pas dénué de défauts, reste un très bon disque aux charmes multiples, un peu exigeants toutefois pour qui n'a pas l'habitude d'écouter ce genre de musique. A découvrir et redécouvrir !

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   MARCO STIVELL

 
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- David Bowie (synthétiseurs, piano, guitare)
- Iggy Pop (chant)
- Michel Santangeli (batterie)
- Carlos Alomar (guitares)
- Dennis Davis (batterie)
- George Murray (basse)
- Phil Palmer (guitares)
- Laurent Thibault (basse)


1. Sister Midnight
2. Nightclubbing
3. Funtime
4. Baby
5. China Girl
6. Dum Dum Boys
7. Tiny Girls
8. Mass Production



             



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