Véro est très belle sur la couverture de son septième album studio. Pourtant une certaine tristesse émane de son visage, sa pose elle-même rappelle les complexes de l'enfance. Le titre est-il une admonestation ? Une supplique adressée à un homme ? A ses hommes ? Que de questions... La situation reste inchangée, elle vit toujours en Californie avec Stephen STILLS, et bosse dans cet environnement plutôt privilégié. Pourtant les titres de l'album annoncent les changements à venir.

Deux singles sont tirés de cet opus. Tout d'abord l'éponyme "Laisse la vivre" ne changera pas votre vision des talents de la blondinette, mais une certaine mollesse, voire de la nonchalance sur le refrain ne permet pas à ce titre de truster les sommets des billboards. J'aurai tendance à dire que c'est un poil trop variété pour mes oreilles... Pas mon trip. En revanche les paroles sont une revendication d'indépendance évidente. Stephen commencerait-il à la gonfler sérieusement ?
Le second single est "L'amour qui bat", toujours au centre de ses préoccupations. les paroles sont la confirmation des doutes qui l'assaillent, elle annonce des lendemains différents. Bien qu'un peu datée au niveau des jolies orchestrations, la chanson se laisse apprivoiser avec plaisir.
Finalement, la chanson qu'on retiendra de cette livraison 81 est la célèbre réponse à la question posée par son ex Michel BERGER sur "Seras-tu là" enregistrée six années plus tôt, et qui arrivera sous la forme de la solennelle "Je serai là", un de ces classiques.

Il faut signaler "Monsieur Dupont", délivrant une ambiance très "variété française des eighties", avec un talent certain, Véro narre une tranche de vie assez sympa, même si j'avoue ne pas trop aimer le refrain de la chanson, assez habituel, sinon récurrent chez Miss SANSON. L'ode à "Santa Monica" ne respire pas franchement l'ambiance west coast chère à son mari, mais le titre s'écoute bien, et rappelle plutôt les livres de John STEINBECK. "Les choses qu'on dit aux vieux amis" est le triste rappel des trahisons qui ponctuent l'existence de tout un chacun. Enfin la très courte complainte "J'aime Magdaleno de Barcelona" est certainement celle que je préfère dans cet album.

Le principal défaut de "Laisse la vivre" est pour moi l'absence d'un véritable classique comme "Le maudit", "Amoureuse" ou "Ma réverence". Cela fait une sacrée différence lorsqu'on analyse la discographie. Cependant, l'album fait preuve d'une belle régularité, et bien que se situant à la croisée des chemins, il continue de livrer avec ferveur les joies et tristesse qui traversent l'existence de Véronique SANSON, artiste à part et bien vivante. C'est donc un trois de circonstance pour un album de transition que je ne recommanderai pas pour débuter la disco de la blondinette.