L'entrée dans le monde du rap pour PASSI s'est déroulée sous les meilleures auspices avec le MINISTERE A.M.E.R qui lui a permit de se faire un nom dans le métier. Quand il se lance dans une carrière solo avec son premier album en 1997 baptisé Les Tentations, on va reconnaître le PASSI que l'on aime du groupe que l'on a aimé qui s'est arrêté trop tôt.

C'est une époque où les grands groupes sont à leur apogée. IAM est dans sa phase montante avec l'album L'école du Micro d'Argent, NTM sort tout juste d'un Paris sous les bombes qui a eu un effet tonitruant sur le rap actuel. Bref, PASSI va devoir jouer ses meilleures cartes pour se faire entendre dans un milieu déjà bien rempli et qui a ses repères.
Et fort heureusement, le rappeur va nous sortir un album magnifique.

Passé l'introduction où l'on imagine un jeune homme prendre l'avion pour arriver en France, arrive le morceau « 79 à 97 ». Récit autobiographique de l'arrivée du rappeur en France, plein d'espoir à l'époque. Un texte émouvant sur une instru vraiment bien ficelée, et un refrain qui groove du tonnerre avec un chant presque reggae tout à fait adéquat. L'album va être une successions de morceaux dans le genre, excellents avec une instru et des refrains judicieusement trouvés. On retient forcément le titre « Je Zappe et je Mate » où le rappeur ose sampler la bande originale de la série (comique?) télé Les feux de l'amour. Le rappeur réussi ici à parler avec cohérence des programmes télés foireux de l'époque – sujet toujours d'actualité d'ailleurs.

Mais même si ce morceau s'est révélé être un single de l'album qui a permis à PASSI de se faire connaître, il est loin d'être le meilleur titre de l'album. L'habituel sujet de l'état et la police avec « Le Maton me guette » propose un refrain correct et des couplets bien foutus. L'apparition de son ancien collègue STOMY BUGSY sur « Le keur sambo » se révèle être remarquable, le rappeur ajoute une réelle valeur au titre funk.

L'album est aussi source de plusieurs coups de cœur. En premier lieu, « Le sang de la vendetta », morceau tout simplement magnifique, sur une instru posée et calme, PASSI et son ami invité AKHENATON font des couplets géniaux chacun leur tour. D'ailleurs, l'invité reviendra pour le titre bonus « Le Monde Est à moi » qui pour moi est le meilleur morceau de l'album et sans aucun doute un pilier du rap français, magnifique en tout termes. PASSI pousse l'émotion quand il rend hommage à une personne qui lui était chère, décédée sur « Tu me manques ». « Hip Hop Crazy » retient moins l'attention, « Il fait chaud » nous perd dans un délire r'n'b avec un instru mielleux.

Finalement, ce sont les trois derniers morceaux qui vont s'avérer être les meilleurs de l'album, à une vache près. Visez moi la justesse de « Le Jardin du Diable » avec son refrain digne des grands rappeurs américains qui avaient pour habitude à l'époque de nous envoyer des refrains de la sorte. Ne faites surtout pas l'impasse sur « Les Flammes du Mal », morceau avec une instru encore une fois choisie avec justesse et des paroles bien foutues. Mais mon obligation de chroniqueur est de vous indiquer le meilleur. Si vous DEVEZ écouter un morceau, c'est « Le Monde est à Moi ». Un classique magique.

PASSI s'en sort à merveille avec cet album, bien ficelé qui n'a rien à envier aux grands de l'époque, si ce n'est quelques passages plus mous que l'ensemble de l'album. Mais on félicite quand même le rappeur qui a su faire un album solo extraordinaire, en restant intègre aux principes de son groupe.

Note : 4,5/5
A ne surtout pas louper : « Le Monde est à Moi »