Quiconque ne connaît que les 4 premiers FAUST sera bien surpris en découvrant que non seulement le fameux groupe de krautrock est encore debout, mais plus encore, qu'il continue de sortir des disques. Oh, depuis sa reformation en 1990, on ne peut pas dire que les productions ont afflué, mais tout de même, la moyenne est quand même plus élevée que chez AGITATION FREE, par exemple, sans compter que FAUST est devenu plus productif qu'auparavant depuis la seconde moitié des années 2000 – et je ne compte même pas la scission de Hans-Joachim Irmler. FAUST est donc clairement actif, notamment en 2014 qui voit la publication de son dernier album en date, jUSt.

C'est un album qui, pour être honnête, ne peut pas être considéré comme autre chose que du FAUST. Le groupe, réduit au duo Jean-Hervé Péron/Zappi Diermaier, a continué sa voie assez unique en son genre (du moins quand FAUST est apparu), et ne semble pas prêt de dévier sa route. FAUST paresserait-il alors ? Difficile à dire, mais il ne tape pas trop dans le passéisme non plus – sinon, pourquoi aurait-il collaboré avec le groupe de rap Dälek ? jUSt est donc du FAUST, on l'a bien compris, mais... est-ce du bon FAUST ? Dur dur d'être aussi catégorique. jUSt se défend assez bien pour ne pas passer pour un gros boulet, mais dans le même temps, il paraît peu évident de ne pas se dire 'c'était mieux avant', ou, de manière plus posée, 'ils auraient p'têt dû s'arrêter'.

Ce n'est pas faute de proposer du contenu intéressant. jUSt commence très bien d'ailleurs, avec un "Gerubeit" très indus et à la montée en puissance réussie, suivi de "80hz", tout de même un peu plus brouillon. "Sur le ventre", dont on peut admirer le clip sur la chaîne Youtube de Bureau B, offre une rythmique intéressante dominée par un son de cloche régulier, tandis que Péron déblatère des conneries dans la langue de Molière.
Après "Cavaquiñho", aussi court que charmant, FAUST se plante. Ce n'est pas chose nouvelle que de voir le groupe s'affaiblir en fin d'album, même So Far souffrait du même problème. Le souci, c'est que jUSt dure 52 minutes étalées sur 12 morceaux, et que les quatre premiers sont les seuls à justifier l'achat de l'album. La palme revenant à "Der Kaffee Kocht", piste monotone où l'on entend un arbre se faire scier en rythme, avec deux-trois percus perdues. On pourrait dire que c'est ça FAUST, du nawak érigé en musique. Oui mais non : FAUST, c'est surtout l'art de rendre intéressant un amas de sons et montages audio inintéressants à la base, comme l'a prouvé le premier album.

jUST se finit sur la note a priori positive de "Ich Sitze Immer Noch", un final acoustique et relativement calme et simple. Cependant, si l'espoir d'un final explosif n'est pas si déçu que ça, il n'empêche que la fadeur et surtout la longueur du morceau (7 minutes) gâchent vraiment la fête. Une fin moyenne pour un album qui ne l'est pas moins, en somme. FAUST continue sa route, mais avec de tels disques, il n'est pas sûr que le duo puisse continuer à fédérer les amateurs de krautrock, même si ces derniers pourront toujours l'exhiber comme fierté toujours en activité.

Note réelle : 2,5/5

Le clip de "Sur le ventre" : https://www.youtube.com/watch?v=op6FRZGo4ek