COMMON est un des plus gros rappeurs des Etats-Unis. Sur le plan musical, il n'a plus rien à prouver, et même si sa carrière ne s'est pas étendue comme elle l'aurait mérité à l'international (hormis le titre "The People" qui a eu son heure de gloire dans nos contrées), il peut se vanter d'avoir une influence considérable sur tout ce qui se fait dans son pays. Il y a bien de quoi, le rappeur de Chicago nous offre avec Nobody Smiling son dixième album.
Les albums de COMMON qui ont le plus brillé sont ceux sur lesquels le grand rappeur Kanye WEST enfile son costard de producteur et mijote à notre rappeur les meilleures instrus du moment pour en faire des morceaux à l'efficacité redoutable. Et le point regrettable, c'est qu'il n'y a pas de trace de Kanye WEST sur cet album. Mais qu'importe, il est accompagné d'un compère de choix, No I.D, l'un des plus grands producteurs américains.

L'album est définitivement sombre. Que l'on parle de son titre, évocateur d'une société qui souffre que COMMON veut retranscrire dans son album, ou de la pochette de celui ci, sombre avec le visage du rappeur qui ne sourit pas - comme le demande le titre - et a un regard qui montre son inquiétude. Rien qu'en examinant les caractéristiques extérieures de l'album on perçoit un rendu sombre et peu élogieux envers ce monde.
Le premier single choisi pour décorer la sortie de l'album est curieusement "Kingdom", un titre assez difficile d'accès par son instru complètement décalée et déroutante, et un rap assez déconcertant de la part du rappeur. Très vite le morceau "Diamonds" en featuring avec le rappeur BIG SEAN va arriver. Probablement le morceau le plus commercial de l'album, il n'en reste pas moins un excellent cru au discours critique envers la société de consommation, très juste.
Heureusement le rappeur reste l'un des plus grand paroliers dans son genre et nous sort des phrases faites pour faire réfléchir, les thèmes abordés (religion, société de consommation, et société en général) sont généralement traités avec luxe comme toujours chez le rappeur.

Mais l'impression principale qui ressort de ce Nobody Smiling, c'est un aspect déroutant. On ne reconnait pas vraiment le COMMON à ses heures de gloire sur Be ou Finding Forever. C'est plutôt le COMMON des premiers albums Can I Borrow a Dollar ou Resurrection qui ressort là. Des instrus épurées au maximum (visez moi "Blak Majik"), voir même venues d'une autre planète (ici, on parle plutôt de "No Fear", qui même si c'est un morceau inhabituel n'en reste pas moins excellent). Voilà, on a l'impression que le rappeur de Chicago, si simple et si humble jusqu'ici, a voulu pousser un concept mais il en a fait trop. Presque aucun titre ne ressort, cet album est vide et fait pâle figure dans la discographie du rappeur.

On peut considérer ce Nobody Smiling comme un coup de mou étant donné la qualité de son prédécesseur, mais la réception plutôt mauvaise de cet album en termes de vente est un coup de poing à la carrière du rappeur, qui va devoir relancer la machine (pourquoi pas une nouvelle alliance avec Kanye WEST, les deux ensemble ont un effet de synergie inégalable). En attendant, j'essaie encore de trouver des points forts à cet album, ne voulant pas accepter le fait que l'un de mes rappeurs favoris a bel et bien sorti son album le plus mauvais en 2014.