Dommage que l'on soit obligé d'indiquer le nom de l'artiste au moment de publier une nouvelle chronique, parce qu'un petit jeu à la The Voice aurait été propice pour notre rappeur : je vous mets les quelques premières rimes de « Les 3 murs de ma Chambre », je vous demande quel est le premier mot qui vous vient à la bouche et vous me dites tout de suite FURAX. C'est forcé. Ce type a une voix tout droit revenue des morts, une haine dans son flow qui le rend si atypique. Impossible de ne pas le reconnaître, même dans une foule de 20 rappeurs.

FURAX, c'est une grosse carrière pour un rappeur Toulousain trop peu connu du public français. C'est 3 albums solos, mais aussi de nombreux projets de groupe – citons INGLORIOUS BASTARDZ, complètement génial – et de nombreuses apparitions en featuring. En 2014, Barbarossa nous revient avec Testa Nera.

Disons le tout de suite, cet album est une pépite. Il n'y a absolument aucune instru qui soit de mauvaise facture, il est entouré d'une équipe de production qui vaut de l'or et ça depuis ses débuts. Quand aux morceaux, ils sont tous aussi géniaux les uns que les autres, si bien qu'il est complexe de créer une sélection de quelques titres à faire découvrir en priorité pour aborder l'artiste avec ses morceaux les plus simples. Tâchons d'y arriver quand même. Dans un premier temps, « Le Poids du Mal » reflète bien l'artiste, avec une instru assez douce et épurée et sa voix de tueur en série qui n'en est pas à son premier. « Qui m'demande » est tout autant conseillée. C'est l'un des premiers morceaux qui a montré son nez avant l'album. Il est dynamique, accessible à tous car FURAX signe ici sa chanson dite égotrip, qui veut que l'on parle de soi, de façon égocentrique, bien entendu. Impossible – inacceptable, même – de passer à côté de « L'exécuteur », énorme chef d'oeuvre de l'album, qui nous emmène dans une ambiance sombre voir mortelle, où notre rappeur crache sur tout ce qui lui déplaît, avec une justesse déconcertante.

De nombreux thèmes sont abordés dans ce Testa Nera. Si l'alcoolisme est mis à l'honneur dans « Le Chant des Hommes Saouls » (visez moi cette instru, du génie!), vous comprenez rapidement que FURAX ne fait jamais dans le joyeux et le crémeux. Il est là pour gueuler, contester, cracher sur tout ce qui lui déplaît. Actuellement, nous n'avons pas vu de rappeur exécuter ce boulot mieux que lui. « L'étoile noire » appuie nos différences selon les milieux desquels nous venons et les conditions des sans abris. « La France sans Maquillage » critique avec haine mais la plupart du temps beaucoup de justesse notre joli pays.

Et cette fin d'album, parlons en. « Fin 2012 ». Un des rares morceaux de rap à nous avoir fait lâcher une larme, car certaines paroles sont d'une justesse sans précédant. J'aurais aimé vous citer les passages les plus troublants, mais c'est un tout, ce morceau est indiscutablement un monument du rap sous tout point de vue.

FURAX l'annonce dans son dernier morceau : cet album clôture sa carrière solo. Grand regret pour votre chroniqueur, mais aussi grand espoir de le revoir dans INGLORIOUS BASTARDZ ou d'autres projets. Ce type a un charisme, un style propre à lui, tellement unique et bluffant à la fois. Inutile de dire qu'il fait partie des plus grands du rap underground. Testa Nera est une pépite du rap français, malheureusement trop peu connu par le grand public. Espérons que notre rappeur n'en a pas fini là.