Voici comment pratiquer un efficace hara-kiri dans les nineties alors que vous avez été une icône quasi intouchable lors de la décennie précédente. D'abord vous créez une pochette dans un ton ignoble, genre jaune cocu orange caca. Puis vous dévoilez un concept super canon et trop bandant, un album de reprises des fifties ! je vous le fais pas dire, déjà que les gars rigolent en matant le nom du groupe en 94, c'est pas gagné pour faire un carton ! On peut de plus faire confiance à Huey et Johnny Colla pour choisir des titres bien inconnus des répertoires... bref, vous aurez compris, on va se prendre le mur à une vitesse folle, comme Marty a chaque fois pour attendre les 55 miles per hour... Voila voila... Il semble clair que personne ne va aimer cet album.

On va tout de même débuter par les morceaux les plus connus de cet opus. Ah, tout de même, il y a la "Shake rattle and roll"... sympa mais on accuse un sérieux manque de folie dans cette version, qui disparaît face à celle du grand Bill HALEY. Plus loin, vous allez tomber sur la reprise de "Little bitty pretty one" que les news transforment en doowop à leur sauce. Hélas, notre Huey n'a rien de comparable avec le juvénile Frankie LYMON, et c'est un vrai naufrage. un stanbdard du blues cette fois "Good morning little school girl" de Sonny boy WILLIAMSON, hélas, mille fois hélas, n'importe quelle version de n'importe quel bluesman qui se respecte rend mieux que celle ci, qui semble sortie d'une répet' d'un groupe d'ados. Ah, "Stagger Lee" est là, un titre mi-rock mi-soul très doowop comme on les aime... Bon ce n'est pas vilain, mais on est bien loin de Lloyd PRICE... C'est désespérant !

Nous retrouvons donc pas mal de titres soul dans cette livraison,le petit pêché mignon des californiens. Le résultat me semble meilleur que pour les reprises de Rock'n'roll. "She shot a hole in my soul" est assez sympa. On retrouve aussi une version chouette de "Some kind of wonderful", ainsi que "You left the water running" popularisée par Otis REDDING et Wilson PICKETT, ici le résultat est plus que convenable. "Function at the jonction" est acceptable de même que la rapide "Better to have and not feed". Mais on va dire que cela reste de la musique d'ascenseur dans le meilleur des cas... Autant se faire les originales !

Sinon, c'est donc rock'nroll de partout, on peut aussi signaler la trépidante "Your cash ain't nothin but trash". La "Blue monday" du gros FATS DOMINO est ensuite bien enjouée comme il se doit. Mais le titre le plus réussi de l'album est probablement le plus rockabilly du lot, ce "Going slow down" que je ne connaissais pas, ou l'harmonica de Huey "Bluesy" LEWIS retentit fort à propos en compagnie de la jolie gratte de Chris Hayes.

Bon, c'est clair et net, tout ça est bien sympatoche et tout et tout, mais franchement, on se demande bien ce qu'ont voulu faire Huey et ses nouvelles en proposant un tel album, à une époque ou seul le grunge cartonne dans les charts... Certes, vous pouvez l'écouter de manière assez détendue du gland, sans vous poser trop de question... ça peut passer. Mais si on rentre dans les détails, on est morts ! Je ne met pas le un, car certains titres sont accrocheurs mais la démarche est définitivement à proscrire. Déconseillé !