Recherche avancée       Liste groupes



      
ART-ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2015 Destrier

AGENT FRESCO - Destrier (2015)
Par MR. AMEFORGÉE le 9 Novembre 2015          Consultée 2125 fois

Il y aura sûrement un débat pour savoir si la pochette du nouvel album d’Agent Fresco est belle ou ridicule, ou bien si, par un incroyable miracle d’équilibre, elle parvient à être les deux à la fois. Difficile d’avoir l’air sérieux, tout de même, quand on a une crêpe sur la figure, même si celle-ci, toute de flammes, tient lieu de métaphore et renvoie de manière assez évidente aux sentiments mauvais qui peuvent empoisonner nos existences. Peut-être est-ce là le message : la colère, l’angoisse, la haine défigurent. Nous carbonisent de l’intérieur. Gare à la crêpisation des esprits. À défaut, préférez le blé noir.

Venu de ce riche terreau musical qu’est l’Islande, Agent Fresco jouit déjà d’une solide réputation en son pays, fort d’un très bon premier album paru en 2010. Avec le second et présent effort, qui a mis plus de temps que prévu à voir le jour, il enfonce le clou et confirme les promesses. À la composition, le guitariste Þórarinn Guðnason ; aux paroles et au concept, le chanteur Arnór Dan Arnarson, que certains connaissent peut-être déjà pour ses collaborations avec le compositeur Ólafur Arnalds (la B.O. de la série Broadchurch, notamment).

Mais de quoi est-il question au juste ? De rock alternatif travaillé, un peu prog, un peu mathrock, finement arrangé et porté par une voix venue d’ailleurs. Ici, l’étiquette est plus facile à coller que sur le précédent disque, la recette ayant été affinée. Pas améliorée, mais dégraissée, et ainsi rendue plus digeste.

Pas de concept-album au sens strict du terme, mais un fil rouge, déjà annoncé par la pochette : les sentiments négatifs qui nous consument. Destrier, en anglais comme en français, c’est le cheval de guerre des temps médiévaux. Un paronyme, aussi, de « destroy ». La bête hostile, ici, se veut cathartique. Toutefois, il faut le souligner, si les racines qui sous-tendent le projet sont torturées, le résultat, musicalement parlant, s’avère plus élégant que violent.

Quatorze titres, dans l’ensemble plutôt courts, comme autant de fragments d’un miroir brisé à recoller. D’un côté, les riffs d’une guitare à dents de scie, une batterie sophistiquée qui n’en finit plus de prendre le temps à revers, et de l’autre, des nappes de clavier discrètes, les ondées délicieuses d’un piano lumineux, des arrangements légers et subtils : Yin et Yang valsant sur un tatami pour le plaisir des oreilles.

Destrier, c’est une beauté accidentée comme un Janus à deux visages à qui on aurait un peu arrangé le portrait. On pourrait multiplier les évocations : le piège chaloupé de « Pyre », le single d’ouverture « Dark Water » avec son break au piano, l’instant diaphane que constitue « Let Fall the Curtain », il y en a tant. Le morceau-titre, « Howls », « See Hell », le superbe « Bemoan »… Toujours, des variations dans les dosages. Aux deux extrêmes, le très bref « Angst », qui commence comme un Muse d’Origin Of Symmetry et se finit de manière plutôt sauvage, et l’aussi bref, « Citadel », qui ose le funk bucolique.

Le dernier argument à faire valoir, mais pas le moindre, c’est Arnór Dan Arnarson lui-même, dont la voix d’or éclaire tout l’album. Paradoxe, si l’on considère qu’il met ses tripes sur la table, évoquant tour à tour la maladie et la mort de son père, l’agression violente dont il a été victime il y a quelques années, les angoisses et le désir de vengeance qui en ont résulté. Mais il en est ainsi, le chant très pur, sensible mais sans sensiblerie, est une merveille.

Tissé par des lignes d’opposition, noirceur et lumière, rugosité et douceur, pesanteur et légèreté, Destrier nous raconte en un sens l’histoire d’une résilience, comme il arrive parfois en musique : transmuter le plomb en or, le traumatisme en art, le chaos en création. Comme pour sa pochette, finalement, c’est un miracle d’équilibre. Puissant.

A lire aussi en ROCK PROGRESSIF par MR. AMEFORGÉE :


Mike OLDFIELD
Tubular Bells (1973)
Le célèbre instrumental qui illustra L'Exorciste

(+ 2 kros-express)



LUNATIC SOUL
Walking On A Flashlight Beam (2014)
Randonnée en Onirie


Marquez et partagez







 
   MR. AMEFORGÉE

 
  N/A



- Arnór Dan Arnarson (chant)
- Hrafnkell Örn Guðjónsson (batterie, percu)
- Vignir Rafn Hilmarsson (basse)
- Þórarinn Guðnason (guitare, piano, programmation)


1. Let Them See Us
2. Dark Water
3. Pyre
4. Destrier
5. Wait For Me
6. Howls
7. The Autumn Red
8. Citadel
9. See Hell
10. Let Fall The Curtain
11. Bemoan
12. Angst
13. Death Rattle
14. Mono No Aware



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod