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SHOW DANTESQUE  |  LIVE

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- Style : Ayreon
- Membre : Pink Floyd

Roger WATERS - Roger Waters The Wall (2015)
Par LONG JOHN SILVER le 22 Février 2016          Consultée 5611 fois

NDLA : Franchement, si tu n’aimes pas The Wall, voire que tu détestes ce disque, c’est ton droit le plus strict mais il est inutile de perdre ton temps à lire cette chronique, à la limite va zyeuter la Kro Express de Walter qui vaut son pesant de pop corn.

Comme j’avais déjà eu l’occasion de l’exprimer dans ces vénérables colonnes, Roger Waters ne s’est jamais remis d’avoir écrit, coproduit et joué sur The Wall, album sonnant le glas des années fastes pour PINK FLOYD, tout ce qui allait suivre question disques (avec puis sans lui) ne dépasserait pas le stade (sauf en concert) de l’anecdotique plus ou moins chargé d’intérêt, la chanson "High Hopes" étant l’arbre masquant une forêt sur le déclin. Non pas que les disques fussent tous foncièrement mauvais*, mais quand même l’inspiration avait en large partie fui le navire. Idem concernant les carrières solos aux sorties parcimonieuses de ses deux principaux protagonistes. The Wall avait provoqué la polémique chez les exégètes à sa sortie, il continue de l’alimenter de nos jours et quelque part c’est tant mieux. De ce délire paranoïaque plus ou moins larvé (cf l'interpellation du public par Roger en plein show), Waters a fait la pierre angulaire de sa carrière, promenant un spectacle total sur les routes du Monde entier au cours des récentes années. Spectacle ahurissant, décoiffant, parfois dérangeant notamment lorsque Pink Roger tire à la mitraillette face à la foule, chose qui aurait bien du mal à passer actuellement au su des événements tragiques qui ont secoué Paris fin 2015. Oui mais spectacle totalement réussi, et là il faut être d’une extrême mauvaise foi pour ne pas le reconnaître quand on a eu le bonheur (oui oui) d’y assister.

De ce show pharaonique, l’homme a tiré un film, c’était prévisible au vu des moyens étalés, si ce n’est qu’il s’agit là de la troisième version live disponible de ce spectacle ayant évolué au fil de ses productions successives. La première, The Wall-Live In Berlin, parue en 1990 surfait opportunément sur la chute du mur de Berlin et faisait la part belle à de multiples invités dont on retiendra surtout la performance de Brian Adams sur "Young Lust". Le concert fut grandiose et avait fait l’objet d’une sortie en VHS, néanmoins la multiplication des intervenants avait tendance à diluer le propos anti-militariste en soirée people chez les rock stars. La deuxième vit le jour dix ans après, Is There Anybody Out There, excellent disque dont la parution fut contestée par Waters, revenait aux sources puisqu’on tenait là une captation sur les quelques concerts donnés par PINK FLOYD au début des 80’s. Fin 2015, Roger nous livre donc cette nouvelle version en audio et en DVD. Pour la petite histoire, il se trouve qu’outre Waters lui-même, un autre musicien, le guitariste Snowy White, est crédité sur toutes ces sorties.

L’objet DVD reproduit à présent le film projeté en salles, or il ne s’agit pas là d’un simple concert puisque celui-ci est entrecoupé par un road movie, Waters s'y met en scène lors d’un voyage où il traverse la France en direction de l’Italie afin de se recueillir sur la tombe de son grand père puis devant le mémorial où est gravé le nom de son paternel, les deux étant tombés au cours de chacun des conflits ayant secoué l’Europe (et le Monde) pendant le XXe siècle. La vocation du site n’étant pas (encore ?) de fournir des critiques de films, seuls les aspects ayant trait au spectacle et à la musique ont été pris en compte dans la présente chronique.
Waters possède un ego proéminent, tout le monde le sait, pas toujours pour le meilleur, alors il n’hésite pas à mettre le paquet pour défendre sa pièce maîtresse. On note assez peu d’évolutions dans la version actuelle, "The Ballad Of Jean Charles de Menezes" qui fait figure de courte transition vers "Mother" (introduite en français dans le texte) étant la seule pièce inédite livrée au public. Les soli de Gilmour sont – comme de bien entendu – repris à la note près, aucun sacrilège de commis de ce point de vue, l’œuvre défendue est fixée à la manière d’un opéra. À ce propos, il est tout de même amusant de constater que Gilmour lui-même prenait plus de libertés en 1980, chose qu’il ne rectifia pas trop par la suite. À peu de choses près cette version s’apparente à celle gravée sur Is There Anybody Out There, "What Shall We Do Now" et "Last Few Bricks" incluses, en revanche "When The Tigers Broke Free"** jadis ajoutée à la B.O du film d’Alan Parker ne figure toujours pas au programme du spectacle. La mouture définitive de cette bande son, produite par Nigel Godrich, a été puisée sur trois dates lors de la tournée mondiale, le rendu est impeccable de précision, la perfection mais aussi la charge émotionnelle sont de mise, on sent des musiciens investis, chaque note jouée est porteuse d’enjeu, d’histoire, de transmission.

Parce que messages il y a. On le savait, or la dimension politique s’est encore accrue via un show hors normes où les bombardiers ne se contentent plus de semer leurs engins explosifs, mais aussi des dollars US, des symboles religieux dans un œcuménisme mortifère, des marques de fast food comme de voitures polluantes… Et que dire des photos projetées qui accompagnent l’état-civil de tous ces anonymes, civils ou militaires, morts pour des causes qui leur échappent ? Avec le temps et les prouesses technologiques les animations de Gerald Scarfe sont devenues dantesques, on traverse l’enfer, on croise ses créatures, les marionnettes géantes sont toujours de la partie, le mur qui sépare petit à petit le groupe du public servant de réceptacle à des effets tous plus hallucinants les uns que les autres. Lorsque retentit "Hey You", le mur est achevé, le public se trouve devant une façade nue, recouverte par la grisaille, pour un résultat au réalisme cru. Waters puis son groupe réapparaîtront devant un peu après, dans une mise en scène qui décrit la violence de la montée du néofascisme comme un poison qui prend possession des esprits répartis dans la foule. Le système capitaliste, la télé, la société de consommation, l’éducation, chaque pièce du rouleau compresseur qui mène l’humanité et au-delà, la planète, vers les abîmes, rien n’échappe à la litanie lugubre qui nourrit le spectacle, jusqu’au moment où s’effondre le mur maudit. À la fin Roger et son orchestre reviennent dans la lumière interpréter "Outside The Wall", un titre purement acoustique dénué du moindre effet, une chanson toute simple pour se dire au revoir, laquelle n’a besoin d’aucune technologie pour s’exprimer.
Roger Waters ne se contente plus d’exorciser ses démons, d’évacuer une forme de culpabilité, d’exposer ses propres névroses, de dénoncer, il élargit son champ d’action en direction de la masse, plongeant le spectateur en immersion dans l’Histoire, avec un grand H, celle qui est en train de s’écrire au moment même où on assiste à un spectacle qui va bien au-delà d’un simple concert. On en ressort quelque peu bousculé, ému et finalement émerveillé par tant de maestria. Alors pourquoi s’en priver ?


* The Final Cut et A Momentary Lapse Of Reason sont tout de même très médiocres
** The Wall est sorti en salles en1982, le film fit un triomphe mais se révèle être plutôt assommant, la chanson "When The Tigers…" est disponible sur la compilation Echoes.

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   (2 chroniques)



- Roger Waters (chant, basse, guitare)
- Dave Kilminster (guitare)
- Snowy White (guitare)
- G.e Smith (guitare, basse)
- John Carin (claviers)
- Harry Waters (claviers)
- Graham Broad (batterie)
- Robbie Wyckoff (chant)
- Jon Joyce (choeurs)
- Pat Lennon (choeurs)
- Mark Lennon (choeurs)
- Kipp Lennon (choeurs)


1. In The Flesh ?
2. The Thin Ice
3. Another Brick In The Wall, Part 1
4. The Happiest Days Of Our Lives
5. Another Brick In The Wall, Part 2
6. The Ballad Of Jean Charles De Menezes
7. Mother
8. Goodbye Blue Skye
9. Empty Spaces
10. What Shall We Do Now ?
11. Young Lust
12. One Of My Turns
13. Don't Leave Me Now
14. Another Brick In The Wall, Part 3
15. Last Few Bricks
16. Goodbye Cruel World
17. Hey You
18. Is There Anybody Out There ?
19. Nobody Home
20. Vera
21. Bring The Boys Back Home
22. Comfortably Numb
23. The Show Must Go On
24. In The Flesh
25. Run Like Hell
26. Waiting For The Worms
27. Stop
28. The Trial
29. Outside The Wall



             



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