Dans ma chronique de The Sisters (1994), je disais que Pulp était un grand groupe qui savait sortir de très bonnes choses en dehors de ses albums. Se permettre de faire du tri parmi ses excellentes chansons et/ou caser le superflu pourtant très jubilatoire en EP, ce n'est pas donné à tout le monde. Du coup, qu'en est-il des faces B ? Après tout, comme le dit Seijitsu dans la chronique du Masterplan d'Oasis (1998), un grand groupe peut se mesurer par ces morceaux accompagnant les singles mais pouvant se révéler tout aussi voire plus intéressants.

Dans le cas de Pulp, il faut se pencher sur Second Class pour le savoir. Mais inutile de le chercher directement sous ce nom, car il s'agit en fait du CD bonus des éditions japonaise et allemande de Different Class sorties en 1995. Un oiseau plutôt rare donc, mais qui sonne comme une pépite inestimable chez les fans, bien sûr, qu'il faut acquérir derechef et qui débouche sur une longue et coûteuse quête – dès lors que la tentation du piratage ne frappe pas.

Second Class, donc, rassemble des faces B des singles sortis par Pulp entre 1994 et 1995. Et autant dire que le groupe ne se foutait pas de la gueule de ses auditeurs puisqu'au lieu d'avoir des décalques des singles ou des remixes pourris, c'était de vraies chansons inédites et distinctes (je ne veux pas jouer au vieux con passéiste, mais ce genre d'élément, ça manque de nos jours), a priori 9, et en vérité 6. En effet, "Live Bed Show" est déjà présente sur la version standard de Different Class et fait donc office de doublon vraiment inutile (même si rallongé). En ce qui concerne "Your Sisters' Clothes" et "Seconds", en plus de déjà figurer sur The Sisters, ce ne sont même pas des faces B – cela n'en fait pas pour autant de mauvaises pistes, c'est juste qu'elles sont hors sujet.

Concernant les vrais inédits à proprement parler, niveau qualité, le bon côtoie facilement le plus discutable. Ou, pour faire moins nébuleux, les faces B sont vraiment des faces B, il n'y a pas de hit potentiel injustement relégué à l'arrière. Ceci étant, c'est assez logique en ce qui concerne "Deep Fried in Kelvin", la plus longue chanson de Pulp avec presque 10 minutes au compteur (non ce n'est pas "The Day After the Revolution"). C'est d'ailleurs un sacré pavé à la mélodie entêtante, et qui sonne vraiment comme du Pulp désabusé et nocturne – du Pulp habituel, diront certains. Ensuite, le disque s'ouvre sur un vrai ovni, "Mile End". On se surprend à hocher joyeusement la tête sur une chanson qui respire à fond la pop so british, so sixties, mais qui choque tant elle dénote avec l'univers habituel de Pulp. Mais comme pour rassurer après une ouverture si particulière, est proposée "Ansaphone" qui, tout en marquant le pas, s'inscrit mieux dans la mythologie Pulp. Plus loin, le groupe propose un quatrième volet à sa saga Inside Susan avec "The Babysitter", qui est pour ainsi dire très intéressante quand la rythmique s'emballe. Mais a-t-on vraiment de la grosse tuerie, du morceau qui mérite de rester dans les annales ? Non.

Des chansons vraiment pas mauvaises, d'autres plus dispensables : Second Class est un rassemblement classique de faces B. C'est dommage de voir que Pulp n'a pas vraiment brillé dans l'exercice lors de son âge d'or. Ceci étant, il prouve au moins que le tri a plutôt bien marché en amont, que Jarvis et ses copains ont été lucides sur leur propre musique. Et in fine, c'est bien ça le plus important.