Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


Le ROUGE ET LE NOIR - Le Rouge Et Le Noir - L'opéra Rock (2016)
Par MARCO STIVELL le 16 Septembre 2016          Consultée 1840 fois

La sortie d'une nouvelle comédie musicale française est toujours propice à créer des remous, par son seul fait. Néanmoins, il y a une différence certaine entre le raz-de-marée et le brin d'herbe qui tombe dans l'eau. Soit c'est un succès monstre, soit c'est un bide ; du côté de l'auditoire, on s'émoustille ou on se gausse, on fonce à la billetterie (la dame ou l'écran, réelle ou virtuelle, telle est la question) ou alors on crache son venin, en bande ou seul dans son coin.

À ce propos, cela fait déjà quelques temps qu'Albert Cohen joue au cavalier seul. Ce producteur, businessman au Wall Street de la comédie musicale depuis que Pascal OBISPO a décidé de s'y mettre (Les Dix Commandements, 2000), se sépare clairement de son acolyte Dove Attia. Après avoir grimé Carmen Maria Vega en Mistinguett il y a deux ans, Cohen revient puiser (piller ?) dans l'Histoire de France avec une nouvelle adaptation littéraire.

Quand on sait qu'il s'agit de Marie-Henry "Henri" Beyle, alias Stendhal et de son Rouge et le Noir, publié en 1830, le plus populaire de ses deux romans et demi (les autres sont La Chartreuse de Parme ainsi que l'inachevé Lucien Leuwen), le sang bout de colère noire et pas qu'en un tour ! Mais sur Forces Parallèles, on est connus pour notre sérieux, ou, du moins, l'intérêt ou l'attention que l'on porte aux oeuvres polémiques.

Et puis, comme on sait que le mot "variété française" prend le relais sur la littérature romantique (la plus grande période dans ce domaine en France ?), il faut presque oublier l'oeuvre originale si on veut tenter d'apprécier le nouveau projet. Quand Cocciante et Plamondon adaptaient Victor Hugo, le décalage était contrebalancé par la réussite musicale. Quand Cohen et Attia refaisaient le livre de l'Exode, la Révolution Française, la vie de Mozart et j'en passe, c'était beaucoup moins évident. Et puis, on a encore eu Les Trois Mousquetaires récemment. Jusqu'où cela va-t-il aller ?

Après l'originalité de Mistinguett (le mot est fort, mais au moins, le spectacle changeait un peu), Le Rouge et le Noir reprend les éléments grand public, pop-rock vaguement électro. La différence par rapport à avant, c'est que la plupart des chanteurs proviennent de l'émission The Voice. À chacun sa réaction par rapport à un tel concept, car effectivement ça sonne très coup de pub, mais d'abord, ça permet à Madame ZAZIE de mettre son grain de sel dans un tel plat. Curieusement, la soupe paraît meilleure.

Plusieurs raisons à cela. Les chanteurs de The Voice ne sont pas les plus énervants (coucou Kendji, Claudio...), loin de là même si l'on prend par exemple le cas de Julie Fournier qui campe une très bonne Mathilde de La Mole. Elle soupire "Quel Ennui" durant les soirées mondaines, et on sent le piquant insufflé par ZAZIE, en sus d'une interprétation pleine de légèreté. Que dire de Côme qui apporte un grain de folie bienvenu au personnage de Julien Sorel ? On lui pardonne même ses quelques intonations léchées, tellement typiques des chanteurs de variété.

En outre, Côme ne capture pas l'attention de manière égoïste malgré l'importance de son personnage sulfureux. Ses chansons principales, "La Gloire à Mes Genoux" ainsi que "Sans Elles", sont assez bonnes, dans un style pop McCartney actuel. Pour un hommage au XIXème siècle, la réalisation évite l'écueil des reprises de musique d'époque, mais de toute façon, après Mozart, ç'aurait été dur à faire avaler. On nous dispense aussi des chansons collectives, un bon point.

Les duos sont fort sympathiques, notamment "Tout Se Perd", quand les époux Valenod (Elsa Pérusin et Patrice Maktav) commentent le manque de vertu et la perte des bonnes manières. De là à se demander si le parallèle avec notre XXIème siècle est fait exprès. Il y a aussi l'émouvante ballade "Ding Dong", dont l'esprit féminin est joliment retransmis, texte comme musique. La chanteuse Haylen apporte une voix grave, choix rare en tant que protagoniste, qui colle bien en particulier à "Je Vous Laisse Hélas". Quant à Yoann Launey, il chante, avec "Pour Qu'elles Nous Aiment" un texte bien peu féministe, petite parenthèse qui devrait faire couler le vitriol !

Ce n'est pas miraculeux mais dans l'ensemble, il n'y a pas de grosse retombée qualitative, le ton demeure sympathique et point trop forcé. On ne peut retrouver la prose de Stendhal de manière fidèle, bien sûr, mais même s'il ne s'agit que du disque "avant-première" (le spectacle démarre avec l'automne), on décèle quelque chose de plus sobre par rapport aux autres comédies musicales. Et pour une fois, on veut montrer les musiciens sur scène, autre bon point ! Musiciens à la page mais ce qu'ils jouent se tient globalement, comme les chansons. Alors soyons gentils. Avec un peu de chance, les concepts similaires prochains iront en s'améliorant.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par MARCO STIVELL :


Gilles SERVAT
La Douleur D'aimer (1985)
Spectacle totalement original




Marie CHERRIER
L'aventure (2015)
Brise marine.


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



Non disponible


1. La Gloire à Mes Genoux (côme)
2. Les Maudits Mots D'amour (côme, Haylen, Julie Four
3. Ecouter Ton Cœur (yoann Launay, Michel Lerousseau)
4. Dans Le Noir Je Vois Rouge (côme, Haylen)
5. Ding Dong (cynthia Tolleron, Haylen)
6. Quel Ennui (julie Fournier)
7. Que C'est Bon D'être Un Bourgeois (yoann Launay)
8. Tout Se Perd (patrice Maktav, Elsa Pérusin)
9. Sans Elles (côme)
10. Il Aurait Suffit (côme, Haylen, Julie Fournier)
11. Pour Qu'elles Nous Aiment (yoann Launay)
12. Eviter Les Roses (côme, Haylen)
13. Ces Peines Perdues (michel Lerousseau)
14. Je Vous Laisse Hélas (haylen)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod