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- Style : Tri Yann, Myrdhin, Alan Stivell
 

 Musique Progressive Bretonne (679)

An TRISKELL - Ondée... (1988)
Par MARCO STIVELL le 20 Novembre 2016          Consultée 1511 fois

Le huitième album de TRISKELL (l'article "An"/"le" a disparu), s'appelle Ondée, mot suivi de trois points de suspension, comme pour le disque précédent (C'était..., 1983) et comme pour annoncer quelque chose d'indicible ou pour laisser libre cours à l'imagination de l'auditeur. Paru en 1988, il marque l'unique collaboration du groupe breton avec le label Escalibur, existant depuis 1983 et sur lequel on a pu croiser des groupes divers comme KORNOG, NEW CELESTE ou la chanteuse Andrea AR GOUILH. Escalibur cesse son activité un an plus tard environ.

Dans le dictionnaire, on trouve la définition suivante pour le mot "ondée" : nom féminin (un détail qui revêt une certaine importance ici), "pluie soudaine et brève". On ne peut imaginer meilleure illustration littéraire pour l'émotion qui afflue à travers les sens de l'auditeur au tout début de ce disque, pour les deux premiers morceaux. Ils sont d'un format court, donc il s'agit bien d'une parenthèse brève, mais laquelle...

Des accords joués en nappe douce au synthétiseur s'élèvent avec élégance tandis qu'une voix féminine rêveuse évoque en quelques phrases simples des tableaux mystiques, des photographies naturelles, extraits du "Poème du Pays qui a Faim" de Paol Keineg. Ce "Prélude" est arrangé par le musicien Patrick Audouin, ex-accompagnateur de Dan AR BRAZ et nouveau membre essentiel de TRISKELL. Il est déjà splendide et envoûtant, mais rien de comparable encore au suivant dont il est une introduction idéale.

Lorsque j'ai entendu "Hep Dout" ("sans toi") la toute première fois il y a quelques années, j'ai ressenti quelque chose d'incroyable. Alors que les harpes sont totalement absentes du "Prélude", Hervé Quefféléant survient avec sa cordée métal en jouant des quintes pour une mélodie tellement évidente, et si belle, si prenante, si... Il y a une variation, et Pol Quefféléant ajoute quelques arpèges. Puis le thème principal est repris pour un long final grandiose et enrichi de nappes de synthétiseur.

J'ai dû arrêter d'écrire la chronique, j'ai tout arrêté. Comme la première fois, l'émotion m'a saisi vivement, entièrement. J'ai pris la tête dans mes mains, j'ai pleuré. "Sans toi"... C'est effectivement une sensibilité féminine qui se dégage, une ondée sentimentale, une présence qui n'est pas là mais qui survient en moi et me gagne totalement... Puis, qui s'en va à la fin du morceau, qui reste visible éventuellement, mais de loin.

Ce nouvel effort de TRISKELL s'éloigne beaucoup de ses deux prédécesseurs car il retire tous les éléments pop-rock, jazz également, tout le caractère prog-fusion et même expérimental dont le groupe a pu faire preuve entre 1979 et 1983. Les harpes conduisent la musique, soutenues uniquement par des voix et des claviers. Le "Postlude" contient des sons modernes un peu secs mais rien de grave.

Loin de la pop et de la musique concrète, cette essence délaissée en 1978 et finalement retrouvée se situe quelque part entre la folk instrumentale et ce que l'on commence à appeler "new-age". Les morceaux alternent les sons et les ambiances, les gwerz (complaintes bretonnes) et les danses, comme au bon vieux temps... La harpe de Pol enregistrée sans fard conduit le très beau "Llondovery" tandis que "Song for Pete" révèle une forte réverbération dans laquelle baigne celle d'Hervé. Elle est dédiée à un célèbre chanteur de folk américain et ami des deux frères, Pete SEEGER. Les frères Quefféléant ont cependant perdu deux autres proches et l'opus leur est dédié.

Ondée... est un disque superbe, extrêmement poétique. Le recueillement lié aux pertes affectives (à écouter, la très belle polyphonie galloise "Llef", suggérée par René Abjean) s'accorde avec l'interprétation de textes éloquents, du breton Paol Keineg ou, plus inattendu, du Japonais Noguchi Shigeru lors d'un hommage populaire au peintre Yumeji. Le raffinement extrême-oriental et son mode mélodique dévoilent des ressemblances frappantes avec la gwerz bretonne ou le slow air irlandais. Le barde MYRDHIN l'a également prouvé. "Tara", à la dynamique pourtant venue d'Irlande, prend des airs d'Europe de l'Est ou de Moyen-Orient. N'oublions pas O'Carolan, sa délicatesse, sa grâce, et ainsi, "Sidh Beag Agus Sidh Mór" s'élève aussi haut que "Hep Dout". Un autre morceau rend hommage à Pablo Neruda.

La pochette évocatrice, le titre, l'ambiance musicale de ce disque en font un incontournable pour tout amateur de harpe celtique et de belles ambiances. Une journée à la maison en Bretagne... Coop Breizh l'a réédité en CD, mais il peut être difficile à trouver.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Pol Quefféléant (harpe celtique, guitare)
- Hervé Quefféléant (harpe celtique, voix)
- Patrick Audouin (claviers, synthétiseurs)
- René Abjean (claviers, synthétiseurs, choeurs, direction)
- Jacky Thomas (contrebasse)
- Daniel Bicrel (cornemuse)
- Chanig Ar Gall (récitations)
- Charles Le Dréau (voix)
- Christiane Malez, Jeannot Malez (voix)
- Alain Kervern (chant japonais)


1. Prélude
2. Hep Dout
3. Llondovery
4. Song For Pete
5. Labousig Ar C'hoat
6. Tara
7. Sidh Beag Agus Sidh Mór
8. Llef
9. Dreaming In Heidelberg
10. À La Mémoire De Yumeji
11. Van Florenciendo Mis Sueños
12. Postlude



             



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