AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Quelle claque… Quelle claque que de voir et entendre ce chef-d’œuvre au cinéma ! Je suis dans ces moments là plus reconnaissant que jamais envers les progrès technologiques qui permettent d’admirer des images aussi anciennes en IMAX. La restauration est simplement impressionnante et nous immerge pleinement dans l’atmosphère débordante de créativité du Pink Floyd de 1972, que ce soit dans les ruines de Pompéi, au petit-déjeuner (!) ou dans le studio pendant la conception du futur Dark Side of the Moon. Le groupe n’a décidément pas volé le mythe qui s’est tissé autour de lui au cours des décennies, clairement renforcé par cette idée brillante d’une performance live dans des ruines antiques, sans public, sans explosions de lumière ou autres artifices. Ici, seule la musique compte, et cette sobriété colle tellement mieux au style du groupe que les shows démesurés qui ont suivi !

Le plat de résistance est bien sûr ici le légendaire Echoes, dont on peut néanmoins regretter qu’il soit séparé en deux parties. Mais ne boudons pas notre plaisir, l’écoute est magique et donnera nécessairement envie de se replonger dans la version studio, que je pensais connaître mais dont ce live m’a fait saisir mieux encore l’ampleur du génie. Tous les musiciens sont au sommet de leur art. Mason tape plus fort et plus juste que jamais, la basse de Waters est hypnotique mais ne brille jamais seule, sublimant les claviers et la guitare de Wright et Gilmour dont la complicité musicale n’a jamais été aussi évidente. Il est fou de se dire que ces 4 musiciens ont pu à eux seuls produire un son pareil en live. Gilmour ne parviendra d’ailleurs pas à le recréer en 2006 lors des dernières performances du morceau avec le claviériste qui, certes contiennent de beaux moments mais ont voulu sonner trop spectaculaires au détriment de la finesse du morceau (le batteur notamment fait bien pâle figure à côté de cette performance de Mason).

Les autres morceaux sont pour certains des performances studio et contiennent également de très beaux moments — avec une mention spéciale pour la fin de “A Saucerful of Secrets”. L’ensemble permet notamment de mesurer la liberté musicale totale du groupe à l’époque, car il est probable que tous les producteurs n’auraient pas laissé Gilmour faire de sa guitare une tronçonneuse ou une mouette, Waters marteler un énorme gong ou encore une chienne assurer le chant sur “Mademoiselle Nobs”.

Que ce soit pour ces singularités saugrenues, pour la beauté visuelle et sonore et bien sûr pour un David Gilmour de 25 ans torse nu en 4K, il est sûr que ce live ne laissera personne indifférent et qu’il n’a pas fini de faire parler de lui. Tout ce que je lui souhaite désormais, c’est de bénéficier de nouveaux passages en salles de cinéma pour en faire profiter ceux qui ont raté cette sortie bien trop limitée.