Après le bon accueil réservé à l'album Out Of This World, EUROPE est plutôt confiant au moment de s'atteler à la conception d'un nouvel album à l'été 1989. Mieux, à l'occasion du Milton Keynes Festival, dans la banlieue de Londres, le groupe n'hésite pas à présenter au public de nouveaux morceaux, tels que "Yesterday's News", "Seventh Sign", "Wild Child" ou encore "Little Bit of Lovin", confiant dans leur potentiel. Les enregistrements, au printemps 1990, se passent également fort bien, puisque John Leven et Ian Haugland enregistrent leurs parties de basse et de batterie en deux jours à peine. Seulement voilà, au moment de présenter l'album à la maison de disques, c'est la déconvenue : celle-ci réclame un nouveau "The Final Countdown" et refuse de sortir l'album en l'état.

Cet écueil marque le début d'une période d'errance pour le groupe. Si l'ossature musicale de l'album reste à mettre au crédit de Joey Tempest, bien aidé par Kee Marcello, le groupe décide de se remettre à composer et écrire de nouveaux morceaux, jetant à la poubelle l'essentiel de ses travaux préparatoires (certains titres verront tout de même le jour en tant que titres bonus ou sur des compilations). Et puis, il n'hésite pas à faire appel à toute une armée de "song-doctors", très en vogue à l'époque, pour extraire des hits de cet ensemble. Jim Vallance, Andre Pessis notamment, sont invités à participer à l'élaboration de ce nouvel album, marqué également par la patte du producteur Beau Hill.

A sa sortie en septembre 1991, l'album est une déconvenue, ignoré aux Etats-Unis, se hissant péniblement à la neuvième place dans les charts suédois. L'album n'est pourtant pas mauvais, loin s'en faut, mais il est en effet plus "passe-partout" que les albums précédents du groupe de Joey Tempest. Il ne faut pas aller chercher bien loin pour trouver des titres percutants : "I'll Cry for You", élaboré en compagnie de Nick Graham (faiseur de tube pour CHEAP TRICK notamment), mêle avec classe la puissance rock du groupe, des choeurs soyeux et les claviers, qui se fondent avec brio dans l'ensemble et n'écrase pas les velléités mordantes de l'album. "Little Bit of Loving", mid-tempo au groove contagieux, l'alambiqué "Prisoners in Paradise", aux ambiances à la fois grandiloquentes et porteuses d'une certaine intimité, ou encore "Girl From Lebanon", qui renoue avec les intonations aventureuses de l'album Wings of Tomorrow, pour un résultat splendide.

Le reste se fait, en effet, plus passe-partout malgré quelques belles envolées hard rock percutantes, à l'image de "All or Nothing" ou "Talk to Me". Les sonorités plus blues de la ballade "Homeland", si elles ne sont pas inoubliables, nous permettent néanmoins de savourer le toucher tout en subtilité de Kee Marcello. Lors de la tournée, le groupe met en avant et de manière étonnante le morceau "Break Free", brulôt hard rock qui aurait en effet bien mérité sa place sur l'album. Une réalisation somme toute intéressante, qui ne suffira néanmoins pas à maintenir à flots l'institution scandinave.