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BUSTA RHYMES - Dragon Season... The Awakening (2025)
Par ARCHANGEL le 17 Mai 2025          Consultée 369 fois

On a tous regardé Game Of Thrones alors forcément, quand on parle de dragon on pense immédiatement à la majesté destructrice des enfants de Daenerys. À ces créatures ailées, gigantesques, furieuses et libres qui tournent dans le ciel comme une augure de fin du monde. On pense au feu qui purifie et rase des cités entières, aux flammes de la vengeance qui lèchent les remparts, à l’ombre brûlante qui plane sur des batailles perdues d’avance. Un dragon, ce n’est pas juste une bête de légende, c’est fort et imprévisible, c’est la promesse d’un pouvoir absolu, brut et sans compromis. C’est l’instinct qui revient lorsque la politique échoue, quand le sang appelle le sang, quand les mots ne suffisent plus.

Quand Busta RHYMES, figure légendaire du rap US, sort un EP intitulé Dragon Season… The Awakening en janvier 2025, on se prépare à voir le Trône de Fer du rap trembler sous ses assauts, on relève la tête et on tend l’oreille comme les seigneurs de Westeros en entendant les battements d’ailes au loin. On s’attend à voir le ciel s’ouvrir et les rookies du game se faire réduire en cendres par la puissance d’un dragon immortel, revenu pour réclamer ce qui lui appartient. Car Busta n’est pas n’importe qui, c’est un vétéran respecté, un guerrier du mic capable de tout emporter sur son passage, de cracher des couplets enflammés. Avec un titre pareil, on est donc en droit d’espérer un EP incandescent, un retour flamboyant, une saison de feu. Pensez au tome Une danse avec les dragons. Serait-ce enfin le règne retrouvé du dragon ? Le retour du feu sacré dans une industrie rap de plus en plus aseptisée, qui manque cruellement de créatures mythiques ?

Comme dans toute bonne saga, l’ouverture pose les enjeux. Dans "Letters To My Children", Busta joue le vieux patriarche, le Aenar Taergaryen du rap qui envoie des messages quasi posthumes à ses héritiers (So I nurture all of my children so they don’t see me as a stranger/I teach them how to eat you niggas’ food and be the danger). Des nappes de cordes solennelles, un piano sombre et le ton grave mais sans flamme d’un rappeur qui veut transmettre sa sagesse. Le titre n’est pas long mais il paraît interminable et rapidement, l’ennui s’infiltre sur ce qui ressemble plutôt au testament d’un roi fatigué.

Sur "National Treasure", Busta s’auto-proclame trésor national, que voulez-vous, les rois viellissants souffrent tous, tôt ou tard, de la folie des grandeurs. Il grave lui-même sa légende dans la pierre du Donjon Rouge sur une boucle old school ininterrompue mais on a l’impression qu’il parle à son propre reflet plus qu’à ses sujets, martelant son importance comme Cersei vide ses coupes de vin, c’est à dire avec lassitude et automatisme. Un titre pompeux un peu trop lisse. Il se voit telle une colonne de marbre dans le temple du hip-hop américain (Little mindless motherfuckers and those who thought they could try this/Now die with all the rest of my foes and then rewind this) mais pour le moment je cherche encore le souffle de danger qui rendait Busta autrefois aussi déroutant.

"Unleash Me" nous fait espérer un retour de flamme, une envolée destructrice, un Dracarys rugi depuis les entrailles de la terre. Le titre promet l’éveil du monstre et pendant un instant, on y croit. Ok, il y a des éclairs, Busta hausse la voix et grogne comme un dragon qui sort d’un long sommeil dans les montagnes, secouant la poussière de ses ailes. Il veut nous foutre les jetons, il sort les griffes sur un beat industriel, lourd comme une armure valyrienne et tente de nous découper en lamelles avec la précision d’un assassin de la Main du Roi. On voit tous où il veut en venir, retrouver la puissance vocale de l’époque Flipmode Squad. Son flow brûle et découpe les mesures mais au lieu de porter la fureur, il l’amortit.

Sur "Keep Executing", Busta poursuit son périple à travers les ruines de l’empire du hip-hop. Il avance, couronne cabossée sur la tête, pour rappeler au royaume qu’il n’a jamais posé les armes. L’instru est plus militaire, un sample nerveux et métallique qui fonctionne comme une armée marchant sur les pavés de Port-Real toutes lames sorties. RHYMES parle de discipline et de longévité sur ce titre qui pourrait être le slogan des Targaryen. Il débite ses rimes comme on exécute les traîtres, avec froideur et détermination. J’avoue qu’il y a une forme de noblesse dans cette obstination à rester tranchant en toute circonstance, mais le problème c’est que cette exécution est désormais devenue trop mécanique, on entend les armures, mais plus le coeur de la guerre. Un chapitre qui s’écrit sans rebondissement, tant la routine est devenue royale.

Arrive alors "Do The Busabus Pt. 2" où on retrouve un Busta presque cartoonesque, c’est l’épisode nostalgie de la cour d’antan. Notre vieux roi veut rejouer les fêtes du passé et matter Daenerys twerker jusqu’à l’aube. RHYMES ressuscite cette chanson culte pour le fan service, mais honnêtement qui aurait envie que HBO fasse revenir Joffrey ? Certaines choses doivent rester où elles sont. Cependant, on peut tout de même noter que notre roi mégalo a plutôt l’air de s’éclater en remontant le temps sur ce tempo frénétique, avec ces refrains exagérés et ces gimmicks de l’époque. Ce n’est pas une réinvention glorieuse mais une répétition un peu gênante, donc mon conseil, si un jour vous vous retrouvez au bal de Westeros et que le DJ-troubadour de service veut relancer une danse has-been, dites vous bien que plus personne ne sait comment faire les pas !

L’EP se termine sur "Treasure & Gold", une sorte de ballade rap pimpée à l’auto-tune qui ferme le rideau sur la salle du trône vide. Le vieux dragon se couche enfin sur son tas d’or en comptant ses trophées. Le best est opulent mais terriblement mauvais et met en scène le chanteur YG MARLEY, fils de la queen Lauryn HILL et petit-fils du roi du reggae, Bob MARLEY évidemment. On l’a vu avec Joffrey, on a beau naître avec une cuillère en argent dans la bouche, ça ne fait pas de vous quelqu’un de talentueux… Quant à Busta, il déclame avec aplomb mais sans l’urgence d'avant, malgré le fait qu’il joue sur les accélérations qui ont fait sa marque de fabrique.

Bilan de l'épisode ? Au lieu d’un Drogon rugissant, on a droit à un dragon domestiqué, un roi qui souffle mollement sur les braises du passé, entre deux siestes. Dans cet EP, Busta RHYMES clame qu’il est toujours le souverain légitime, mais je dirais plutôt qu’il se regarde dans le miroir comme un Targaryen en fin de règne, trop occuper à faire rutiler sa couronne pour se souvenir qu’il peut encore faire peur. Le flow reste carré, certes mais le feu est absent et Dragon Season… The Awakening aurait dû être une flambée. On rêvait que Busta réactive l’énergie street-baroque de Extinction Level Event, mais on tombe uniquement sur des chansons sans surprise qui confirment une tendance à l’auto hommage complètement vide. Bref, le dragon s’est réveillé mais il bâille plus qu’il ne brûle. Vous vouliez un album de conquête ? Passez votre chemin et préférez plutôt les tambours funèbres de la Garde de Nuit.

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1. Letters To My Children
2. National Treasure
3. Unleash Me
4. Keep Executing
5. Do The Busabus Pt. 2
6. Treasure & Gold



             



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