Alors que je croyais en avoir fini avec le cas MINISTRY – j’entends le projet quasi solo de Jourgensen depuis le départ de Paul Barker (pour ceux qui n’auraient pas suivi) – ne voilà t-il pas que tonton Al en remet une couche (certes promise et, pour certains, attendue) avec The Squirrely Years Revisited.

Que dire ? Que faire ? Je ne voudrais pas passer pour quelqu’un qui n’a d’autre plaisir dans la vie que de s’acharner sur ce qu’est devenu un groupe qu’il adulait dans sa jeunesse (et que je continue, par intervalles plus ou moins réguliers, d’apprécier grandement dans ses moments les meilleurs), mais le fait est que le quasi seul opus intéressant depuis plus de 20 ans soit un remake des premières frasques electro-pop de Jourgensen en dit long sur mon ressenti.

Première chose essentielle à souligner : "Every Day Is Halloween", le meilleur titre de jeunesse de MINISTRY soit-dit en passant, sans être déplaisant – difficile avec un tel matériel sous la main – ne peut évidemment rivaliser avec l’original. Cette idée même qui nous préoccupe ici, à savoir la pénible manie post-moderne de dépoussiérer l’ancien pour en faire du néo, ne devrait, dans une saine société de créateurs, même pas être évoquée pour rire. Mais tel est l’espèce de Zeitgeist d’un monde à bout et arrivé au bout du tunnel…mais sans la lumière promise.
D’un autre côté, je dois dire honnêtement et simplement qu’entendre à nouveau ce touchant moment de grâce revisité par son vieux créateur ne me laisse pas indifférent non plus. Comme un pincement au cœur certes bien tempéré par le caractère très MARYLIN MANSON de l’ensemble.

Il faut admettre que dès "Work Of Love", on se laisse volontiers embarquer dans l’aventure. Tout est connu certes mais, roulements de tambours cannibales, tout fait finalement plaisir à être réentendu puisque, selon toute vraisemblance, tonton Al y prend très grand plaisir lui-même.
Cela dit, au risque de me répéter, j’aurais personnellement apprécié que la vague Make Ministry Synth Again accouche d’autre chose que d’un album de reprises en main de titres très anciens et qui, soit dit en passant, ne demandaient rien à personne – pas même à leur créateur. "Just Like You", la très percutante intro de Twitch, n’est ici plus qu’un morceau qui tape bien dans l’ensemble mais sans du tout posséder la pèche ni la singularité de l’original. Et même si le final, "Over The Shoulder", transpire le re-travail re-bienfait, nous restons sur notre faim, sceptiques, toujours en attente du dernier MINISTRY – qui ne vient jamais.
La prochaine fois, je passe mon tour.

Mais pour ne pas conclure sur une note trop négative, je conseillerai aux curieux et aux nostalgiques de se tourner vers le live Toronto 1986, sorti chez Cleopatra en 2015 – un témoignage nettement plus efficace et enthousiasmant de ce que fut le MINISTRY synthétique, déjà bien corrosif par endroits.