Alors, pour ceusses qui ne le sauraient pas, Jeff BRIDGES est un acteur majeur de ces 50 dernières années, avec de grands rôles à la clef comme celui du Big Lebowski. A cet instant, il convient aussi de préciser que les deux parents Loyd et Dorothy étaient des acteurs connus de tous dans les fifties et après. C’est ainsi que Jeff et son frère Beau ont eu accès à la notoriété de manière simple et facile dès leur plus jeune âge. Alors, bien sûr, on les connaît comme acteurs, mais Jeff a toujours été passionné par la musique et a ainsi sorti 3 opus au cours du 21ème siècle. Il a donc décidé de ressortir de vieilles bandes de ces années de jeune homme et cela nous donne Slow Magic dont on attend un minimum de qualité sous peine d’être déçus par ce grand acteur.

Une introduction en forme d’ambiance festive avec des personnes visiblement saoules, c’est "He’s Here" eh oui "Obnoxious" annonce sans ambages qu’il avait bu vraiment trop, le titre se déroule avec pas mal de bruitages et de choeurs castra d’un effet parfois douteux. J’avoue que ce titre est plutôt irritant. Jeff est probablement pété comme une huître en embrayant "Attitude", car sa voix part en live de manière incontrôlable fréquemment. La composition ressemble à s’y méprendre à une Jam de groupe débutant. Encore un bœuf… "Light Blues" voit un troupeau d’ivrognes se lancer au début, avant que Jeff ne prenne les choses en main.

On ne veut pas savoir ce que prenait Jeff en 76 pour composer "Space 1", mais ça a l’air efficace pour imaginer des ambiances alien d’outre espace puisqu’on en parle. Des percussions xylophonées et des mecs ivre morts qui tentent de chanter. Jeff voulait-il retranscrire les années de drogue notoire qu’étaient les seventies ? Et comme une bonne idée qui survient, "Space 2" débute avec des bruitages de gratte et de claviers… oui... plus que des notes… Jeff est-il un grand fan de ZAPPA ? Quelqu’un veut-il bien lui dire qu’on ne peut pas tous s’imposer comme chantre de l’expérimentation en musique et là c’est un véritable bordel sonore sans queue ni tête qui s’offre à nos oreilles.

Enfin, il chante juste sur "Slow Magic", même s’il le fait de manière un brin traînarde. On va trouver l’aspect laidback plutôt sympa, mais le traitement apposé par Jeff manque clairement de professionnalisme et n’est guère conseillable. "This Is The One" semble avoir bénéficié d’un travail de production plus poussé, cela ne rend pas la composition superbe pour autant, mais il y a ici un peu de fond, pas de doute. Je reste toutefois mitigé sur le talent de Jeff comme chanteur. "You Could Be Ready" est la seule autre vraie chanson du lot, même si les guitares sonnent vraiment trop justes, à la limite de la fausseté.

Et allez une petite surprise pour les fans de cinéma, la présence de Burgess Meredith à la diction sur deux titres : tout d’abord "Her On This Island", un des spécialistes du genre et acteur sous-estimé du premier Pingouin dans Batman et de l’entraîneur de Rocky dans la série de films du même nom. Ce titre a une consistance jazzy fusion, mais on comprend peu où BRIDGES souhaite nous emmener ici. "Kong" nous achève, et pas de doutes, il traîne autour de Jeff plus de substances illicites que d’eau plate.

Voilà, je n’ai pas bien compris où notre Jeff BRIDGES a voulu nous amener avec cet album tout à la gloire de sa jeunesse dans les triomphantes seventies. Certes, je vois qu’il en est heureux, mais il n’était pas nécessaire de nous faire écouter tout ça… Du cassage d’oreilles dans tous les sens, des expérimentations foireuses et de l’alcool à revendre. Impossible de dépasser le une étoile pour cet opus souvenir de jeunesse qui ne plaira qu’à ceux qui y ont participé… Nul à chier.