La synthwave est un sous-genre de musique électronique aux sonorités vintages et largement instrumentale assumant sa nostalgie des années 80. Ses représentants actuels les plus emblématiques sont français (CARPENTER BRUT, PERTURBATOR) mais ils sont accompagnés de toute une palanquée d’autres artistes qui semblent se reproduire aussi vite que des lapins en rut. L’australien de naissance James BOWEN alias DROID BISHOP est un de ceux-là, la musique étant décidément une histoire de famille chez les BOWEN, son frère s’investissant également dans ce domaine sous le pseudonyme de Sam SPARRO.

"Nightland", extrait de l’inaugural EP Electric Love sorti en 2013 par DROID BISHOP, pourrait constituer une de ces parcelles brillantes que décrit le fameux livre Drive signé James Sallis – l’adaptation cinématographique pour le moins réussie de l’ouvrage contribua d’ailleurs à l’avènement de la synthwave au début des années 2010 via KAVINSKY et son immortel "Nightcall" utilisé en guise de thème, étrange coïncidence !… De douces gouttes de synthé remontent progressivement à la surface de l’eau, bientôt rejointes par d’amples nappes saturées d’oxygène avant l’avènement d’un rythme robotique, rêve déployant pleinement ses ailes majestueuses jusqu’à son interruption via un break à l’émotion palpable… Tels sont ces rares instants magiques dont cherche à se repaître le mélomane drogué, emmenant par-delà les monts, au beau milieu des gares célestes, perdu au cœur de la galaxie sept. Et quand on redescend finalement, ce n’est qu’afin de voir le visage de Ryan Gosling se découper dans les pare-brises aux néons, sur les interminables baies vitrées de la ville infinie, mises en perspective par des publicités ne prenant jamais de repos.

L’une d’entre elles y fait figurer le mystérieux manège d’un personnage dénommé Mr. SuicideFatfish, se jetant volontairement d’une falaise et abandonnant à cet égard l’un de ses deux ventricules. Un homme non loin, profitant d’un appui ischiatique qu’une station ferroviaire met à disposition, n’y prêterait aucunement attention, ses yeux perdus dans les méandres de labyrinthiques circuits électriques. Peut-être songerait-il à son dur labeur de la journée, à David HASSELHOFF ou encore à cette musique imprégnant sans vergogne à l’instant T ses synapses, les flamboyants "Color & Data" et "Into the Darkness" judicieusement disposés aux extrémités de l’objet en jeu n’ayant finalement que peu à envier à ce décidément omniprésent "Nightland".

Une pluie fine commence à balayer des pavés sur lesquels se diffractent les fainéantes lumières de réverbères au xénon.

3.5 arrondi à 4.