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Yves MONTAND - Yves Montand Chante... (1952)
Par EMMA le 22 Août 2025          Consultée 575 fois

Ivo Livi naît en 1921, dans un climat tendu et dans une Italie que sa famille fuit peu de temps après sa naissance. Ils arrivent donc à Marseille, un port qui ne devait être qu’un passage, mais qui deviendra foyer. Le jeune Ivo grandit dans les quartiers populaires de la ville, obtient son CAP de coiffure à quatorze ans, adhère aux Jeunesses Communistes, se passionne pour le cinéma. Puis, un jour, à dix-sept ans, il monte sur une petite scène de banlieue. Il prend alors le pseudonyme Yves MONTAND. Un nom qui naît d’un clin d’œil à sa mère qui disait toujours « Ivo monta ! » pour l’appeler lorsqu’il jouait dehors. Puis l’histoire se poursuit, il multiplie les petites scènes, joue de sa silhouette élancée, de sa voix chaude, de son accent du Midi. Il fait sensation à l’Alcazar de Marseille où il rencontre celui qui sera son imprésario, Audiffred. En 1944, Paris l’appelle. Juste avant la Libération, il monte sur la scène du Moulin Rouge aux côtés d’Edith PIAF, qui le guide. Très vite, il s’impose, il enregistre.

Son premier disque, Yves Montand Chante… est un carnet de bal à travers le Paris de l’après-guerre, un chapelet de souvenirs et d’instantanés urbains, une promenade dans la France populaire des années 40 et 50. Publié chez Odeon, il s’agit en fait d’un recueil cohérent de plusieurs 45 tours enregistrés entre 1949 et 1952. La guerre est finie, le pays panse ses plaies, le cœur se remet à battre, les rues bruissent à nouveau de vie, et Yves MONTAND, lui, chante.

C’est "Rue Lepic" qui ouvre la marche. Accordéon qui accompagne, MONTAND nous entraine sur les hauteurs de Montmartre, où chaque coin de rue raconte une histoire. Il fredonne la mémoire d’un quartier vivant, tendre et gouailleur. Très vite, l’album devient un carnet de sentiments et de rue, entre mélancolie douce et verve populaire. Puis vient l’amour. "Amour, Mon Cher Amour" se fait chuchotement. Une valse lente et un soupir discret. Une ballade douce, où l’on devine déjà sa sensibilité pour les textes à fleur de peau. Il dit les mots comme on les écrirait à la plume. "Les Mômes De Mon Quartier" a des allures de comptine. La voix se fait douce, attendrie et rieuse. Il devient conteur, évoque les jeux de rues et leurs petits bonheurs, les visages aimés et envolés. Il chante la tendresse avec la justesse d’un témoin qui a vu ce qu’il raconte. À contrario, "C’est À L’aube" introduit une gravité nouvelle, quelque chose de solennel.

Yves MONTAND montre qu’il sait faire sourire et même swinguer. "Grands Boulevards" est une bouffée d’air festif. Un swing à la française, on y sent les brasseries les tables en terrasse, la fantaisie, le pas pressé ou rêveur des passants, c’est Paris qui défile. Il y a, dans cet air-là, une légèreté teintée d’ironie, un écho aux chansonniers et l’orchestration s’anime et se colore. Avec "Dis-Moi, Jo" et "Une Demoiselle Sur Une Balançoire" on prolonge vers la fantaisie. MONTAND s’amuse. Il y a du cabaret, du swing. "Dis-Moi, Jo" est comme une conversation, un dialogue lent, jazzy, des cordes d’un plaisir intense qui font danser les syllabes. Dans "Une Demoiselle Sur Une Balançoire", il raconte, rit, module sa voix, mime presque. Il incarne un personnage, fait vivre la scène. Le piano l’accompagne comme un partenaire de théâtre. Une fanfare surgit par éclats. Il joue et c’est un régal.

Puis l’on tombe sur l’inévitable "Les Feuilles Mortes". Difficile de dire ce qui touche autant dans cette version. Le poème de Prévert est déjà beau. Ici, il est mis en musique par Joseph Kosma et il prend une dimension supplémentaire. MONTAND y ajoute une lenteur presque sacrée. La diction est parfaite. Il chante pour tous les amours passés, chaque mot pèse son poids de souvenirs. Presque un adieu, un automne éternel.
"Actualités" tranche avec le reste. Accompagné simplement d’une guitare, il y observe le monde. Enfin, "Barbara". Poème de Prévert encore, mais cette fois, plus nu encore. Quelques notes, rares, puis la voix seule. MONTAND ne chante pas, il récite, il parle. La pluie tombe à Brest est dans chaque mot, la silhouette de Barbara s’évanouit.

Ce qui frappe dans ce disque, c’est l’équilibre. Entre le chant et le parler. Entre le sourire et la peine. Le populaire se conjugue à la poésie. Autour de lui, une équipe déjà fidèle, dont Bob Castella, son ami et pianiste, qui sera son compagnon de route toute sa carrière. Il y a de la valse, du swing, un peu de jazz, parfois même des accents de cabaret. Mais, tout reste au service de la voix, du texte et de l’émotion. Ce disque est un commencement. Et comme tous bons commencements, il donne envie de suivre l’histoire, disque après disque.

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1. Rue Lepic
2. Amour, Mon Cher Amour
3. Les Mômes De Mon Quartier
4. C’est À L’aube
5. Grands Boulevards
6. Les Feuilles Mortes
7. Dis-moi, Jo
8. Une Demoiselle Sur Une Balançoire
9. Actualités
10. Barbara


             



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