Un an depuis le premier disque officiel d’Yves MONTAND et déjà paraît le second opus, Montand Chante Paris. Le titre dit tout. Il embrasse la ville à pleins bras, et la restitue en chansons comme un peintre ferait une série de croquis en mouvement. Ce disque est un Paris qui vit, qui parle, qui se plaint, qui rit, qui chante. MONTAND le connaît, ce Paris là, il y a chanté, grimpé, de petit bals en grandes scènes.

C’est la valse "Tournesol" qui ouvre la danse. À la fois solaire et ironique, elle installe d’emblée une ambiance de bal musette, une ambiance de quartier. MONTAND y est joueur, le mot y est précis. La musique va et vient, dansante, vivante et vibrante. Avec "Sensationnel", il y a quelque chose de tendre. Il raconte des choses pour le plaisir du panache, accompagner d’un piano tout aussi entraînant. Ça chaloupe, ça danse, ça défile dans les rues, ça fait tourner les refrains. Dans "Fleur De Seine", MONTAND fait une pause avec l’esbroufe. Le rythme ralentit. La Seine devient un décore de mélancolie, une métaphore. Le piano et les cordes glissent comme l’eau, la voix s’adoucit, se fait discrète, toute en douceur.

Les chansons de ce disque sont de véritables scènes miniatures, des petits films d’époque. Avec "Cocher De Fiacre", le temps d’un morceau, MONTAND rend hommage à une figure disparue de la ville, balayée par la modernité. Il le fait dans une évocation tendre, souriante, attendrie. Le piano, jazzy, accompagne cela, et l’on sent presque, au rythme des notes les pavés sous les sabots. À l’inverse, "Cornet De Frites" est un petit bijou d’ironie. Une valse à l’accordéon, simple, mais terriblement efficace. On mâche, on marche, on flâne. MONTAND y est à l’aise comme un poisson dans l’eau. Un peu plus mélancolique, "À Paris" nous offre un joli arrangement musical, une valse à cordes avec un piano tout en octaves, accords répétitifs et arpèges.

Pour "Vel’ D’hiv’", on pourrait s’attendre à une évocation douloureuse, mais, il choisit d’y évoquer le sport, la ferveur populaire. Il y a quelque de chose de très comédie musicale dans cette chanson, un dynamise narratif et musical. Il chante la foule, la vitesse, l’électricité de la piste. Nouvelle valse accompagnée d’un accordéon avec "Le Gamin D’Paris". MONTAND y met toute sa tendresse habituelle. La chanson est vive, joyeuse, attendrissante. C’est un joli portrait collectif. Un final lumineux pour un joli disque humain.

Ici, Yves MONTAND se fait la voix de Paris, fier, avec cette manière de dire les choses, sans pathos, de faire sourire, sans forcer, tout coule, tout paraît parfaitement naturel. On entend les pavés, on voit les reflets sur la Seine, la buée sur les vitres, les petits bonheurs de trottoir. La musique appuie cela avec force fidèle à la chansons française raffinée du premier opus, valse swing, ballade, humour parlé, jazz discret. Avec ce disque, il affirme une esthétique : celle du récit chanté, du quotidien poétisé.