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Yves MONTAND - Rengaine Ta Rengaine (1961)
Par EMMA le 6 Octobre 2025          Consultée 280 fois

1961. Yves MONTAND reste fidèle à ce qu’il incarne : non pas un auteur majeur de la chanson française mais un interprète charismatique, capable de donner chair à chaque mot. Son empreinte, ce n’est pas la plume, mais la voix : une élégance vocale qui sait allier clarté, tendresse et ironie. MONTAND, c’est la chanson française à texte servie avec une allure, une silhouette préférant la caresse des mots mais qui semble glisser entre deux époques, entre les pavés des années 50 et la modernité des années 60. Rengaine Ta Rengaine - titre ironique s’il en est – s’ouvre comme une passerelle : un pied dans la tradition, un autre à l’orée des années soixante, quand les premières secousses yéyé apparaissent.

Un sifflement et le disque s’ouvre avec "La Chansonnette", rien qu’un petit air, dit-il, mais quel air ! Cela commence comme un coup de chapeau à la vie, un salut au passant qui sourit. C’est simple, c’est frais, mais chez MONTAND la simplicité n’est jamais pauvre, elle est art et sous elle se cache l’art du détail. La mélodie épouse la langue avec une souplesse sublime. Elle est bâtie comme une comptine qui aurait grandi. Elle trotte, elle papillonne, avec à pas menus sur une mesure ternaire qui tourne, qui balance, qui flâne, qui swing doucement. Les modulations sont timides, comme des clins d’œil, on part un peu ailleurs, mais on revient vite à la maison. Tout est pensé pour la fluidité, pour que la voix de MONTAND se pose, mi parlée, mi chantée, avec cette nonchalance élégante. Cette ritournelle délicieuse a le chic des choses simples, celle qui font croire que la vie se résume à un refrain et s’inscrit dans la tradition des airs populaires qu’il affectionne tant. Puis l’humeur change. "Mais Si Je N’ai Rien", et voilà MONTAND en funambule sur le fil du doute. Une diction impeccable, une voix caressante. L’accordéon valse doucement, c’est beau et fragile.

La suite du disque nous mène entre horizons lointains et quais familiers. "La Chanson De Bilbao" claque. Le piano sautille en accords des plus simples et l’on s’y laisse emporter et l’interprétation de MONTAND flotte dessus avec aisance frôlant le théâtre dans sa mise en scène entre chanté et parlé. C’est l’exotisme des années 50 un peu kitsch mais infiniment charmant que l’on retrouve plus loin avec "De Shanghai À Bangkok" en moins séduisant. Puis tombe "Il N’y A Plus D’après". L’intro musicale impose le silence et l’on écoute. Si l’album avait une couronne, ce serait ce bijou-là, serti de mélancolie pure. Guy Béart l’a écrite, et MONTAND l’habite. Tout s’effondre doucement, mais ce n’est pas triste, c’est beau. Music-hall à la française muni d’un piano jazzy et de cuivres nostalgique. Toujours music-hall mais dans une vague légèrement yéyé, le titre ironique "Rengaine, Ta Rengaine", elle, relève la tête, s’ébroue et sourit.

Puis vient, "Ma Péniche". On s’y installe comme dans un songe. La Seine passe, lente, sous les ponts. Une péniche glisse, le piano coule des accords répétitifs, un accordéon pleure au loin. MONTAND nous embarque pour une dérive douce, une rêverie au fil de l’eau. Et déjà, la dernière perle : "Trois Petites Notes De Musique". Ah, celles-là, elles vous brisent en douceur. Francis Lai à la partition, Eddy Marnay aux mots. Trois notes pour dire une vie. Trois notes qui tournoient, qui s’échappent d’un piano enfantin et cristallin, s’obstinant, légères et fragiles, à tirer les fils d’un passé défait. MONTAND les effleure, les pose comme des éclats de lumières. C’est d’une simplicité absolue, alors on ferme les yeux pour retenir le murmure des notes, comme si la musique pouvait recoudre le temps.

Ce disque, s’il s’inscrit dans un style music-hall à la française, prend aussi le temps de marcher avec quelques ballades. C’est une promenade, un sourire, tout en séduction. Il condense ce qui fait la grandeur de la chanson française réaliste : la précision du mot, l’intelligence de la mélodie et l’interprète qui transforme chaque titre en petit théâtre : MONTAND malicieux, élégant, flâneur, acteur de la chanson. Un opus qui apparaît comme un refuge.

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1. La Chansonnette
2. Mais Si Je N?ai Rien
3. La Chanson De Bilbao
4. Il N?y A Plus D?apr?s
5. Rengaine, Ta Rengaine
6. Ma P?niche
7. De Shanghai ? Bangkok
8. Trois Petites Notes De Musique


             



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